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Ramadan

Les nouvelles mosquées à l’heure du Ramadan

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Lundi 22 Juillet 2013 à 06:00

           

Fin 2012 et début 2013, de nouvelles mosquées ont été inaugurées, ouvrant ainsi leurs portes aux fidèles juste avant le Ramadan 2013. Durant ce mois sacré, repas conviviaux, prières et conférences rythment journées et soirées. Les nouveaux lieux de culte ne dérogent pas à cette règle.



Chaque année, ceux qui le souhaitent peuvent prendre leur repas de rupture de jeûne (iftar) dans les mosquées, qu’il s’agisse de lieux de culte devenus trop petits en attente de l’ouverture de leur Grande Mosquée, comme ici à Mulhouse, ou des nouveaux lieux de culte flambant neufs inaugurés cette année 2013.
Chaque année, ceux qui le souhaitent peuvent prendre leur repas de rupture de jeûne (iftar) dans les mosquées, qu’il s’agisse de lieux de culte devenus trop petits en attente de l’ouverture de leur Grande Mosquée, comme ici à Mulhouse, ou des nouveaux lieux de culte flambant neufs inaugurés cette année 2013.
Après l’heure d’été, l’heure du Ramadan a enfin débuté après un démarrage quelque peu cacophonique cette année : le 9 juillet pour un tiers des musulmans de France, le 10 juillet pour une très grande majorité (lire les résultats du sondage Saphirnews)

Au cours de ce mois, la soif de spiritualité et l’envie d’évoluer dans un climat de fraternité grandissent chez les musulmans. Cela tombe bien, car les mosquées se mettent à l’heure du Ramadan en proposant aux fidèles de rompre le jeûne ensemble.

En pleine crise économique, ces iftar organisés ont pour mérite de proposer un repas gratuit aux plus démunis, quelle que soit leur religion (ou leur non-religion). Des mosquées fraîchement inaugurées comptent bien participer à cet élan de générosité.

Un budget entre 2 000 et 3 000 €

C’est le cas de la mosquée Assalam, à Nantes, inaugurée en novembre 2012. Celle qui s’affiche comme étant la quatrième mosquée de France, peut accueillir jusqu’à 1 200 fidèles et offre, tout le mois du Ramadan, un repas à ce qui le souhaite.

Si les iftar seront proposés pour la première fois dans le lieu de culte flambant neuf, l’Association islamique de l’ouest de la France (AIOF), qui gère l’édifice, est habituée à offrir un tel service. « Nous préparons des repas collectifs depuis au minimum une dizaine d’années », nous dit ainsi Labidi Boubakeur, un membre du conseil d’administration de l’AIOF. Chaque soir, « entre 150 et 200 personnes » sont accueillies mais, cette année 2013, avec les vacances, l’association estime pouvoir attirer entre 200 et 300 personnes par jour.

« Tout le monde vient. Certains sont non-musulmans », précise M. Boubakeur. Le budget que consacre l’AIOF à ces repas est compris entre 2 000 et 3 000 €*.

La même fourchette est utilisée par l’association Annour, à Orléans, pour l’organisation de tels repas, auxquels participent une centaine de personnes par jour.

Gâteaux au miel et crêpes marocaines

En plus du budget des associations provenant de dons, la générosité des fidèles en nature permet l’élaboration de ces repas. « Beaucoup de fidèles apportent de la nourriture : fruits, légumes, viande, lait… », raconte Labidi Boubakeur de la mosquée de Nantes. Une telle entraide est visible dans toutes les mosquées proposant l’iftar. Une fois, tous les ingrédients réunis, la préparation des plats se prépare soit dans les mosquées qui sont équipées d’une cuisine comme la mosquée Assalam, soit chez les bénévoles.

À Orléans, dans le centre de la France, l’association Annour, qui a pour projet la construction de la mosquée d’Orléans Sud, espérait ouvrir les portes de ce lieu de culte lors de ce Ramadan 2013. « Mais le chantier a pris du retard », nous apprend Mustapha Ettaouzani, le vice-président de l’association.

Cette année encore, l’association devra donc louer une tente provisoire pour pouvoir faire face à l’affluence des fidèles, qui sont « entre 1 000 et 1 200 » durant ce mois. Chacun pourra profiter d’un repas copieux. « Soupe traditionnelle tous les soirs, gâteaux au miel, pains faits maison, beignets, crêpes marocaines, lait » sont proposés.

Un mois de spiritualité

Les douceurs orientales sont aussi au rendez-vous des repas offerts par la Grande Mosquée de Strasbourg. Chaque année, entre 250 et 300 personnes par soir bénéficient de ces plats. Le budget consacré à leur élaboration est conséquent. « Nous avons une enveloppe comprise entre 40 000 et 60 000 € », fait ainsi savoir Saïd Aalla le recteur de la mosquée.

À Strasbourg, l’organisation des iftar est rôdée. « On installe un chapiteau sur l’esplanade. Les bénéficiaires des repas sont des personnes isolées, des gens de passage, généralement des personnes qui vivent seules, n’ont pas les moyens et qui profitent de cette générosité et de cette convivialité pour se retrouver entre amis et partager un repas », commente le recteur qui précise qu’il y a également « des étudiants et occasionnellement des familles ».

Si la mosquée a ouvert ses portes durant deux mois du Ramadan 2012, cette année 2013 est particulière car il s’agit du premier mois de jeûne après l’inauguration officielle du lieu de culte en septembre 2012, en présence du ministre de l’Intérieur Manuel Valls.
Par ailleurs, « le programme du Ramadan comme chaque année est rythmé par des veillées nocturnes, des prières nocturnes et des prêches », ajoute le recteur.

Ce mois est l’occasion, pour de nombreux musulmans, de renforcer leur spiritualité.
À Clichy, en région parisienne, dans la toute nouvelle mosquée, officiellement inaugurée le 7 juillet 2013, des conférences sont prévues « les vendredis, samedis et dimanches dans la journée », indique Mourad Bouchetara, le président de la Fédération des associations musulmanes de Clichy (FEDAM).

Nombreuses sont les mosquées, comme ici à Orléans, qui organisent une collation après la prière de l'Aïd al-Fitr, qui vient clore le mois de Ramadan durant lequel les fidèles ont investi leurs lieux de culte en invocations, conférences, le jour, et prières de tarâwîh, la nuit.
Nombreuses sont les mosquées, comme ici à Orléans, qui organisent une collation après la prière de l'Aïd al-Fitr, qui vient clore le mois de Ramadan durant lequel les fidèles ont investi leurs lieux de culte en invocations, conférences, le jour, et prières de tarâwîh, la nuit.

Des collectes fructueuses

Mais « nous n’avons pas encore décidé si nous proposerons les iftar tous les jours de la semaine ou une partie de la semaine », nous précisait fin juin M. Bouchetara, qui note que cela demande « un travail de titans ».

Après réflexion, les responsables de la mosquée de Givors (Rhône), inaugurée en mai dernier, ont d’ailleurs décidé de ne pas proposer de repas pour l’iftar et se contenter de « dourous » (cours religieux). « On n’a pas les moyens et pas de cuisine. Pour cette année, il va être difficile de mettre cela en place. On l’espère pour l’année prochaine », explique Abdelhamid Kisrane, le président de l’association Iqra, qui gère le lieu de culte, d’une capacité de 1 365 personnes.

Iqra, qui organise chaque année, depuis 4 ans, un grand dîner d’iftar, « une soirée pour tous, une chorba pour tous », ne renouvellera pas non plus cette opération à laquelle sont invités « les officiels locaux et les représentants de pays musulmans ». « Le contexte n’est plus le même. Avant, on avait un objectif : la construction d’une mosquée. Maintenant ce n’est plus le cas », explique M. Kisrane. « À présent, la Grande Mosquée doit être gérée », estime-t-il.

Proposer des repas tous les soirs du Ramadan tout en gérant un grand lieu de culte requiert, en effet, une organisation en amont et un budget conséquent. À la mosquée Assalam de Nantes, on fait d’ailleurs remarquer que le passage d’un petit lieu de culte à une Grande Mosquée coûte « très cher », notamment en ce qui concerne les factures de chauffage et d’électricité.

Des dons plus importants des fidèles sont alors attendus. À Orléans, le projet de l’association Annour nécessite encore 500 000 € pour une mosquée dont le coût est de 1,9 million d’euros et qui pourra accueillir jusqu’à 2 000 fidèles. L’an dernier, lors du Ramadan, 430 000 € avait été collectés, fait savoir le vice-président de l’association, qui a l’espoir de collecter autant durant ce mois de Ramadan 2013.

Cela n’est pas impossible car, lors du mois de jeûne, les collectes sont très fructueuses.
Une bonne occasion s’offre ainsi à l’Association des musulmans d’Alsace (AMAL), qui porte le projet de la Grande Mosquée An-Nour, à Mulhouse, en chantier depuis 2009. Depuis « au moins 10 ans », des iftar sont proposés dans le lieu de culte actuel devenu trop petit. Une centaine de personnes par jour, vient s’y restaurer

À Mulhouse, le mois particulier du Ramadan se termine par une fête « en plein air » dans un square avec des « jeux pour enfants, des spectacles et un espace de restauration » à l’occasion de l’Aïd al-Fitr, qui, cette année, aura lieu le jeudi 8 août, si l’on en croit les calculs astronomiques. En espérant que la fin du mois de Ramadan sera plus unitaire qu'il ne l'a commencé...

* Le budget de la mosquée Assalam est en fait de 15 000 € nous précise Abdelkhalek Chadli, le président de l'Association Islamique de l'Ouest de la France (AIOF).






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