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Psycho

Wadia : « Mon mari veut que j’avorte, mais je crains Allah »

Rédigé par Abdelnour Zahrali | Vendredi 30 Mai 2025

           


Je suis une maman de 38 ans et j'ai trois garçons. Je viens d'apprendre que je suis enceinte, c'est le début. Mais mon mari veut que j’avorte, que je ne dise rien à personne et que je ne garde pas ce bébé.

Moi, je crains Allah car c'est un péché et parce que le Jour du Jugement, le bébé me demandera pourquoi on l’aura tué… J'ai aussi peur de cette grossesse, j'ai peur d'accoucher, j'ai peur de le porter et de partager la place dans mon ventre. Comment vais-je faire ?

J'ai récemment appris que j'ai des problèmes d'acidité d'estomac, que c’est un peu grave. Or si ces problèmes empirent, je crains pour ma vie. Ces derniers jours, je suis tombée sur des posts de femmes enceintes, d'histoires qui m’ont fait peur... À chaque fois, je me demande pourquoi je vois cela.

Faites des douas (invocations) pour moi, je souffre énormément. Bien sûr, je place ma confiance en Allah. Je ne sais pas qui va recevoir cette lettre mais j'espère qu'il y aura une personne de sagesse qui me répondra par la grâce d'Allah.

Abdelnour Zahrali, psychanalyste

Chère Wadia,

La question que vous apportez comporte plusieurs aspects :

- Votre mari vous demande de taire votre grossesse et d’avorter discrètement.
- Vous craignez Allah et pensez qu’avorter est un péché qui fait que vous aurez des comptes à rendre au Jour du Jugement.
- Vous ressentez de la peur à l’idée de porter un nouvel enfant et de le mettre au monde.
- Vous avez par ailleurs des problèmes de santé qui vous inquiètent sérieusement.
- Les réseaux sociaux alimentent votre angoisse.

Tout d’abord, avez-vous consulté une sage-femme par exemple afin de vérifier si vos problèmes de santé sont compatibles avec une grossesse et un accouchement ? Dans le cas où votre grossesse causerait un risque important pour votre santé, il semble que les conseils des médecins et les décrets religieux auraient tendance à converger vers la possibilité d’un avortement thérapeutique. Si votre grossesse ne présente pas de risque pour votre santé, vous pourrez donc vous rassurer sur ce point.

Le souhait de votre mari de ne pas garder cet enfant et votre peur de cette grossesse vous rapprochent d’une certaine manière. Tandis que sa demande et votre respect du point de vue religieux à propos de l’avortement vous éloignent.

Autrement dit, dans le cas où votre grossesse ne présente pas de risque, votre décision de vous soumettre à l’interdiction religieuse de l’avortement vous met dans une position inconfortable à l’égard de votre mari et aussi à l’égard de votre propre peur. Face à cela, il se trouve le confort qui consiste à agir en fonction de ce que vous dit votre conscience. Vous seule pouvez décider. Il s’agit de votre foi, de votre conscience, de votre corps, et de l’embryon qui s’y trouve.

Au sujet des réseaux sociaux tels Instagram ou TikTok, il faut savoir qu’ils fonctionnent avec des algorithmes qui peuvent très facilement déduire de ce que vous y consultez, ainsi que de vos conversations, que vous êtes enceinte. Là, ils vous suggèrent des contenus en rapport avec la grossesse, comprenant même rapidement à quel stade vous vous trouvez. Et comme le but des réseaux sociaux est de mobiliser votre attention pour que vous y restiez le plus longtemps et le plus souvent possible, ils privilégient les suggestions angoissantes, qui mobilisent davantage votre intérêt, le cerveau est ainsi fait. Vous pouvez indiquer dans les paramètres de vos réseaux sociaux les mots-clefs que vous ne voulez pas voir apparaître, mais comme ils parviennent toujours à contourner ces limitations, le mieux est probablement de les désinstaller tout simplement, au moins pour la période où vous avez besoin de sérénité.

Je vous souhaite de retrouver la paix en votre cœur, de sorte à pouvoir prendre les décisions qui seront les meilleures pour vous.


La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com




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