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Ramadan

Ramadan : un mois pour se préparer !

Rédigé par Assmaâ Rakho-Mom | Lundi 17 Juin 2013 à 00:00

           

Tous inégaux devant le jeûne ? Qu’il soit religieux ou thérapeutique, ce qui est sûr, c’est qu’il se prépare en amont. Certains vont identifier les risques encourus. D’autres, les conséquences attendues.



Ramadan : un mois pour se préparer !
Selon un sondage IFOP paru en août 2009, 70 % des musulmans de France affirment observer le jeûne du ramadan. Un chiffre global qui ne dit rien des pratiques particulières. Car s’ils sont effectivement 70 % à jeûner, les musulmans de France n’observent pas ce pilier de l’islam dans les mêmes conditions. Une femme enceinte prend des dispositions autres que celles qui sont prises par une femme qui travaille.

La santé, l’état d’esprit de chacun ou encore le lieu où l’on se trouve sont autant de variables à prendre en compte. Chacun, selon son cas, se prépare en conséquence.

Et n’oublions pas que le mois de ramadan tombe cette année en plein été. Une donnée non négligeable, qui aura également ses effets.

Attendre bébé et jeûner

Samira, 33 ans, manager, sera enceinte de neuf mois au mois d’août. Elle « ne compte pas jeûner ». Son médecin lui « a déconseillé en raison des risques de déshydratation » et de ses « antécédents de santé ». Il y a quatre ans, la jeune femme avait jeûné en étant enceinte de quatre mois. Un imam le lui avait pourtant déconseillé. Mais « cela n’a pas été du tout difficile », selon elle.

En islam, une femme enceinte peut, elle seule, décider si elle est en mesure d’observer le jeûne ou pas. Les jours manqués devront néanmoins être rattrapés avant l’avènement du mois de ramadan suivant. Et comme il n’est rien de mieux que d’être aidé dans ses choix, un avis médical s’impose.

Car « pour les femmes enceintes il vaut mieux ne pas dépasser un grand maximum de 12 heures sans boire » et il faut veiller à « stocker dans son organisme une importante provision d’eau, grâce notamment aux bouillons et aux soupes épaisses », conseille le Dr Alain Delabos, auteur de La Chrononutrition, spécial ramadan (Albin Michel, 2007). Une femme enceinte doit « cesser immédiatement le jeûne en cas de malaise ou de signes de déshydratation intense, ne surtout pas faire de sport, ne pas s’exposer au soleil, faire une sieste en milieu de journée, ou au moins rester à l’ombre et dans un endroit frais », rappelle encore le médecin.

Diabète, jeûner est risqué

Mais les malades les plus à risques sont les diabétiques. Sur ce sujet, « une conférence de consensus a eu lieu à Casablanca en 1995, réunissant des savants musulmans et des médecins », rapporte le Dr Aziz Chaib, membre de l’Association médicale Avicenne de France (AMAF). Une conférence qui a abouti à l’interdiction du jeûne chez les patients diabétiques de type 1 (insulino-dépendants), de type 2, non insulino-dépendants mais non équilibrés.

En revanche peuvent jeûner les diabétiques non insulino-dépendants stables et bien équilibrés ainsi que ceux ne présentant pas de risques de « complications dégénératives ». « Chaque cas doit être jugé de façon individuelle », souligne tout de même le Dr Chaïb, et « toute personne diabétique qui désire jeûner doit en informer son médecin et suivre les directives de ce dernier ».

Sida, un jeûne à surveiller

Autre traitement, autre pathologie : le sida. Comment jeûne- t-on quand on est porteur du VIH sida ? « Cela va dépendre de l’état de santé global », explique le Dr Michel Ohayon, coordinateur médical à Sida info service. « Si l’immunité est altérée (CD4 < 350), le jeûne peut fragiliser. La question se pose moins si la phase sida est ancienne et que l’immunité est redevenue correcte. L’avis du médecin est nécessaire pour pouvoir prendre la décision la plus adaptée à la situation. »

Pour Reda Sadki, responsable et présentateur de l’émission « Survivre au sida », certains séropositifs « veulent montrer qu’ils sont comme les autres » et jeûner quoi qu’il en coûte. « Sur le plan médical, il n’y a à priori pas de contre-indication : tout dépend de l’état de santé », précise-t-il.

Jeûner sous serment

Retrouver une sérénité ! C’est justement ce vers quoi tendent ceux qui perçoivent l’arrivée du mois de ramadan comme celle d’un nouveau départ. Les bonnes intentions sont alors légion. Leur mise en œuvre autrement plus fastidieuse, voire aléatoire.

Il y a ceux qui se sont promis de profiter de l’abstinence qu’impose le jeûne pour arrêter le tabac. Karim, 34 ans, secrétaire médical, est de ceux-là. Pour lui, ne plus fumer sera cette année « relativement plus facile », car il « prépare le terrain depuis un mois en réduisant sa consommation et, de fait, sa dépendance ».

Il y a ceux aussi qui ont juré qu’on ne les y reprendrait pas : cette année, coûte que coûte, les jours manqués seraient rattrapés en temps et en heure ! Myriam, 46 ans, sans profession, s’est promis qu’à compter de ce mois de ramadan elle ferait « encore plus de bien à ses proches ». En attendant, la jeune femme jeûne « quelques jours chaque début de mois » pour rattraper les jours manqués l’an passé.

Pour beaucoup, cependant, le rattrapage est judicieusement planifié durant les journées d’hiver, plus aisées pour le jeûne puisque plus courtes.







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