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Culture & Médias

Kenza Farah aurait-elle arnaqué le Silence des mosquées ?

Les bons comptes font les bons amis

Rédigé par Samia Falzione | Lundi 17 Mai 2010 à 20:39

           

« Karismatik ne nous a pas payés ! » L'affaire remonte à 2007. Signant avec Le Silence des mosquées, Karismatik (le label qui produit Kenza Farah) n'aurait, selon le groupe de chanteurs, pas honoré son contrat, en reprenant leur morceau « Cris de Bosnie » dans l'album de la toute fraîche chanteuse. Un morceau qui aurait contribué, gratuitement, au succès de la jeune Marseillaise.



Copie d'écran d'une vidéo tournée pour un live de Kenza Farah chantant « Cris de Bosnie », avec deux membres du Silence des mosquées, sur Skyrock.
Copie d'écran d'une vidéo tournée pour un live de Kenza Farah chantant « Cris de Bosnie », avec deux membres du Silence des mosquées, sur Skyrock.
« Ô, cris de Bosnie... » Qui ne se souvient de la jeune Kenza Farah prêtant sa mélancolique voix au morceau du groupe Le Silence des mosquées ,« Cris de Bosnie » ?

Postée sur son Skyblog, la vidéo de l'étoile naissante du hip-hop français sera écoutée par plus de 1,8 million de curieux. Le succès est là. Repérée par Karismatik, la chanteuse marseillaise enchaîne alors albums et tournées, en compagnie de son manager (qui deviendra par la suite son mari), le très charismatique Abdel Bakhti, fondateur du label.

Sollicité pour son premier album, le groupe du Silence des mosquées (créé en 1992 par un groupe de six amis, en Bourgogne), aurait autorisé − sous contrat − la reprise de son morceau par la chanteuse. « Cris de Bosnie » passe alors sur les ondes − chose improbable il y a dix ans ! −, se retrouvant alors chantonné par de jeunes fans, répétant inlassablement ces quelques mots, « La ilaha illa lah », imitant la voix pleine d'amertume de l'artiste féminine...

Après les tournées, la désillusion

L'étoile montante du hip-hop français le sait, c'est en partie au Silence des mosquées qu'elle semble devoir son succès.

Alors que celle-ci effectuait sa traditionnelle tournée des médias pour la promotion de son album, en mars 2007, c'est sur le plateau de Skyrock qu'elle aurait rencontré pour la première fois le groupe d'artistes musulmans. Kenza Farah les aurait alors invités à se produire avec elle sur scène pour sa première tournée hexagonale, le 18 mai, à Paris, à La Cigale (voir la vidéo), et à Marseille, le 23 mai, au Moulin.

L'invitation sonne comme une reconnaissance pour le groupe du Silence des mosquées, et Kenza Farah fait salle comble. Le soleil est au beau fixe pour la Marseillaise... pas pour Kader et ses amis, qui, une fois la prestation – gratuite – terminée, ne se seraient pas vu rembourser les frais de défraiement.

Les cinq amis espèrent encore voir pointer le fruit financier de leur collaboration. Selon eux, au moins 200 000 albums auraient été vendus. « Au bout de quelques mois, on a senti l'arnaque », témoigne le chanteur.


Une affaire de 30 000 euros

Criant à l'« escroquerie », le groupe fait appel à la justice. « Nous en avons eu pour 800 euros de frais pour consultations juridiques et 2 000 euros pour nos démarches auprès du procureur. » Ils découvrent avec stupeur que la société a fait « un dépôt de bilan », que ses comptes auraient été « transférés sur un autre compte », sous « un autre nom, introuvable »...

Avec leur avocat, ils estiment le montant des seuls royalties à 30 000 euros, en s'aidant des chiffres d'autres albums tirés au même prix de gros et au même nombre d'exemplaires, Karismatik ne leur ayant, selon eux, laissé aucune trace chiffrée de son succès…

« On a tout essayé »

« Nous avons fait toutes les démarches possibles, envoyé des lettres en recommandé à Abdel (le manager de Kenza Farah, ndlr) et, pour toute réponse, voici ce qu'il nous a répondu : ''On ne vous doit pas 30 000 euros, je vais m'occuper de vous, bande de chiens'' », déplore le groupe. « On en a marre, on nous a pris pour des abrutis. »

Quant à savoir si Kenza Farah est de mèche avec son manager et désormais époux, « sans aucun doute », répond-il. « Comment croire à une liquidation judiciaire de la boîte, alors même qu'ils s'apprêtent à sortir un nouvel album, en septembre ? », s'interroge-t-il, sceptique.

Nous avons voulu en savoir plus auprès du manager de Kenza Farah. Elle qui déclarait dans une interview accordée à Saphirnews, en 2009 : « "Cris de Bosnie" est une chanson que mes parents m’ont fait découvrir et que j’apprécie énormément. J’assume mes convictions religieuses et j’ai parfois besoin d’en parler dans mes textes. (...) C’est ma foi qui me fait avancer dans la vie. Mes albums me représentent : je n’aurais pas été entière et authentique si j’omettais de parler de l’islam. »

Joint par Saphirnews, l'intéressé, Abdel Bakhti, répond par un courriel : « Je ne vais pas polémiquer là-dessus mais ils sont totalement dans le faux, (...) c'est pas grave, Dieu leur rendra, ils sont beau cas faire de beaux discours », avant de nous laisser un numéro de téléphone... injoignable. Malgré nos relances par téléphone et par mail effectuées plusieurs semaines durant auprès du manager pour en savoir plus, silence radio...

L'art continue son chemin

Depuis trois ans qu'il réclame son dû, le légendaire Silence des mosquées, qui a bercé l'enfance de nombreux musulmans de France, ne compte cependant pas lâcher l'affaire, et menace, sur son site Internet, de publier une vidéo expliquant l'escroquerie dont il s'estime avoir été victime.

En attendant, chacun poursuit son bout de chemin.
Kenza Farah voit l'avenir en rose : intitulé « Trésor », son prochain album (le troisième) est prévu dans les bacs pour septembre 2010. De leur côté, les cinq compères du SDM sont, eux aussi, en plein enregistrement et prévoient la sortie de leur cinquième album pour le Ramadan 2010, au plus tard en septembre. « Nous sommes aujourd'hui plus aguerris », prévient l'un des chanteurs...







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