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Monde

Gaza : la « légitime défense » d’Israël revendiquée pour légitimer un massacre

Rédigé par Hanan Ben Rhouma et Christelle Gence | Vendredi 1 Août 2014 à 14:43

           

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), le Consistoire central, le Fonds social juif unifié ou encore l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), le B’nai Brith… tous ont voulu marquer d’une pierre blanche leur soutien inébranlable à Israël à l’heure d’une intensification de ses frappes contre la bande de Gaza qui ont fait plus de 1 500 morts. Saphirnews, fidèle au terrain, s’y est rendu pour constater les discours qu'on résumera en un « Béni soit Israël ». Quoi qu'il en coûte pour les Palestiniens.



Gaza : la « légitime défense » d’Israël revendiquée pour légitimer un massacre
Pour se rendre au rassemblement pro-israélien en plein Paris organisé par le CRIF, il fallait montrer patte blanche. Comprenez, certains membres de la rédaction, tout autant journalistes qu’ils sont, n’auraient pas pu s’y rendre à raison de leur apparence sans au mieux être rembarrés, au pire… laissons l’imagination parler. C'est le mode discret que Saphirnews a choisi pour espérer assister à la mobilisation : mission réussie. Un important dispositif policier, aidé du Service de protection de la communauté juive (SPCJ), a été déployé dans le quartier de l’ambassade d’Israël, sous haute surveillance, pour ne rien laisser au hasard. Et cela commence avant même la sortie du métro Franklin-Roosevelt où des forces de l’ordre sont postées. La sortie prise, direction avenue de Matignon : elle est noire de monde.

Pour une première auquel Hassen Chalghoumi a participé (sans blague), la manif est une réussite, dont les partisans d’Israël ne sont pas peu fiers. Parmi les personnalités, on citera Roger Cukierman, Haïm Korsia, Michel Gugenheim, Joël Mergui, Yossi Gal, Arno Klarsfeld, Isabelle Balkany... ou encore Claude Goasguen.

A lire l’appel à manifester du CRIF et les slogans affichés pendant l’événement devant l’ambassade d’Israël, le message était clair. Pour les organisateurs et les 4 500 à 7 000 participants au rassemblement, l'Etat hébreu, confronté au terrorisme du Hamas, a le droit de se défendre. Un droit auquel les Palestiniens, réduits au seul Hamas, ne peuvent visiblement pas se prévaloir à leurs yeux.

Se focaliser sur le Hamas pour mieux oublier les Palestiniens

Parler du Hamas, rien que du Hamas, tel était le mot d’ordre − respecté − en cette fin d’après-midi ensoleillée. Ainsi, les pancartes qui revenaient le plus souvent, la plupart fournies par le CRIF, proclamaient : « Tous unis face au terrorisme » et « Israël légitime défense ». Des « Hamas terroristes » étaient aussi disséminés, avec quelques « Hamas assassins ». « Israël a tué 160 enfants palestiniens pour construire des tunnels de la terreur », « civils = boucliers humains du Hamas », « La vie de civils vous intéresse vraiment ? Montrez le vrai visage du Hamas », pouvait-on lire des banderoles et autres pancartes artisanales élaborées par les manifestants eux-mêmes, à qui étaient adressés des extraits de la charte du mouvement palestinien prônant la destruction d’Israël.

Certains slogans ou pancartes se voulaient prétendument humoristiques comme « Plus de houmous, moins de Hamas » ; d’autres étaient bien plus virulentes. Les réseaux sociaux ont propagé une photo : celle d’un panneau sur lequel « islam » est inscrit avec une croix gammée en remplacement du « s » : l’expression d’une islamophobie que nous n’aurons pas constatée par nous-mêmes. Les services de sécurité, présents en très grand nombre, l’ont probablement rapidement fait disparaître. D'ailleurs, aucun incident n'a été relevé. Les militants de la LDJ, qui avaient promis une présence, n'ont pas manqué à leur parole mais ont été (inhabituellement) discrets.

Gaza : la « légitime défense » d’Israël revendiquée pour légitimer un massacre

Les chants d’amour d’une France fidèle à Israël

Les organisateurs ont le soutien de l’Elysée et de Matignon pour acquis : ils ont tout du long associé la France à Israël dans leur combat. Drapeaux israéliens et français étaient distribués par le CRIF, de même que des pancartes « Pour la France, pour Israël, contre le terrorisme » ou « Français unis contre le terrorisme ».

Entre deux Marseillaises, la prière pour la France, traditionnellement prononcée les samedis matins dans les synagogues consistoriales, a été prononcée par le grand rabbin de France Haïm Korsia. Après la minute de silence et les prières, quand quelques « Israël vivra, Israël vaincra » et « Am Israël haï » (« Le peuple d’Israël vivra ») se sont élevés dans la foule, ils sont aussitôt couvert par des « La France avec Israël » sortis des haut-parleurs.

Les victimes de Gaza délibérément oubliées

Rien ou presque, en revanche, en faveur des victimes de Gaza. Elles ont officiellement été associées à la minute de silence, respectée pour « toutes les victimes de ce conflit ». Un psaume « à la mémoire de tous les défunts » a été prononcé par le grand rabbin de Paris, Michel Gugenheim. Mais seuls les noms des Israéliens morts − 63 des 66 morts sont des soldats − ont été énumérés. Aucune condamnation, ne serait-ce que sur la disproportion des attaques d’Israël contre l’enclave palestinienne, n’aura été entendue.

D’aucuns parmi les organisateurs, le CRIF en tête, fustigent « l’importation du conflit israélo-palestinien »… sauf quand elle va dans leur sens, celui d’un soutien inébranlable à la politique belliciste d’Israël que les partisans d’une paix juste et durable ne peuvent cautionner. Ces derniers sont appelés à manifester, samedi 2 août, dans la capitale.





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