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Sur le vif

Massacres à Gaza : Dominique de Villepin appelle à des sanctions contre Israël

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 1 Août 2014 à 06:05

           


Dominique de Villepin
Dominique de Villepin
Les voix à droite de l’échiquier politique sont éteintes quand il s’agit de condamner les massacres à Gaza des suites de l’opération israélienne « Bordure protectrice ».

Dominique de Villepin, lui, se mouille dans une tribune magistrale parue au Figaro jeudi 31 juillet. « Lever la voix face au massacre qui est perpétré à Gaza, c'est aujourd'hui, je l'écris en conscience, un devoir pour la France » : c’est ainsi que commence l’ancien ministre des Affaires étrangères et ex-Premier ministre sous la présidence de Jacques Chirac.

Le soutien unilatéral formulé par François Hollande à Israël dans son premier communiqué concernant le conflit a choqué les partisans d’une paix juste et durable au Proche-Orient, de même que l'abstention de la France lors du vote à l’ONU pour l’ouverture d’une enquête internationale sur les crimes perpétrés à Gaza. Dominique de Villepin l’a été tout autant : « Comment comprendre aujourd'hui que la France appelle à la "retenue" quand on tue des enfants en connaissance de cause ? Comment comprendre que la France s'abstienne lorsqu'il s'agit d'une enquête internationale sur les crimes de guerre commis des deux côtés ? Comment comprendre que la première réaction de la France, par la voix de son président, soit celle du soutien sans réserve à la politique de sécurité d'Israël ? », écrit-il.

Plusieurs vérités exposées contre Israël

« Nous ne construirons pas la paix sur des mensonges », dit-il avant d’asséner trois vérités, la première consistant à dire qu’« il n'y a pas en droit international de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l'occupation et encore moins un droit au massacre. (…) La sécurité telle que la recherche aujourd'hui Israël se fait contre la paix et contre le peuple palestinien ».

« Il y a une deuxième vérité à dire haut et fort : il ne saurait y avoir de responsabilité collective d'un peuple pour les agissements de certains. Comment oublier le profond déséquilibre de la situation, qui oppose non deux États, mais un peuple sans terre et sans espoir à un État poussé par la peur ? », lance-t-il ensuite. « On ne peut se prévaloir du fait que le Hamas instrumentalise les civils pour faire oublier qu'on assassine ces derniers, d'autant moins qu'on a refusé de croire et reconnaître en 2007 que ces civils aient voté pour le Hamas, du moins pour sa branche politique. »

« Troisième vérité qui brûle les lèvres (…) : oui il y a une terreur en Palestine et en Cisjordanie, une terreur organisée et méthodique appliquée par les forces armées israéliennes. (…) Je ne peux accepter d'entendre que ce qui se passe en Palestine n'est pas si grave puisque ce serait pire ailleurs », déclare l’avocat de 60 ans.

Sanctionner Israël pour sa folie meurtrière

« Il n'y a pas de partenaire en Palestine car les partisans de la paix ont été méthodiquement marginalisés par la stratégie du gouvernement d'Israël. (...) Il n'y a plus de partenaire pour la paix en Israël car le camp de la paix a été réduit au silence et marginalisé. (…) Il n'y a plus non plus de partenaire sur la scène internationale, à force de lassitude et de résignation », constate-t-il, désespéré « de la diplomatie du carnet de chèques de l'Europe qui se borne à payer pour reconstruire les bâtiments palestiniens qui ont été bombardés hier et le seront à nouveau demain, quand les États-Unis dépensent deux milliards de dollars par an pour financer les bombes qui détruisent ces bâtiments ».

« Le premier outil pour réveiller la société israélienne, ce sont les sanctions. Il faut la placer devant ses responsabilités historiques avant qu'il ne soit trop tard », proposant le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU d'« une résolution condamnant l'action d'Israël, son non-respect des résolutions antérieures et son non-respect du droit humanitaire et du droit de la guerre ».

Placer la Palestine sous protection internationale

« Le deuxième outil, c'est la justice internationale. L'urgence aujourd'hui, c'est d'empêcher que des crimes de guerre soient commis. Pour cela, il est temps de donner droit aux demandes palestiniennes d'adhérer à la Cour pénale internationale (…). C'est une manière de mettre les Territoires palestiniens sous protection internationale », appuie Dominique de Villepin. L’Autorité palestinienne a déclaré cette semaine sa volonté d’adhérer à la CPI pour poursuivre Israël.

« Le troisième outil à la disposition de la communauté internationale, c'est l'interposition. À défaut de pouvoir négocier une solution, il faut l'imposer par la mise sous mandat de l'ONU de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem Est, avec une administration et une force de paix internationales », propose enfin l’ex-ministre, voyant en cette solution un moyen de « renouer le dialogue interpalestinien et de garantir des élections libres sur l'ensemble de ces territoires. Forte de ces résultats, elle appuierait des pourparlers de paix avec Israël en traçant les grandes lignes ».

« Une seule injustice tolérée suffit à remettre en cause l'idée même de la justice », conclut-il. Voilà qui est dit. Ainsi fait, il met aussi bien la France qu'Israël, comme l'ONU, devant leurs responsabilités.






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