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Politique

Voile intégral : L'Assemblée nationale se prépare à voter, l'UMP dévoile ses bons sentiments

Rédigé par Leïla Belghiti | Mercredi 7 Juillet 2010 à 00:30

           

Une coïncidence de calendrier, faut-il croire. Nicolas Sarkozy et Eric Woerth (ex-trésorier de l'UMP et actuel ministre du Travail) peuvent enfin espérer un peu de répit. C'est bien une ambiance houleuse qui régnait mardi soir à l'Assemblée nationale, où se discutait le projet de loi sur le voile intégral dans l'espace public en France. De vifs échanges ont animé le débat entre la majorité et l'opposition.



Voile intégral : L'Assemblée nationale se prépare à voter, l'UMP dévoile ses bons sentiments
Le groupe socialiste, qui plaide pour une « interdiction limitée aux services publics et aux commerces », a déposé comme prévu sa motion de rejet du projet visant l'interdiction générale et absolue du port du voile intégral dans l'espace public, mais ils n'entendent pas « faire obstacle » au vote de cette loi : ils ne participeront donc pas au vote, à l'exception des députés PS Manuel Valls et Jean-Michel Boucheron, qui voteront pour le texte.

S'exprimant sous les huées des élus de l'opposition, le député PS présent, Jean Glavany s'est dit « étonné » que l'Assemblée nationale s'attarde tant sur un pareil sujet, « comme s'il n'y avait pas plus important pour les Français », « la préoccupation des Français, c'est la crise économique et sociale, le chômage, la retraite » s'emporte-t-il. « C'est la suite logique du débat détestable sur l'identité nationale », « ce n'est pas bon pour le consensus républicain », regrette le député, qui insiste sur l'impossibilité juridique d'une telle loi, avant d'appeler à rejeter le projet du gouvernement.

Les bons sentiments du gouvernement

Une diatribe qui ne sera pas du goût de la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie : « Réaffirmer nos valeurs, c'est également essentiel », réplique-t-elle.

Balayant rapidement les soupçons d'un rejet par la Cour constitutionnelle, l'opposition s'est évertuée sur le terrain philosophique.

Le voile intégral est donc, selon Jean-Paul Garraud, le symbole du « refus de toute forme de civilité et a fortiori de fraternité », avance le député UMP, tout en précisant qu'« aucune religion n'est mentionnée dans le projet de loi », et, évoquant la possibilité juridique d'une telle loi, J.-P. Garraud assure par ses bons sentiments que « c'est en pensant à elles (les femmes qui portent le voile intégral, ndlr) que je suis prêt à prendre tous les risques ».

Il faut les « libérer malgré elles », soutient sans ambages Bérangère Poletti, vice-présidente de la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, pour qui le voile intégral n'est que le « fruit pervers d'un lavage de cerveau ».

« Les islamistes testent la République », assure, quant à lui, le chef de file UMP Jean-François Copé, et « c'est dans cet esprit que nous voterons la loi ». Mais alors, s'agit-il, ou non, d'une religion dans cette histoire (sic !) ?

Pour Noël Mamère, sans aucun doute, oui. « L'islamophobie est devenue le thème porteur d'une droite qui va mal », analyse le député Verts, qui participera avec son groupe à la votation, en s'exprimant contre le projet de loi.

Un débat qui a duré un an

Les débats mobiliseront l'hémicycle mercredi 7 et sans doute jeudi 8 juillet. Le vote aura lieu le 13 juillet.

Le texte, préparé par la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, prévoit d'interdire le port du niqab (appelé désormais aussi « burqa », en nécessaire référence à l'imaginaire afghan...) dans tout l'espace public, sous peine d'une amende de 150 euros et/ou d'un stage de citoyenneté. Une personne obligeant une femme à se voiler sera passible d'un an de prison et de 30 000 euros d'amende. La loi entrerait en vigueur en printemps 2011.

Le Conseil Français du culte musulman s'est positionné, à l'instar de la majorité des citoyens de confession musulmane, contre le port du voile intégral, qui n'est pas, selon lui, une prescription religieuse, mais s'est prononcé également contre le projet de loi, qui stigmatise une fois de plus une communauté qui en voit, ces dernières années, de toutes les couleurs.






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