
Du fait de l'image sulfureuse que Bruno Retailleau dégage auprès des musulmans, la dizaine de participants du Forum de l'islam de France (Forif), invités mardi 4 février à la réunion informelle avec le locataire de la Place Beauvau pour préparer la prochaine séance plénière, ne savaient vraiment pas à quoi s'attendre.
« On était inquiets du fait ce qu'il avait pu dire sur l'islam et les musulmans », nous confie un participant. Mais de l'avis de plusieurs d'entre ceux interrogés par Saphirnews, c'est un ministre de l'Intérieur « à l'écoute », « intéressé » par les sujets, qui s'est présenté à eux. Une « bonne surprise » de prime abord, d'autant que Bruno Retailleau a confirmé l'intérêt de maintenir le Forif comme l'espace de réflexion et de discussion entre les acteurs musulmans et les pouvoirs publics. Son lancement en 2022 sous l'ère Darmanin, et avec la bénédiction de l'Elysée, signait alors, pour l'islam de France, « le début d’un nouveau chapitre » enterrant le Conseil français du culte musulman (CFCM) de son rôle d'interlocuteur privilégié de l'Etat, après quasi deux décennies marquées par des luttes intestines entre fédérations.
« On était inquiets du fait ce qu'il avait pu dire sur l'islam et les musulmans », nous confie un participant. Mais de l'avis de plusieurs d'entre ceux interrogés par Saphirnews, c'est un ministre de l'Intérieur « à l'écoute », « intéressé » par les sujets, qui s'est présenté à eux. Une « bonne surprise » de prime abord, d'autant que Bruno Retailleau a confirmé l'intérêt de maintenir le Forif comme l'espace de réflexion et de discussion entre les acteurs musulmans et les pouvoirs publics. Son lancement en 2022 sous l'ère Darmanin, et avec la bénédiction de l'Elysée, signait alors, pour l'islam de France, « le début d’un nouveau chapitre » enterrant le Conseil français du culte musulman (CFCM) de son rôle d'interlocuteur privilégié de l'Etat, après quasi deux décennies marquées par des luttes intestines entre fédérations.
Un critique historique du CFCM
En acceptant d'échanger avec le Forif, Bruno Retailleau s'inscrit dans cette volonté présidentielle ferme de « mettre fin » au CFCM. Il est aussi en cela constant dans ses critiques contre l'organisation dont il disait en février 2022 sur France Inter qu'elle est « gangrénée soit par l'islam consulaire, sous influence de pays étrangers, soit par l'islam politique ».
« C'est une illusion, un danger, que de vouloir contrôler l'islam de France en l'institutionnalisant par le haut. C'est une illusion parce qu'il n'y a pas d'église dans l'islam, notamment sunnite, ce n'est pas une religion centralisée comme peuvent l'être les religions juive et catholique. Et surtout, c'est un danger parce que l'Etat se mêle de ce à quoi il ne doit pas se mêler, il franchit cette ligne de neutralité et ce n'est pas son travail », avait-il alors affirmé. Ce qui caractérise le FORIF, c'est cette volonté de construire un islam de France par le bas, grâce à l'engagement d'acteurs de terrain locaux identifiés par leurs communautés et/ou les services de l'Etat comme de possibles contributeurs aux sujets de premier ordre pour le culte musulman.
« C'est une illusion, un danger, que de vouloir contrôler l'islam de France en l'institutionnalisant par le haut. C'est une illusion parce qu'il n'y a pas d'église dans l'islam, notamment sunnite, ce n'est pas une religion centralisée comme peuvent l'être les religions juive et catholique. Et surtout, c'est un danger parce que l'Etat se mêle de ce à quoi il ne doit pas se mêler, il franchit cette ligne de neutralité et ce n'est pas son travail », avait-il alors affirmé. Ce qui caractérise le FORIF, c'est cette volonté de construire un islam de France par le bas, grâce à l'engagement d'acteurs de terrain locaux identifiés par leurs communautés et/ou les services de l'Etat comme de possibles contributeurs aux sujets de premier ordre pour le culte musulman.
Des groupes de travail aux résultats concrets inégaux
Au lancement du Forif, quatre groupes de travail (GT) avaient été constitués : la professionnalisation et le recrutement des imams, l’organisation et le fonctionnement des aumôneries, la lutte contre les actes antimusulmans et la sécurité des lieux de culte, et l’application de la loi confortant le respect des principes de la République. Ce dernier, qui a produit au moins un guide pratique autour de la loi CRPR, a été rebaptisé Droit et gestion afin d'inclure notamment les problématiques relatives, d'une part, aux résiliations de contrats d'assurance des associations cultuelles et, d'autre part, au funéraire devant l'insuffisance criante de carrés musulmans en France.
La problématique bancaire est, quant à elle, désormais discutée au sein du GT Ressources et financement du culte musulman, une préoccupation sans cesse renouvelée qui figure au cœur de grandes attentions. A l'instar de la lutte contre les actes antimusulmans, qui a incité le GT qui lui est dédié à créer en 2024 l'association ADDAM. Après des mois sans communication, ses responsables espèrent qu'elle puisse être fonctionnelle courant de l'année 2025.
Enfin, dernier-né du Forif et non des moindres, le GT Structuration travaille à développer et à accompagner les dynamiques départementales du culte musulman mais aussi à penser une nouvelle structure au niveau national. Ce à quoi Gérald Darmanin se déclarait favorable en février 2024.
En 2018, Bruno Retailleau, alors sénateur, se disait « opposé à l'institutionnalisation d'un islam de France ». « Si l'État se mêle de religion, alors c'est une atteinte à la loi de 1905 », avait-il précisé sur LCI. « L'État doit être sur une ligne de fermeté, parce que si on tente d'organiser tant bien que mal un islam de France, on n'y parviendra pas. » Sept ans plus tard, le ministre semble prêt à pérenniser le format institué par son prédécesseur qui occupe actuellement le poste de Garde des sceaux. Bruno Retailleau soutient-il pour autant l'idée de voir émerger une instance nationale ? La plénière du 18 février sera l'occasion pour lui de préciser sa vision.
La problématique bancaire est, quant à elle, désormais discutée au sein du GT Ressources et financement du culte musulman, une préoccupation sans cesse renouvelée qui figure au cœur de grandes attentions. A l'instar de la lutte contre les actes antimusulmans, qui a incité le GT qui lui est dédié à créer en 2024 l'association ADDAM. Après des mois sans communication, ses responsables espèrent qu'elle puisse être fonctionnelle courant de l'année 2025.
Enfin, dernier-né du Forif et non des moindres, le GT Structuration travaille à développer et à accompagner les dynamiques départementales du culte musulman mais aussi à penser une nouvelle structure au niveau national. Ce à quoi Gérald Darmanin se déclarait favorable en février 2024.
En 2018, Bruno Retailleau, alors sénateur, se disait « opposé à l'institutionnalisation d'un islam de France ». « Si l'État se mêle de religion, alors c'est une atteinte à la loi de 1905 », avait-il précisé sur LCI. « L'État doit être sur une ligne de fermeté, parce que si on tente d'organiser tant bien que mal un islam de France, on n'y parviendra pas. » Sept ans plus tard, le ministre semble prêt à pérenniser le format institué par son prédécesseur qui occupe actuellement le poste de Garde des sceaux. Bruno Retailleau soutient-il pour autant l'idée de voir émerger une instance nationale ? La plénière du 18 février sera l'occasion pour lui de préciser sa vision.
Bruno Retailleau appelé à un discours apaisant envers les musulmans
Après trois années d'existence, les participants du FORIF sont surtout priés d'avancer plus vite dans leurs travaux et, pour cela, de « produire des résultats, concrets et utiles » aux diverses problématiques qui traversent le culte musulman, dixit Gérald Darmanin lors de la plénière organisée en février 2024. De fait, du concret, plus ou moins visible, a été produit mais sur certains dossiers délicats comme le statut des imams, des avancées ne dépendent pas que des musulmans mais aussi de l'administration.
« On ne peut pas nous demander de faire en si peu de temps ce qui n'a pas été réalisé en plus de 30 ans », nous lâche, passablement remonté, un participant. « Une dynamique prend du temps à se créer. Nous avançons pas à pas. Et beaucoup est à faire. » Un bilan détaillé des chantiers en cours sera présenté par chaque groupe au ministre chargé des Cultes le 18 février.
Bruno Retailleau semble avoir rassuré des membres du Forif. Sur le moment du moins, car ils n'attendent qu'à écouter ses prochaines déclarations sur les questions relatives à l'islam et aux musulmans. Ses dernières sorties plaidant pour de nouvelles interdictions du voile en France avaient irrité. Plus globalement, dans l'offensive menée par l'exécutif contre ce qu'il nomme « l'islam politique », le malaise est palpable parmi les citoyens français musulmans, qui s'inquiètent d'une prolifération de discours politiques stigmatisants à leur encontre. Selon un participant, le besoin d'un discours public « rassurant et apaisant » à l'endroit de ses compatriotes musulmans a été formulé auprès du ministre, qui avait l'air d'être « réceptif » au message. Mais « on saura vite en juger », d'ici au 18 février.
Lire aussi :
Sécurité des musulmans, statut de l’imam, structuration… ce qu’il faut retenir de la session 2 du Forum de l’islam de France
Islam de France : le « triple pacte » d'Emmanuel Macron engagé avec le Forif
Le Forum de l’islam de France accouche d’une association contre l’islamophobie
Islam de France : le « triple pacte » d'Emmanuel Macron engagé avec le Forif
Entre exaspération et frustration, des responsables musulmans à la rencontre de Gérald Darmanin
Relations banques - mosquées : le Forum de l'islam de France dévoile les conclusions de son étude
Un islam de France sur le modèle allemand ? Zoom sur une gestion inspirante du culte musulman en Europe
« On ne peut pas nous demander de faire en si peu de temps ce qui n'a pas été réalisé en plus de 30 ans », nous lâche, passablement remonté, un participant. « Une dynamique prend du temps à se créer. Nous avançons pas à pas. Et beaucoup est à faire. » Un bilan détaillé des chantiers en cours sera présenté par chaque groupe au ministre chargé des Cultes le 18 février.
Bruno Retailleau semble avoir rassuré des membres du Forif. Sur le moment du moins, car ils n'attendent qu'à écouter ses prochaines déclarations sur les questions relatives à l'islam et aux musulmans. Ses dernières sorties plaidant pour de nouvelles interdictions du voile en France avaient irrité. Plus globalement, dans l'offensive menée par l'exécutif contre ce qu'il nomme « l'islam politique », le malaise est palpable parmi les citoyens français musulmans, qui s'inquiètent d'une prolifération de discours politiques stigmatisants à leur encontre. Selon un participant, le besoin d'un discours public « rassurant et apaisant » à l'endroit de ses compatriotes musulmans a été formulé auprès du ministre, qui avait l'air d'être « réceptif » au message. Mais « on saura vite en juger », d'ici au 18 février.
Lire aussi :
Sécurité des musulmans, statut de l’imam, structuration… ce qu’il faut retenir de la session 2 du Forum de l’islam de France
Islam de France : le « triple pacte » d'Emmanuel Macron engagé avec le Forif
Le Forum de l’islam de France accouche d’une association contre l’islamophobie
Islam de France : le « triple pacte » d'Emmanuel Macron engagé avec le Forif
Entre exaspération et frustration, des responsables musulmans à la rencontre de Gérald Darmanin
Relations banques - mosquées : le Forum de l'islam de France dévoile les conclusions de son étude
Un islam de France sur le modèle allemand ? Zoom sur une gestion inspirante du culte musulman en Europe