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France, Algérie, Liban, Hong-Kong, Bolivie... zoom sur ces foyers de contestation très actifs en 2020

Rédigé par | Jeudi 2 Janvier 2020 à 17:00

           

L'année 2019 a été l'année de nombre de colères qui ont éclos en France et à travers le monde. Des millions de personnes sont descendues dans les rues pour contester leurs dirigeants et réclamer des droits et des libertés. De la France à l'Algérie, de Hong-Kong à la Bolivie, en passant par l'Irak, le Liban et l'Inde : voici un tour d'horizon de ces contestations, au caractère souvent inédit, qui sont bien parties pour se poursuivre en 2020.



France, Algérie, Liban, Hong-Kong, Bolivie... zoom sur ces foyers de contestation très actifs en 2020

Pas de répit en 2020 sur le front de la contestation sociale en France

La contestation sociale est bien partie pour se poursuivre en 2020 en France. L'année 2019 a commencé avec les multiples manifestations initiées par le mouvement des Gilets jaunes et a pris fin avec les grèves liées à la contestation de la réforme des retraites, fermement souhaitée par le gouvernement.

La promesse de l'exécutif : mettre en oeuvre un nouveau système universel où la retraite sera calculée par points, quel que soit le régime, ce qui implique, à terme, la fin des régimes spéciaux mais aussi l'instauration d'un âge pivot (ou âge d'équilibre) à 64 ans d'ici 2027. Cette mesure cristallise des tensions, et pour cause : alors que l'âge légal de départ à la retraite est de 62 ans, un système de bonus/malus sera imposé aux salariés, incités en conséquence à travailler jusqu'à 64 ans et plus pour éviter un malus (-5 % de retraite par an avant 64 ans/+5 % par an après), même s'ils ont tous leurs trimestres pour partir au taux plein à 62 ans.

La reprise officielle des négociations entre le gouvernement et les syndicats reprennent le 7 janvier mais, comme pour Noël, aucune trêve n'est en vue : les grèves vont se poursuivre. L'actuelle mobilisation des cheminots, qui perturbe les transports depuis le 5 décembre 2019, a signé un record en devenant la plus longue, en continu, de l'histoire depuis les grèves de 1986-1987.

Ce qu’il faut aussi retenir de l’actualité en 2019

Le second semestre de 2019 a été marqué par de malheureuses polémiques qui ont émaillé l'après-tuerie de la Préfecture de police de Paris et qui ont été mal vécues par de nombreux citoyens de confession musulmane. L'attaque perpétrée contre la mosquée de Bayonne s'est ajoutée à leurs inquiétudes et à leur ras-le-bol, qui ont été exprimés dans les rues comme lors de la grande marche contre l'islamophobie du 10 novembre. Un espoir pour 2020 : que le chemin soit moins parsemé de polémiques qui instrumentalisent, de toutes parts, les principes de laïcité et de liberté.

Lire notre édito : Vers une République de la délation en marche ? Halte à la haine mais aussi à la surenchère émotionnelle

Et aussi cet édito paru en avril 2019 après l'incendie marquante de la cathédrale de Notre-Dame de Paris : Notre-Dame de Paris nous appartient à tous

A voir : La Casa del Hikma : la série originale pour déconstruire des idées reçues

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En Algérie, une révolution pacifique déterminée au changement

Le peuple algérien veut retrouver la maîtrise de son destin. La perspective d’un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika, grabataire depuis des années, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de centaines de milliers d’Algériens qui ont investi les rues du pays depuis février 2019. D’une ampleur inédite, le mouvement de contestation populaire, appelé Hirak, suscite l’admiration à l’échelle régionale, voire internationale, par son caractère pacifique mais aussi déterminé à impulser un changement radical du système politique.

Les protestations massives, sans bain de sang, ont fini par avoir raison du président algérien. Après 20 longues années au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika est contraint à la démission et en fait l’annoncé le 2 avril, après avoir été officiellement lâché par l’armée. Celle-ci garde néanmoins, et plus que jamais, les clés du pouvoir, ce qui n’est pas pour satisfaire le Hirak. Après plusieurs reports, des élections présidentielles sont organisées le 12 décembre. Le scrutin, boudé par les électeurs avec un taux d’abstention record (61 %), mène à l'élection d’Abdelmadjid Tebboune. Celui qui fut plusieurs fois ministres et même Premier ministre en 2017 est contesté par les manifestants, pour qui le nouveau président n’incarne pas du tout le changement espéré.

L’ancien système n’est pas mort et la mort, le 23 décembre, du général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major des armées et homme fort du régime algérien ne change encore rien. Le Hirak promet encore bien des rendez-vous hebdomadaires du vendredi en 2020.

L’Irak et le Liban s’enfoncent dans la crise politique

Les manifestations anti-gouvernementales en Irak n’ont pas eu le même destin pacifique que celles organisées en Algérie. Plus de 450 personnes sont mortes et plus de 20 000 blessées au cours de manifestations populaires qui ont éclaté en octobre et en novembre 2019 pour protester contre la corruption, le chômage, la déliquescence des services publics et la fin de l’actuel régime politique.

Cette nouvelle éruption de violence a mené à la démission du Premier ministre Adel Abdel-Mehdi le 30 novembre mais la révolte gronde encore. Les manifestations se poursuivent à travers le pays, qui s’enfonce dans la crise politique. A ce jour, aucune entente n’a été trouvée quant à la personne à nommer au poste du chef du gouvernement, malgré les pressions de la coalition pro-iranienne à voir un homme de son camp prendre les rênes du pouvoir.

Au Liban, la formation d'un nouveau gouvernement tarde aussi à venir depuis la démission du Premier ministre Saad Hariri le 29 octobre résultant d'un soulèvement populaire, inédit au pays du Cèdre, après l'annonce par les autorités d'une taxe sur les appels WhatsApp visant à renflouer les caisses (vides) de l'Etat. La taxe est vite abandonnée mais trop tard : la colère s'est installée dans les rues.

Dans un pays où le système politique est bâti sur un équilibre institutionnel entre les diverses communautés religieuses, mis en place après la guerre civile (1975-1990), les protestataires, dénonçant une classe dirigeante jugée corrompue, réclament depuis octobre la nomination de technocrates indépendants des partis politiques traditionnels. A la crise politique, s'ajoute la crise économique et financière qui s'est accélérée en 2019 : alors que la paupérisation de la population s'est aggravée, 2020 s'annonce comme une année encore plus noire pour l'économie libanaise, menacé d'effondrement.

L'Egypte sans Morsi toujours dirigée d'une main de fer

Au Soudan, l'armée a destitué Omar el-Béchir après 30 ans passé à diriger le pays d’une main de fer. L’annonce faite en avril est survenue après un mouvement de contestation populaire contre le régime qui dure depuis plusieurs mois.

En Egypte, en revanche, rien en vue. La mort soudaine, en juin 2019 de Mohamed Morsi, le premier président qui fut démocratiquement élu en Egypte avant d'être brutalement destitué en 2013, a ébranlé ses partisans. Sa mort en détention a été considérée par des experts de l'ONU comme un « assassinat arbitraire ». Elle n'a cependant pas fait soulever les masses face à un Abdel-Fatah al-Sissi qui continue de diriger l'Egypte d'une main de fer.

Lire aussi : #FreeRamyShaath : plusieurs ONG réclament la libération du coordinateur du mouvement BDS en Egypte

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Hong-Kong résiste face au rouleau-compresseur chinois, pas les Ouïghours

Hong-Kong est très attaché à son autonomie et ses habitants, qui bénéficient de libertés inconnues en Chine continentale, le font savoir haut et fort. Ce territoire, rétrocédé à la Chine en 1997 après 156 années de souveraineté britannique, est entré en résistance contre Pékin depuis l'annonce, en juin 2019, d'une loi d’extradition vers la Chine.

Son retrait n'a cependant pas calmé les ardeurs des manifestants. Leurs revendications se sont élargies vers la défense des libertés individuelles et des valeurs démocratiques, les Hong-Kongais craignant les conséquences de la fin du principe « un pays, deux systèmes », à l’origine de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Depuis des mois, des manifestations monstres sont organisées, qui se sont soldées par la victoire écrasante des candidats pro-démocratie aux élections locales du 25 novembre. Aucune accalmie n'est néanmoins prévue en vue en 2020. Plus d'un million de personnes ont défilé mercredi 1er janvier. Rien que ça.

Si le président Xi Jinping hésite à faire intervenir l'armée à Hong-Kong pour mater la contestation, il n'a, en revanche, « aucune pitié », selon ses mots, à réprimer les Ouïghours au Xinjiang. A l'exception notable des Etats-Unis qui a pris, en octobre 2019, des sanctions contre la Chine, avec qui la guerre commerciale fait rage, la plupart des pays, y compris musulmans, choisissent de fermer les yeux sur l'internement massif des membres de la minorité musulmane. Pour le moment.

Lire aussi : Répression des Ouïghours en Chine : « Les grands crimes, pour avoir lieu, ont besoin d’immenses silences »

Les craintes face à l'ultranationalisme hindou s'expriment en Inde

Le début de l'année 2020 commence comme s'est terminé 2019, avec de grandes manifestations contre la loi sur la citoyenneté, discriminatoire envers les migrants de confession musulmane. Au-delà de cette loi, c'est la politique ultranationaliste hindoue, menée par le gouvernement Modi, qui est dénoncée par des millions de citoyens indiens, qui s'inquiètent de la marginalisation constante des minorités.

Lire aussi : Malgré son ultranationalisme, le Premier ministre indien honoré par la France et des pays musulmans

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Le vent de contestation souffle fort en Amérique latine

L'Amérique latine n'a pas été épargnée par le vent de contestation populaire observée ailleurs dans le monde. Au Chili, l’augmentation du prix du ticket de métro à Santiago a été à l'origine, en octobre 2019, de manifestations qui se sont répandues à travers le pays pour réclamer plus de justice sociales dans une société marquée par de fortes inégalités. Les manifestations, violemment réprimées, ont provoqué la mort de 29 personnes.

En Bolivie, le « non » à un quatrième mandat pour Evo Morales a été le point de départ de plusieurs semaines de protestations, qui a entraîné la démission du président bolivien le 10 novembre sous la pression de l'armée. Visé par un mandat d'arrêt pour « sédition et terrorisme », celui qui fut le premier président indigène de Bolivie a fui son pays pour le Mexique puis l'Argentine, qui lui a accordé l'asile politique. Dans un entretien à l'AFP le 24 décembre, il a dénoncé un coup d’Etat perpétré en raison des richesses en lithium de son pays et a annoncé que son parti prendra part aux prochaines élections en Bolivie. Un pays, comme tant d'autres, dont la situation socio-politique est à surveiller en 2020.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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