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Ramadan

Comment les mosquées accueillent le Ramadan après deux ans de restrictions sanitaires

Rédigé par Emir Kaplan | Dimanche 3 Avril 2022 à 13:30

           

Les fidèles retrouvent cette année, pour le mois du Ramadan qui a débuté samedi 2 avril en France, le chemin des mosquées après deux ans de lourdes restrictions sanitaires. Comment les mosquées accueillent-elles ce mois béni ? Tour d’horizon.



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Cela fait 23 ans que les habitants de Lieusaint attendaient ce moment. La mosquée de cette ville de Seine-et-Marne vient d’ouvrir ses portes, à quelques jours du début du mois de Ramadan. Alors pour Aziz Nakhil, président de l’Amicale des musulmans de Lieusaint (AML), l’ouverture du lieu de culte a une saveur particulière. « C’est un rêve qui se concrétise et qui n’aurait pas pu se réaliser sans la municipalité qui nous a accompagnée depuis la création de l'édifice », confie l’homme de 51 ans.

Dans ce lieu de culte situé au centre-ville, à 200 m de la mairie, quelque 600 personnes peuvent désormais occuper les 270 m2 de surface, pour un coût total de 1,5 million d’euros. Un lieu « digne de ce nom, sans se soucier de la place », explique le président de l’association. Et pour cause : le local que l’AML occupait depuis des années ne pouvait pas accueillir plus d’une quarantaine de fidèles. Une nouvelle ère s’est ouverte pour les musulmans de Lieusaint, qui plus est à l'heure du Ramadan.

La mosquée de Vitrolles, dans les Bouches du Rhône, vient elle aussi de voir le jour, après six ans d’attente et un incendie qui a ralenti l’échéance en 2016. Son président, Habib Malagouen, se réjouit d’avoir « réussi ce pari », lui qui s’était donné l’objectif, avec les 11 personnes du conseil d’administration de l’Association du centre culturel et cultuel musulman de Vitrolles (AFCCCMV), de finir leur mosquée avant le mois de jeûne. Pari tenu donc, et qui a été possible grâce « aux fidèles et à la municipalité », souligne le président de 44 ans. Il se satisfait de « passer le mois de Ramadan avec les fidèles dans une mosquée officiellement ouverte » qui leur aura coûté 2 millions d’euros.

Pour le recteur de la mosquée Al Madina Al Mounawarra de Cannes, Ahmed Guessoum, la joie de pouvoir célébrer le Ramadan dans un lieu de culte est aussi très forte mais pas pour les mêmes raisons. Le ministère de l’Intérieur s’était en effet prononcé au début de l'année pour la fermeture du lieu de culte avant de se raviser. « C’’est une bonne nouvelle, une décision sage et juste », se félicite le recteur, et qui lui permet « d’entamer le Ramadan avec sérénité ».

Des gestes-barrières tombent mais des recommandations perdurent

Alors que la pandémie n’est pas tout à fait derrière nous, la mosquée de Belfort préfère jouer la carte de la prudence malgré l’assouplissement des règles sanitaires en mars qui permet, entre autres, un retour à la pleine capacité des établissements accueillant du public. Ali Sahab, président de l’Association des musulmans du Territoire de Belfort, « recommande aux fidèles de mettre le masque en faisant particulièrement attention aux anciens ».

Même son de cloche pour le recteur de la mosquée de Villeurbanne (Rhône), Azzedine Gaci, davantage préoccupé avec le Conseil théologique des imams du Rhône (CTIR) à rappeler aux musulmans les règles de bon voisinage après deux ans d’un quasi confinement des mosquées.

La mosquée de Vitrolles indique, quant à elle, qu’elle ne demande pas aux fidèles de mettre le masque ou de respecter les mesures de distanciation physique « puisqu’on ne l’impose pas » mais assure qu’elle « se pliera à la règle si la loi venait à changer ». Aziz Nakhil fera aussi de même : il n’imposera pas le masque dans la mosquée de Lieusaint, sur le point de passer sur le régime de la loi de 1905, « même s’il en mettra à la disposition des fidèles ».

Après deux Ramadan consécutifs sans prières nocturnes du tarawih, les mosquées se réjouissent de renouer avec cette pratique sans restriction sanitaire particulière. Celle de Lieusaint a ainsi trouvé un imam qui pourra officier les nuits du Ramadan. La mosquée de Cannes pourra, elle, compter sur des jeunes qui se relayeront pour assurer les tarawih grâce à leur mémorisation du Coran.

Du côté de Vitrolles, Habib Malagouen indique qu'il n’organisera pas de conférences pour le mois du Ramadan, mais pour une raison autre que sanitaire. Le bâtiment de 1 400 m2, ouvert aux fidèles depuis le 31 mars, n’est pas totalement fini. « Il reste à sécuriser les lieux et les entrées », explique-t-il. Il préconise un temps d'adaptation et d’appréciation de la part des fidèles avant d'organiser des conférences. En revanche, des actions caritatives en faveur des plus démunis sont prévues par sa mosquée, qui « appelle à la générosité des fidèles pendant ce mois ».

© Grande Mosquée de Belfort
© Grande Mosquée de Belfort

La solidarité au rendez-vous, avec précaution au menu

Le mois du Ramadan est rythmé par l’heure de rupture du jeûne mais certaines mosquées préfèrent jouer la carte de la précaution. C’est le cas d’Ahmed Guessoum qui n’organisera pas d’iftar dans l’enceinte de la mosquée de Cannes en raison de conditions sanitaires encore incertaines. Pour pallier à ce manque, ses dirigeants ont mis en place le programme « Nourrir un jeûneur » au profit des plus nécessiteux qui pourront emporter leur repas avec eux.

A contrario, la mosquée de Belfort organise des iftars et attend 200 personnes chaque soir à la mosquée, avec un repas différent tous les soirs de la semaine. Deux référents ont été désignés pour acheter les ingrédients qui serviront à concocter les repas avec l’argent récolté auprès des fidèles. Un dispositif a également été mis en place pour apporter 30 à 50 repas aux étudiants du Crous de Belfort, excepté le week-end où ils devront se rendre à la mosquée.

L’accent est aussi mis sur l’aide aux étudiants par la mosquée de Lieusaint et de Villeurbanne du fait qu’elles se situent près d'un campus. Dans la continuité des opérations solidaires menées pendant le Ramadan, ce seront 400 repas par jour qui seront distribués au lieu de 2 000 l’an passé, moins par souci du Covid-19 que pour « créer plus de proximité » avec les bénéficiaires selon Azzedine Gaci. Quelles que soient les circonstances, l'esprit de solidarité et de partage qui anime le Ramadan est toujours aussi présent.

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