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Cinéma, DVD

Le prix du succès : on ne choisit pas sa famille

Rédigé par | Lundi 28 Août 2017 à 11:30

           

Tahar Rahim incarne Brahim, un humoriste à succès qui, pour en franchir un nouveau, souhaite se débarrasser de Mourad (Roschdy Zem), son manager et bras droit de toujours. Problème, il s’agit de son frère. « Le prix du succès » est une comédie dramatique qui met en relief la question de la fidélité à son clan lorsque celui-ci n’est plus un tremplin mais devient un obstacle vers les sommets de la gloire.



Réalisé par Teddy Lussi-Modeste, le film « Le prix du succès », interprété par Tahar Rahim, Roschdy Zem et Maïwenn, dans les rôles principaux, sort en salles le 30 août. © Ad Vitam
Réalisé par Teddy Lussi-Modeste, le film « Le prix du succès », interprété par Tahar Rahim, Roschdy Zem et Maïwenn, dans les rôles principaux, sort en salles le 30 août. © Ad Vitam
Brahim (Tahar Rahim) est la star montante de la scène comique française. En une dizaine d’années, il est passé des petites salles de stand-up à l’Olympia. Sollicité par ses fans, par le monde de la publicité et du showbiz, il est en passe de franchir un nouveau cap. Hervé (Grégoire Colin), un producteur, lui propose de le faire entrer dans une nouvelle dimension mais à la condition de se séparer de son manager et grand frère Mourad (Roschdy Zem).

Or, jusqu’ici, son succès, l’humoriste le doit aussi à son aîné, son premier admirateur et homme de main. Multicasquette (chauffeur, garde du corps, inspirateur, manager, producteur...), Mourad récolte aussi les fruits de l’ascension de son frère.

Vie facile, argent qui coule à flots, fêtes et filles... Il voit les choses en grand et compte sur son petit frère pour faire des affaires. Roschdy Zem incarne avec brio cet ami, ce proche attachant mais qui devient un boulet tant il est ingérable. Mourad est un écorché vif, qui met en danger la carrière de son frère mais qu’on sent prêt à mourir pour le protéger.

Dans ce film, Tahar Rahim campe à merveille un personnage traversé par la peur et la culpabilité de « trahir sa race ». Un complexe qui touche chaque individu qui élève sensiblement sa condition sociale.

La race ici se décline en trois segments : le sang, l’origine et la classe. En écartant son bras droit, le comédien sait qu’il met en danger la relation qu’il a nouée durant toute sa vie avec son frère. « On dit une ex-femme, on ne dit jamais un ex-frère », dira Mourad à Linda (Maïwenn), la petite amie de Brahim, sentant l’influence grandissante de celle-ci.

La jeune femme est d’ailleurs au centre de la seconde trahison du comédien. Lorsqu’il vient présenter sa future fiancée aux membres de sa famille, la tension est palpable. Linda est perçue comme la fille blanche venue dérober le trésor de la famille. Elle demande un cendrier pour fumer, preuve s’il en fallait qu’elle ne maîtrise pas les codes culturels de la famille maghrébine de son compagnon.

Enfin, Brahim souhaite devenir un artiste mainstream et ne plus jouer seulement sur les ressorts de l’humour communautaire qui a fait son succès, mais aborder les thèmes universels comme celui de la famille en laquelle chacun peut s’identifier et en rire.

Le Prix du succès, réalisé par Teddy Lussi-Modeste, narre cette tension qui distend peu à peu les liens fraternels. Échapper à son milieu d’origine n’est pas sans blessures. Et si la violence point, c’est surtout parce que la peine et l’amour familial ne savent pas s’exprimer par les mots.

Le réalisateur confie s’être inspiré de faits divers qui ont marqué l’actualité : « Le rappeur Rohff donnant rendez-vous à son plus jeune frère, un calibre en poche, le footballeur Abdelmalek Cherrad organisant sa propre disparition avec femme et enfant pour fuir la pression familiale ou bien encore, plus récemment, Karim Benzema et les scandales dans lesquels ses fréquentations passées l’ont fait plonger. Tous ont en commun un ennemi intérieur, au plus proche, un frère, un père, un meilleur ami. »

Le Prix du succès, film de Teddy Lussi-Modeste (France, 1h32)
Avec Tahar Rahim, Roschdy Zem, Maïwenn, Grégoire Colin, Sultan...
En salles le 30 août 2017.






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