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Culture & Médias

L’édition franco-musulmane perce au Salon du livre

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Mercredi 19 Mars 2014 à 06:00

           

Le Salon du livre de Paris se tiendra du vendredi 21 au lundi 24 mars, à Porte de Versailles. Depuis sa création en 1981, il est devenu un rendez-vous incontournable pour les maisons d’éditions, qui s’y bousculent. Cette année, deux éditeurs sont là pour afficher le rayonnement culturel de la présence musulmane en France.



© Collectif enn2004@free.fr.
© Collectif enn2004@free.fr.
1 200 éditeurs sont attendus au Salon du livre de Paris, qui se tiendra du 21 au 24 mars. Parmi eux, Bayane du groupe GEDIS sera pour la première fois présent. L’éditeur d’ouvrages islamiques fait son entrée dans un salon international qui attire chaque année près de 200 000 visiteurs.

« Les musulmans écrivent, lisent. Il y a des auteurs et des écrits » musulmans, argue Karim Ouachek, responsable de GEDIS, qui organise notamment la foire commerciale de la Rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF). Pour montrer ce dynamisme culturel, le groupe a choisi de tenir un stand au Salon du livre.

« Normaliser la présence des musulmans »

« Pourquoi les éditions musulmanes ne participeraient-elles pas au Salon du livre ? », lance encore Karim Ouachek. La présence de Bayane est une manière de « normaliser la présence des musulmans » et de « présenter notre pensée » explique-t-il.

Sur un espace de 20 m², la collection totale de Bayane, constituée d’une cinquantaine de titres, sera exposée. Des dédicaces avec des auteurs seront également organisées. Mohammed Bougafer, auteur de plusieurs ouvrages sur la réussite scolaire, et Mohamed Ramousi, auteur de La Citoyenneté, seront ainsi présents. Des livres religieux font également partie de la collection de Bayane, qui i[« travaille en collaboration avec des instituts musulmans] comme Château-Chinon »]i, en référence à l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon en Bourgogne, et propose des manuels aux étudiants en études islamiques.

« Nous sommes une maison d’édition franco-française », insiste M. Ouachek, qui indique que des traductions en français d’ouvrages arabophones sont proposées. GEDIS prévoit, par ailleurs, la sortie de « dix nouveaux titres » pour la RAMF du Bourget, qui se tiendra en avril prochain, annonce-t-il.

Mustapha Chérif et le pape François.
Mustapha Chérif et le pape François.

Dédicaces de Mustapha Chérif

De son côté, Albouraq sortira une « trentaine de nouveautés » à l’occasion du Salon du livre. Jusqu’à présent, le leader de l’édition islamique française, fort de plus de 500 titres, était le seul éditeur français spécialisé dans les livres islamiques à participer à ce rendez-vous incontournable du monde de l’édition.

« C’est la troisième fois » cette année, précise Mansour Mansour, le gérant d’Albouraq. L’écrivain et philosophe algérien, Mustapha Chérif, lauréat du prix Unesco 2013 pour le dialogue interculture, viendra dédicacer samedi après-midi son ouvrage Le Principe du juste milieu sur le stand de la maison d'édition, qui accueillera également trois autres auteurs pour des séances de dédicaces.

Les ouvrages de l’éditeur, qui comprend aussi bien des livres « pratiques » que des « éditions pointues destinées à une élite ou à des chercheurs comme ceux sur le soufisme, Ghazali et Ibn Arabi », prendront place au sein d’un stand regroupant des éditeurs chrétiens avec qui Albouraq s'est associé pour l’événement.

« D’autres pays musulmans comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et l’Arabie Saoudite » ont également une présence dans ce salon, indique M. Mansour, qui précise vouloir « représenter le livre musulman sur le marché français ».

La participation au salon d'Albouraq, qui déclare avoir réalisé 2 millions d'euros de chiffre d’affaires en 2013, entre dans la continuité d’une promotion active vers le grand public. Elle passe notamment par une « opération annuelle avec des centrales d’achat comme Carrefour » pour la mise en avant de ses ouvrages « pendant le Ramadan ».

Un monde sans livres ? Impensable !

L’arrivée de Bayane au Salon du livre de Paris élargit la possibilité pour le grand public – musulmans ou non – de découvrir une plus grande diversité de la production littéraire islamique française.

C'est le développement littéraire de GEDIS qui l'a poussé aujourd’hui à s’exposer dans un salon incontournable pour le monde de l’édition. « Depuis trois ans, nous avons décidé de donner une importance à la partie Livres qui était occultée par l’événementiel », nous explique Karim Ouachek. Aujourd’hui, cette partie représente « 35 à 40 % » de l’activité de GEDIS. Ces deux dernières années, 20 livres sont sortis, précise-t-il.

« Les gens veulent revenir à l’islam. Nous sommes obligés de leur permettre de le faire en apportant des réponses saines. C’est notre devoir en tant que maison d’édition engagée », plaide M. Ouachek. Mais les musulmans profitent-ils vraiment de cette offre de plus en plus abondante ? Concernant « l’audio et la vidéo, nous sommes envahis par les réseaux sociaux », fait remarquer M. Ouachek, qui estime que l’écrit répond « à certaines exigences » dont ne dispose pas le virtuel.

Les acteurs de l’édition peuvent toutefois être rassurés par les résultats d’une étude IPSOS tout juste dévoilée. Menée pour le Syndicat national de l’édition, en partenariat avec le Centre national du livre, cette enquête montre que les Français restent très attachés aux livres. S’ils sont moins nombreux à lire des livres (70 %, pour une baisse de 5 % en trois ans), 84 % des lecteurs ne peuvent pas imaginer un monde sans livres.

Une nouvelle fois, cet engouement pour la lecture devrait être prouvé par l‘afflux de visiteurs au Salon du livre, que les éditeurs d’ouvrages islamiques feront en sorte de capter.


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