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Sur le vif

Deux plaintes annoncées après l'agression de l'accompagnatrice voilée au conseil régional

Rédigé par Lina Farelli | Jeudi 17 Octobre 2019 à 11:24

           


Deux plaintes annoncées après l'agression de l'accompagnatrice voilée au conseil régional
L'accompagnatrice scolaire agressée par un élu RN à Dijon lors d'une séance du conseil régional en raison de son voile a décidé de porter plainte. Deux plaintes sont annoncées, l'une pour « violence en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique », l’autre pour « provocation publique à la haine raciale par des élus ».

La première annoncée va être déposée jeudi 17 octobre auprès du parquet de Dijon, a annoncé le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). La seconde est une « plainte avec constitution de partie civile devant le Doyen des juges d’instruction de Paris ».

« Tout acte islamophobe est un acte raciste qui sera poursuivi. Nous rappelons que l’islamophobie n’est pas une opinion, mais un délit », indiqué l'association auprès de laquelle Fatima E. s'est livrée plus tôt dans la semaine.

« Je comprends maintenant pourquoi les autres mamans voilées ne participent pas aux sorties scolaires », a regretté l'accompagnatrice auprès du CCIF dans un entretien relayée sur son site mardi 15 octobre, déclarant maintenant avoir « peur de tout ».

Il « vient de détruire tout un travail que je faisais indirectement » auprès des élèves

« On était dans un coin ; je pensais même que personne ne pouvait nous voir. Et là j’entends quelqu’un dire "Au nom de la laïcité", puis j’entends des personnes qui commencent à crier, s’énerver. Franchement, j’étais là sans être là. La seule chose que j’ai vue, c’était la détresse des enfants. Ils étaient vraiment choqués et traumatisés. Et on le voit bien dans la vidéo : ils n’arrêtent pas de bouger et de se retourner vers moi. Ils me disaient : "Mais c’est contre toi ! C’est à toi qu’ils disent d’enlever ton voile" », témoigne Fatima.

« Moi je souriais. Ce n’était pas pour narguer, comme j’ai pu entendre certains le dire. Je souriais d’abord à sa bêtise. Et il ne fallait pas que je cède : si moi je panique, les enfants auraient été encore plus traumatisés (…) j’étais là sans être là, j’étais concentrée sur les enfants », raconte-t-elle.

Malgré les marques de soutien observées sur le moment, « quand j’ai vu mon fils en train de craquer, je leur ai dit que je ne pourrai plus rester. (…) Je ne voulais pas craquer devant les enfants, donc je suis sortie ». Mais une autre élue, ex-FN Karine Champy, l’a alors agressée, obligeant un vigile à intervenir.

Pour la plaignante qui affirme avoir maintenant « une opinion négative de ce qu’on appelle la République », l'élu RN « vient de détruire tout un travail que je faisais indirectement auprès de cette classe, dont les élèves d’origine immigrée étaient parfois dans une attitude de penser que la France était contre eux et qu’ils sont rejetés ».

Pour le CCIF, elle est aujourd’hui le symbole de « la part visible d’une douleur souvent enfouie et étouffée, mais aussi l’image troublante d’une parole confisquée ».

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