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Economie

Changement à la tête d'ASIDCOM : retour sur les positions de cet organisme de défense des consommateurs

Rédigé par Pauline Compan | Mardi 16 Août 2011 à 08:48

           

Le président de l’Association de sensibilisation et de défense des consommateurs musulmans (ASIDCOM) démissionne. Hadj Abdelaziz Di Spigno invoque des raisons personnelles et laisse Hanen Rezgui à la tête de l’association. Une transition qui offre l’occasion de faire le point sur le but et les moyens de la seule association de défense des consommateurs musulmans.



Créé en 2006 par le vétérinaire Hadj Abdelaziz Di Spigno, ASIDCOM a son siège à Grenoble (38), dans l'Isère. En presque six ans d’existence, l’organisme s’est souvent trouvé invité aux différentes tables rondes et autres conférences sur un marché du halal, en pleine mutation, notamment en France.

L’association s‘est surtout distinguée pour son recensement des différents organismes de certification halal sévissant en France (26, en 2009) et ses enquêtes sur les certificateurs publiées en 2008 et en 2009. Mais elle milite surtout contre le recours à l’électronarcose dans les abattoirs, une position qui ne fait pas l’unanimité.

Changement à la tête d'ASIDCOM : retour sur les positions de cet organisme de défense des consommateurs

Défense de l’abattage manuel

« L’ASIDCOM réfute clairement l’étourdissement qu’il soit ante ou post-mortem. Dans ce dernier cas, elle considère qu’un animal qui meurt du choc électrique et non pas de la saignée ne garantit pas le caractère « halal » de sa viande », écrivait Saphirnews , en mai 2008, au moment du « Grenelle de l’animal », organisé par le ministère de l’Agriculture.

Et le sacrifice rituel sans étourdissement est bien un cheval de bataille d’ASIDCOM, comme le montre la constitution d’un dossier spécial sur la question disponible sur leur site Internet . Mais, aujourd’hui, la question est bien de savoir quelle est la méthode la moins douloureuse pour l’animal. « Aujourd’hui, c’est moins l’étourdissement que la douleur engendrée qui pose problème aux musulmans. C’est pourquoi l’OABA propose une étude scientifique sur la douleur », rapportait l’Oeuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA).

La position ferme d’ASIDCOM ne fait pas l’unanimité dans le monde musulman. Comme le rappelle la sociologue Florence Bergeaud-Blackler, auteure du livre Comprendre le Halal, sur son site Deux ex Machina, l’étourdissement a obtenu « l’aval d’autorités religieuses musulmanes dès le début de la création du marché halal (et notamment une fatwa d’Al-Azhar) ». Une querelle qui renvoie les théologiens et les scientifiques à leurs responsabilités, d’autant plus qu’un pays, reconnu pour son sérieux en matière de produits halal et qui aspire à gagner le leadership en matière de certification halal sur le plan international, la Malaisie, utilise des techniques d’électronarcose dans ses productions industrielles.

Les autocertifications dans le viseur

Dans le cadre de son enquête sur les organismes de certification, ASIDCOM a voulu interroger ces organismes sur leurs pratiques. Peu d’entre eux ont joué le jeu de la transparence et au final, seul 10 organismes de certification ont répondu à l’enquête. La principale conclusion de cette enquête met en garde les consommateurs contre les produits autocertifiés. C’est un problème d’indépendance bien connu : les certificateurs doivent être salariés de l’organisme et non de l’entreprise.

Mais la version 2010 de cette enquête se fait attendre. Si la méthode d’ASIDCOM a ses limites (les certificateurs répondent librement ou non), elle a au moins le mérite de mettre en lumière les organismes de bonne volonté. A la suite du changement dans sa direction, l’association voudrait désormais « produire une nouvelle dynamique » et peut-être multiplier les initiatives en direction des consommateurs.





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