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Points de vue

Après-Chido : savoir articuler justice climatique et sociale à Mayotte

Rédigé par Nassurdine Haidari | Mercredi 18 Décembre 2024 à 08:00

           


Après-Chido : savoir articuler justice climatique et sociale à Mayotte
En tant qu’île tropicale, Mayotte est directement exposée aux effets du dérèglement climatique. La montée du niveau de la mer menace les zones littorales, où se concentre une grande partie de la population, souvent dans des habitats précaires. L’érosion côtière accélérée et les inondations récurrentes fragilisent les infrastructures et aggravent les conditions de vie des populations déjà défavorisées.

Par ailleurs, les épisodes de sécheresse, de plus en plus fréquents et prolongés, impactent les ressources en eau potable, déjà limitées. Cela affecte particulièrement les zones rurales et les familles qui dépendent de l’agriculture de subsistance. Ces phénomènes climatiques exacerbent les inégalités en rendant l’accès aux ressources naturelles plus inégalitaire et en augmentant les tensions autour de leur gestion.

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L’aggravation des inégalités sociales

Mayotte est l’un des départements français les plus pauvres, avec des indicateurs sociaux alarmants : un taux de chômage élevé, une forte proportion de population en situation de précarité, et un accès limité aux services de base comme l’eau, l’électricité et l’éducation. Les impacts du changement climatique viennent intensifier ces difficultés.

Les populations les plus pauvres, souvent installées dans des bidonvilles situés sur des zones inondables ou instables, sont les premières victimes des catastrophes naturelles.

Vers une justice climatique et sociale à Mayotte

Pour répondre à ces défis, une approche intégrée articulant justice climatique et sociale est nécessaire. Cela passe par plusieurs axes :

- Renforcer les infrastructures résilientes : investir dans des logements sécurisés, adaptés aux risques climatiques, et dans des réseaux d’approvisionnement en eau et en énergie durables.

- Soutenir les populations les plus vulnérables : mettre en place des mécanismes d’aide pour accompagner les familles affectées par les impacts climatiques, tout en garantissant un accès équitable aux ressources.

- Protéger l’environnement : encourager la reforestation, la préservation des récifs coralliens et une gestion efficace des déchets, en impliquant les communautés locales dans ces initiatives.

- Développer l’éducation et la sensibilisation : intégrer les enjeux climatiques dans les programmes éducatifs pour renforcer la résilience des populations et promouvoir des modes de vie durables.

A Mayotte, les enjeux climatiques ne peuvent être dissociés des problématiques sociales. Les défis environnementaux exacerbent les inégalités, tandis que la précarité sociale limite la capacité des populations à s’adapter aux changements climatiques. Pour répondre à cette situation, il est impératif de repenser les politiques publiques à l’échelle locale, nationale et régionale, en intégrant de manière équilibrée la justice climatique et sociale. Cette approche permettra non seulement de protéger les écosystèmes uniques de Mayotte, mais aussi d’améliorer durablement les conditions de vie de ses habitants.

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Nassurdine Haidari, ancien élu socialiste de Marseille, est président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN).

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