Vendredi 19 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom
Point culminant du pèlerinage, la station près du mont Arafat, du lever du soleil à son coucher. Enfin... en principe. Car si effectivement nous y sommes bien arrivés au lever du soleil, ce n'est que vers 21 h 00 que nous avons pu quitter Arafat.
Mais revenons d'abord sur la journée.
À la différence des tentes dressées à Mina, avec branchements électriques, armatures en fer et climatisation, celles qui sont montées près du mont Arafat sont des tentes bédouines pur jus. Même tissus bariolés, même nattes à même le sol, aucune climatisation, et juste une barre de fer au centre pour maintenir le toit sur nos têtes.
Le décor, l'habitation, tout est à l'image de la journée qui s'annonce. Sommaire. Ceux d'un ermite. « Le pèlerinage, c'est Arafat », est-il dit dans la tradition islamique. Alors nul repos durant cette journée cruciale. Prières, prières, prières. Tel est le credo des pèlerins.
Chez les femmes, si certaines discutent et plaisantent, elles sont vite rappelées à l'ordre par leurs voisines. Ce qui n'est pas pour leur plaire. Même si elles s'exécutent et se taisent (ou baissent d'un ton pour les plus rebelles).
Seul le repas de midi et l'heure de la prière (celle du midi et celle de l'après-midi) viendront « perturber » des heures essentielles. Dans la tente d'à côté, quelques hommes se sont regroupés et psalmodient en chœur quelques sourates. Peu après, l'un d'eux se met à chanter des chants religieux, tandis que femmes et hommes reprennent en chœur le refrain.
Un peu avant la prière du coucher du soleil, le directeur de l'agence passe et nous enjoints de nous préparer. Il ne peut dire quand aura lieu le départ, mais il fait des pieds et des mains (au figuré comme au propre) pour avoir deux cars et nous emmener à Muzdalifa.
À nouveau, les sacs de couchage sont roulés, les sacs bouclés, et l'attente commence. D'abord sous la tente. Puis à l'entrée du camp 46b, même code que celui qui nous a été attribué à Mina, celui des Européens, des Turcs, des Américains et des Australiens.
Mais il fait chaud. Très chaud. Et l'attente est longue. Très longue. Dans le groupe, la tension monte. Ne sachant pourquoi elles attendent tant alors que les cars défilent sous leurs yeux, certaines commencent à exprimer leur mécontentement à haute voix.
Le directeur d'agence, pourtant loquace d'habitude, ne nous a effectivement pas fourni d'explications s'agissant de notre attente. Il le fait à l'occasion d'une violente altercation à l'arrivée d'un car. Un homme, exaspéré par l'attente, a forcé un bus à le prendre en montant par la fenêtre.
« Voilà ! C est ce que je voulais que vous voyiez ! », nous lance alors le chef d'agence, ajoutant : « Vous préférez attendre calmement et monter tranquillement ou avoir à vous battre pour monter dans votre car ? »
En fait, nos cars sont bien passés mais ont été littéralement « rackettés » (c'est le mot) par un autre groupe de Français ayant fait le forcing pour grimper dedans et partir avec. D'où notre longue attente avant de pouvoir en avoir d'autres...
Et malgré l'attente, au moment où arrive enfin notre tour, un groupe surgit au dernier moment pour à nouveau monter dans un de nos cars par la force. Mais les guides ne se laissent pas faire cette fois-ci. Et c'est à grands cris qu'ils nous font grimper dedans. Direction : Muzdalifa. Nous n'en revenons cependant pas de ces méthodes !
Arrivés tard à Muzdalifa, nous ne nous y arrêterons pas et continuerons à pied jusqu'à notre campement à Mina. Une bonne demi-heure de marche avant un sommeil réparateur !
Mais revenons d'abord sur la journée.
À la différence des tentes dressées à Mina, avec branchements électriques, armatures en fer et climatisation, celles qui sont montées près du mont Arafat sont des tentes bédouines pur jus. Même tissus bariolés, même nattes à même le sol, aucune climatisation, et juste une barre de fer au centre pour maintenir le toit sur nos têtes.
Le décor, l'habitation, tout est à l'image de la journée qui s'annonce. Sommaire. Ceux d'un ermite. « Le pèlerinage, c'est Arafat », est-il dit dans la tradition islamique. Alors nul repos durant cette journée cruciale. Prières, prières, prières. Tel est le credo des pèlerins.
Chez les femmes, si certaines discutent et plaisantent, elles sont vite rappelées à l'ordre par leurs voisines. Ce qui n'est pas pour leur plaire. Même si elles s'exécutent et se taisent (ou baissent d'un ton pour les plus rebelles).
Seul le repas de midi et l'heure de la prière (celle du midi et celle de l'après-midi) viendront « perturber » des heures essentielles. Dans la tente d'à côté, quelques hommes se sont regroupés et psalmodient en chœur quelques sourates. Peu après, l'un d'eux se met à chanter des chants religieux, tandis que femmes et hommes reprennent en chœur le refrain.
Un peu avant la prière du coucher du soleil, le directeur de l'agence passe et nous enjoints de nous préparer. Il ne peut dire quand aura lieu le départ, mais il fait des pieds et des mains (au figuré comme au propre) pour avoir deux cars et nous emmener à Muzdalifa.
À nouveau, les sacs de couchage sont roulés, les sacs bouclés, et l'attente commence. D'abord sous la tente. Puis à l'entrée du camp 46b, même code que celui qui nous a été attribué à Mina, celui des Européens, des Turcs, des Américains et des Australiens.
Mais il fait chaud. Très chaud. Et l'attente est longue. Très longue. Dans le groupe, la tension monte. Ne sachant pourquoi elles attendent tant alors que les cars défilent sous leurs yeux, certaines commencent à exprimer leur mécontentement à haute voix.
Le directeur d'agence, pourtant loquace d'habitude, ne nous a effectivement pas fourni d'explications s'agissant de notre attente. Il le fait à l'occasion d'une violente altercation à l'arrivée d'un car. Un homme, exaspéré par l'attente, a forcé un bus à le prendre en montant par la fenêtre.
« Voilà ! C est ce que je voulais que vous voyiez ! », nous lance alors le chef d'agence, ajoutant : « Vous préférez attendre calmement et monter tranquillement ou avoir à vous battre pour monter dans votre car ? »
En fait, nos cars sont bien passés mais ont été littéralement « rackettés » (c'est le mot) par un autre groupe de Français ayant fait le forcing pour grimper dedans et partir avec. D'où notre longue attente avant de pouvoir en avoir d'autres...
Et malgré l'attente, au moment où arrive enfin notre tour, un groupe surgit au dernier moment pour à nouveau monter dans un de nos cars par la force. Mais les guides ne se laissent pas faire cette fois-ci. Et c'est à grands cris qu'ils nous font grimper dedans. Direction : Muzdalifa. Nous n'en revenons cependant pas de ces méthodes !
Arrivés tard à Muzdalifa, nous ne nous y arrêterons pas et continuerons à pied jusqu'à notre campement à Mina. Une bonne demi-heure de marche avant un sommeil réparateur !
J'aimerais voir ça ! La Mecque s'est vidée de ses 3 millions de pèlerins, ces derniers s'étant déversés sur Mina. Depuis la veille au soir et jusque dans l'après-midi, c'est un bal ininterrompu de cars qui ont fait la navette entre La Mecque et Mina. À La Mecque ne restent plus que les Mecquois.
Pour notre part, prévu en début de nuit, notre car nous a pris de l'hôtel, juste après la prière de l'aube. Et malgré les rappels de l'encadrement s'agissant du minimum vital à emporter, le directeur d'agence est contraint de faire des remontrances. Les pèlerins du groupe ont emporté beaucoup trop d'affaires ! À tel point que le chauffeur de bus refuse de nous ouvrir la malle. Et c'est l'encombrement ! Valisettes et sac de couchage bloquent les allées.
Il faudra beaucoup de patience pour installer tout le monde et, surtout, faire se lever les hommes pour permettre aux femmes encore debout de s'asseoir. C est que cette fois-ci, nous serons transportés dans deux 2 cars, au lieu de trois habituellement. Alors place est faite aux femmes en priorité.
Sur la route, ce ne sont que cars et autres minibus qui se suivent. Certains transportent même une bonne quinzaine de pelerins sur le toit ! D'autres, assez nombreux, ont choisi de parcourir à pieds les kms qui separent La Mecque de la station de Mina.
Porte 46b. C'est celle par laquelle nous entrons. Dans cette immense marée de tentes toutes identiques, mieux vaut retenir le chiffre. Ainsi que l'allée où se trouve notre tente. D'ailleurs, nos drapeaux de reconnaissance, violets, sont immédiatement fixés aux tentes comme signe supplémentaire distinctif.
Une fois les tentes attribuées, c'est l'installation. Aléatoire. Fastidieuse. Car malgré les consignes, les pèlerins ont emporté plus que nécessaire. Le trop-plein de bagages réduit donc l'espace. C'est donc tant bien que mal que chacun s'installe. Pour une journée consacrée à la prière et au repos. Demain est un autre jour, celui d'Arafat.
Pour notre part, prévu en début de nuit, notre car nous a pris de l'hôtel, juste après la prière de l'aube. Et malgré les rappels de l'encadrement s'agissant du minimum vital à emporter, le directeur d'agence est contraint de faire des remontrances. Les pèlerins du groupe ont emporté beaucoup trop d'affaires ! À tel point que le chauffeur de bus refuse de nous ouvrir la malle. Et c'est l'encombrement ! Valisettes et sac de couchage bloquent les allées.
Il faudra beaucoup de patience pour installer tout le monde et, surtout, faire se lever les hommes pour permettre aux femmes encore debout de s'asseoir. C est que cette fois-ci, nous serons transportés dans deux 2 cars, au lieu de trois habituellement. Alors place est faite aux femmes en priorité.
Sur la route, ce ne sont que cars et autres minibus qui se suivent. Certains transportent même une bonne quinzaine de pelerins sur le toit ! D'autres, assez nombreux, ont choisi de parcourir à pieds les kms qui separent La Mecque de la station de Mina.
Porte 46b. C'est celle par laquelle nous entrons. Dans cette immense marée de tentes toutes identiques, mieux vaut retenir le chiffre. Ainsi que l'allée où se trouve notre tente. D'ailleurs, nos drapeaux de reconnaissance, violets, sont immédiatement fixés aux tentes comme signe supplémentaire distinctif.
Une fois les tentes attribuées, c'est l'installation. Aléatoire. Fastidieuse. Car malgré les consignes, les pèlerins ont emporté plus que nécessaire. Le trop-plein de bagages réduit donc l'espace. C'est donc tant bien que mal que chacun s'installe. Pour une journée consacrée à la prière et au repos. Demain est un autre jour, celui d'Arafat.
Aujourd’hui est jour de préparatifs. La gageure : prendre le minimum d’affaires pour six jours de rituels. De Mina à Muzdalifa, en passant par Arafat, ce sont des journées d’une grande intensité qui nous attendent. Notre groupe partira en effet dès ce soir pour Mina. Là-bas, nous resterons toute la journée de dimanche, effectuant nos prières à l heure, mais raccourcies s’agissant des prières de 4 unités.
Puis, lundi matin, nous nous dirigerons vers Arafat, où nous stationnerons du lever du soleil à son coucher. C’est le point culminant du pèlerinage, son jour le plus important, celui durant lequel tous les vœux sont exaucés.
Attention, cependant, à ne pas sortir des limites du territoire de Arafat. Elles sont clairement délimitées. Là, nous effectuerons les prières du midi et de l’après-midi ensemble et raccourcies, avant de nous diriger, au coucher du soleil, vers Muzdalifa. Là nous prierons les prières du soir et de la nuit ensemble et raccourcies, dormirons, prierons la prière de l’aube, et ramasserons les petits cailloux nous servant à lapider les stèles.
Ce jour est jour de fête, celle de l’Aïd al-Adha (fête du sacrifice). Nous nous dirigerons alors vers la grande stèle afin de la lapider à sept reprises, avant de nous couper les cheveux (pour les hommes) ou une mèche (pour les femmes). À ce stade, le pèlerin est en état de désacralisation partielle. Il peut s’habiller comme il veut mais ne peut approcher son épouse.
Restés à Mina trois jours encore, nous lapiderons successivement la petite, la moyenne et la grande stèle, avant de retourner à La Mecque. Là, nous déambulerons à nouveau sept fois autour de la Kaaba (tawaf al-Ifada), et sept fois encore entre Safa et Marwa.
Ayant effectué tout ce parcours, le pèlerin est enfin en état de désacralisation totale. Il a achevé son pèlerinage. Cependant, il ne devra pas quitter La Mecque sans avoir effectué le tawaf al-Wada‘ (circumbulations d’adieu).
Quoique éprouvant, le parcours effectué par les pèlerins n’est pas dénué de sens. Ils marchent en effet dans les pas du prophète Ibrahim qui, ayant reçu l’injonction divine d’égorger son fils Ismail, se dirigea vers Mina avec ce dernier afin d’exécuter l’ordre divin. Sur son chemin, Satan lui apparut à trois reprises afin de le détourner de sa mission. Et trois fois le père et le fils lui jetèrent des cailloux pour l’éloigner. D’où la lapidation des stèles.
Puis, lundi matin, nous nous dirigerons vers Arafat, où nous stationnerons du lever du soleil à son coucher. C’est le point culminant du pèlerinage, son jour le plus important, celui durant lequel tous les vœux sont exaucés.
Attention, cependant, à ne pas sortir des limites du territoire de Arafat. Elles sont clairement délimitées. Là, nous effectuerons les prières du midi et de l’après-midi ensemble et raccourcies, avant de nous diriger, au coucher du soleil, vers Muzdalifa. Là nous prierons les prières du soir et de la nuit ensemble et raccourcies, dormirons, prierons la prière de l’aube, et ramasserons les petits cailloux nous servant à lapider les stèles.
Ce jour est jour de fête, celle de l’Aïd al-Adha (fête du sacrifice). Nous nous dirigerons alors vers la grande stèle afin de la lapider à sept reprises, avant de nous couper les cheveux (pour les hommes) ou une mèche (pour les femmes). À ce stade, le pèlerin est en état de désacralisation partielle. Il peut s’habiller comme il veut mais ne peut approcher son épouse.
Restés à Mina trois jours encore, nous lapiderons successivement la petite, la moyenne et la grande stèle, avant de retourner à La Mecque. Là, nous déambulerons à nouveau sept fois autour de la Kaaba (tawaf al-Ifada), et sept fois encore entre Safa et Marwa.
Ayant effectué tout ce parcours, le pèlerin est enfin en état de désacralisation totale. Il a achevé son pèlerinage. Cependant, il ne devra pas quitter La Mecque sans avoir effectué le tawaf al-Wada‘ (circumbulations d’adieu).
Quoique éprouvant, le parcours effectué par les pèlerins n’est pas dénué de sens. Ils marchent en effet dans les pas du prophète Ibrahim qui, ayant reçu l’injonction divine d’égorger son fils Ismail, se dirigea vers Mina avec ce dernier afin d’exécuter l’ordre divin. Sur son chemin, Satan lui apparut à trois reprises afin de le détourner de sa mission. Et trois fois le père et le fils lui jetèrent des cailloux pour l’éloigner. D’où la lapidation des stèles.
Lundi 15 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom
Aujourd’hui est un jour particulier. Vendredi, jour de grande prière à la Mosquée sacrée. Les rituels du hajj commencent dimanche et les derniers pèlerins arrivent de Médine, pour ceux qui ont commencé leur périple par cette ville. Du coup, les rues de La Mecque sont constamment pleines alors qu’à notre arrivée elles l’étaient aux heures « de pointe » essentiellement, c’est-à-dire avant et après les prières.
Prenant les devants, nous nous rendons à la mosquée sacrée à 10 h 00, et, malgré tout, nous écouterons le prêche du vendredi entre Safa et Marwa. Dans l’après-midi, j apprendrais par la télévision que nous étions plus de 1 million à prier dans la mosquée à ce moment-là ! J ai compris alors pourquoi, malgré le fait que, comme d’habitude, j’ai attendu environ 10 minutes après la fin de la prière pour sortir de la mosquée, nous avions l’impression de sortir d’un goulot d’étranglement ! Complètement collés les uns aux autres, nous avancions comme des tortues.
La sortie a bien pris une bonne vingtaine de minutes. Dans la foule bloquée, une femme pleurait : elle semblait être agoraphobe. Malgré le fait que l’on sente, du côté de l’armée et de la police surtout, une tension croissante due à l’afflux massif des derniers pèlerins, les hajji ainsi que les forces de sécurité restent, dans l’écrasante majorité, sereins. Il y a toujours un pèlerin pour en rappeler un autre à l’ordre s’il venait à s’énerver ou à bousculer.
Et malgré la foule, immense, envahissant toutes les rues et tous les boulevards adjacents aux heures de prière, femmes, hommes et enfants (oui ! il y en a, même des nourrissons !) circulent correctement.
Observant mes voisins avant le prêche, je me suis rendu compte que j’avais le Pakistan à ma gauche, l’Égypte à ma droite et le Bangladesh devant moi. Et je me suis fait la réflexion suivante : je pourrais demander à ma voisine de gauche si elle avait été touchée par les récentes inondations, et à mon voisin de droite ce qu’il pense des prochaines législatives dans son pays, ou peut être est-ce qu’il connaît Tariq Ramadan !
Mais je suis prise d’une violente quinte de toux. Et c’est un franc sourire que j’adresse à ma voisine, qui m’a administré deux bonnes claques dans le dos et m’a libéré la gorge. La climatisation et ses aléas.
Prenant les devants, nous nous rendons à la mosquée sacrée à 10 h 00, et, malgré tout, nous écouterons le prêche du vendredi entre Safa et Marwa. Dans l’après-midi, j apprendrais par la télévision que nous étions plus de 1 million à prier dans la mosquée à ce moment-là ! J ai compris alors pourquoi, malgré le fait que, comme d’habitude, j’ai attendu environ 10 minutes après la fin de la prière pour sortir de la mosquée, nous avions l’impression de sortir d’un goulot d’étranglement ! Complètement collés les uns aux autres, nous avancions comme des tortues.
La sortie a bien pris une bonne vingtaine de minutes. Dans la foule bloquée, une femme pleurait : elle semblait être agoraphobe. Malgré le fait que l’on sente, du côté de l’armée et de la police surtout, une tension croissante due à l’afflux massif des derniers pèlerins, les hajji ainsi que les forces de sécurité restent, dans l’écrasante majorité, sereins. Il y a toujours un pèlerin pour en rappeler un autre à l’ordre s’il venait à s’énerver ou à bousculer.
Et malgré la foule, immense, envahissant toutes les rues et tous les boulevards adjacents aux heures de prière, femmes, hommes et enfants (oui ! il y en a, même des nourrissons !) circulent correctement.
Observant mes voisins avant le prêche, je me suis rendu compte que j’avais le Pakistan à ma gauche, l’Égypte à ma droite et le Bangladesh devant moi. Et je me suis fait la réflexion suivante : je pourrais demander à ma voisine de gauche si elle avait été touchée par les récentes inondations, et à mon voisin de droite ce qu’il pense des prochaines législatives dans son pays, ou peut être est-ce qu’il connaît Tariq Ramadan !
Mais je suis prise d’une violente quinte de toux. Et c’est un franc sourire que j’adresse à ma voisine, qui m’a administré deux bonnes claques dans le dos et m’a libéré la gorge. La climatisation et ses aléas.

La foule, à perte de vue, à la sortie de la mosquée, après la prière du vendredi (12 novembre 2010).
Lundi 15 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom
Présents 24 heures 24 dans les Lieux saints et aux alentours, armée et police sont constamment sur le qui-vive. Mais leur présence est plus massive encore et organisée aux horaires précédant et succédant la prière.
En fait, chaque porte d’entrée à la mosquée est dotée d’un tableau électrique lumineux indiquant aux pèlerins s’il leur est possible d’entrer à la mosquée ou pas. Dès que l’enceinte est pleine, les forces de l’ordre présentes font passer les voyants lumineux du vert au rouge. C’est à cet instant que se déploie l’armée, établissant un mur de soldats infranchissable... ou presque.
Exaspérés par l’interdiction formelle qu’ils se sont vus opposer d’entrer dans l’enceinte de la mosquée, trois jeunes hommes se sont donné la main, constituant un mur identique à celui des militaires et ont ainsi pu pénétrer de force dans le lieu de culte, bousculant des soldats aussi médusés qu’hilares.
Outre leur fonction sécuritaire, les militaires présents sur les lieux durant le pèlerinage (les soldats du rang ont en moyenne la vingtaine) sont également des observateurs tour à tour moqueurs, sympathiques, interrogateurs ou franchement intransigeants.
Ce jour-là, c’est l’heure de la prière du maghrib (coucher du soleil), et faute de place à l’intérieur nous prions juste devant la Porte de la ‘umra (Bab al-‘Umra), à deux pas de la muraille militaire. Un seul rang nous en sépare, composé de femmes non arabes (leur origine n’était pas clairement identifiable). L’une d’elles demande à un militaire s’il peut lui apporter un Coran. Celui-ci s’exécute gentiment, le lui tend et l’observe, avant de se tourner vers ses camarades : « Elle lit le Coran en arabe ! », leur dit-il médusé, avant d’ajouter : « Elle lit en arabe et ne parle pas arabe ! Comment est-ce possible ! » Les autres ne savent que répondre.
Je ris sous cape. Ils viennent de découvrir que, de par le monde, beaucoup lisent les Textes sacrés dans leur langue d’origine car ils ont appris à la déchiffrer, sans forcément parler la langue arabe.
En fait, chaque porte d’entrée à la mosquée est dotée d’un tableau électrique lumineux indiquant aux pèlerins s’il leur est possible d’entrer à la mosquée ou pas. Dès que l’enceinte est pleine, les forces de l’ordre présentes font passer les voyants lumineux du vert au rouge. C’est à cet instant que se déploie l’armée, établissant un mur de soldats infranchissable... ou presque.
Exaspérés par l’interdiction formelle qu’ils se sont vus opposer d’entrer dans l’enceinte de la mosquée, trois jeunes hommes se sont donné la main, constituant un mur identique à celui des militaires et ont ainsi pu pénétrer de force dans le lieu de culte, bousculant des soldats aussi médusés qu’hilares.
Outre leur fonction sécuritaire, les militaires présents sur les lieux durant le pèlerinage (les soldats du rang ont en moyenne la vingtaine) sont également des observateurs tour à tour moqueurs, sympathiques, interrogateurs ou franchement intransigeants.
Ce jour-là, c’est l’heure de la prière du maghrib (coucher du soleil), et faute de place à l’intérieur nous prions juste devant la Porte de la ‘umra (Bab al-‘Umra), à deux pas de la muraille militaire. Un seul rang nous en sépare, composé de femmes non arabes (leur origine n’était pas clairement identifiable). L’une d’elles demande à un militaire s’il peut lui apporter un Coran. Celui-ci s’exécute gentiment, le lui tend et l’observe, avant de se tourner vers ses camarades : « Elle lit le Coran en arabe ! », leur dit-il médusé, avant d’ajouter : « Elle lit en arabe et ne parle pas arabe ! Comment est-ce possible ! » Les autres ne savent que répondre.
Je ris sous cape. Ils viennent de découvrir que, de par le monde, beaucoup lisent les Textes sacrés dans leur langue d’origine car ils ont appris à la déchiffrer, sans forcément parler la langue arabe.

À cette porte, les voyants lumineux sont verts. L’aile peut encore accueillir les pèlerins.

Alors qu’à cette porte il n’est plus possible d’entrer. Les voyants lumineux sont passés au rouge.

Jour et nuit, ces machines se déploient selon un scénario bien rodé. D’abord la zone à nettoyer est délimitée, barrée et gardée. Puis les travailleurs vêtus de bleu aspergent le sol de produits nettoyants. Ensuite ceux qui sont vêtus de vert passent à fond de train avec les raclettes. Et enfin les machines terminent le travail. Tout ce manège étant renouvelé constamment dans toute la mosquée.

Édifiés tout autour de la mosquée, ces petites tours indiquent à la fois l'heure et les horaires de chaque prière.
Dimanche 14 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom
Entre visites touristiques et prières à la Grande Mosquée, nous décidons de faire une halte dans ces grands centres commerciaux qu’abritent le Hilton, la Zamzam Tower ou encore Al Safwah Tower.
Situé à deux pas de la mosquée, le Hilton est directement accessible en sortant par la Porte du roi Fahd. L’hôtel abrite le plus ancien centre commercial de la ville : Bin Dawood, du nom du supermarché qui s’y trouve. À l’intérieur, on y trouve boutiques et restaurants sur trois étages. Le parfumeur saoudien Abdessamad Al Qurashi y côtoie les montres Rolex, des ventes aux enchères de bijoux en or y sont organisées, nous y avons même vu une abaya (ce long manteau noir porté par les femmes du Golfe) entièrement brodée de cristaux Swarovski. Nous aurions pu l’emporter pour la modique somme de 2 200 riyals (environ 450 euros) !
Librairies, jouets made in China, boutiques ultra chics de miels, de muscs et autres vêtements traditionnels saoudiens, on y trouve de tout, à des prix sensiblement, voire largement, plus chers que dans les souks emplissant les rues environnant la Grande Mosquée. Par exemple, le même chapelet peut être acheté 5 riyals à Bin Dawood et 2 riyals sur les souks. Bien entendu, sur certains produits comme les vêtements ou la parfumerie, la qualité y est supérieure, donc plus chère, que sur les souks, sachant qu`il est possible de marchander partout.
Tous les commerçants chez qui vous vous arrêtez ou presque s’enquièrent de votre provenance. Quand nous évoquons la France, certains lâchent : « Ah ! Zinedine Zidane ! » D`autres nous lancent un « Bonjour ! », fiers d’eux.
D’autres encore, pour qui « Français » égale « Blanc », s’interrogent. Nous expliquons alors notre double culture, le pays d’origine de nos parents, et ils sont alors curieux de savoir pourquoi nos parents ont émigré précisément en France. Trop long à expliquer. La subsistance, lâchons-nous. Pour certains commerçants, c’est le même motif qui les a conduits en Arabie Saoudite. L’un d’eux, un Birman, ayant appris le pays d’origine de mon époux, lui lance : « Marhaba ! Nous sommes voisins ! »
Situé à deux pas de la mosquée, le Hilton est directement accessible en sortant par la Porte du roi Fahd. L’hôtel abrite le plus ancien centre commercial de la ville : Bin Dawood, du nom du supermarché qui s’y trouve. À l’intérieur, on y trouve boutiques et restaurants sur trois étages. Le parfumeur saoudien Abdessamad Al Qurashi y côtoie les montres Rolex, des ventes aux enchères de bijoux en or y sont organisées, nous y avons même vu une abaya (ce long manteau noir porté par les femmes du Golfe) entièrement brodée de cristaux Swarovski. Nous aurions pu l’emporter pour la modique somme de 2 200 riyals (environ 450 euros) !
Librairies, jouets made in China, boutiques ultra chics de miels, de muscs et autres vêtements traditionnels saoudiens, on y trouve de tout, à des prix sensiblement, voire largement, plus chers que dans les souks emplissant les rues environnant la Grande Mosquée. Par exemple, le même chapelet peut être acheté 5 riyals à Bin Dawood et 2 riyals sur les souks. Bien entendu, sur certains produits comme les vêtements ou la parfumerie, la qualité y est supérieure, donc plus chère, que sur les souks, sachant qu`il est possible de marchander partout.
Tous les commerçants chez qui vous vous arrêtez ou presque s’enquièrent de votre provenance. Quand nous évoquons la France, certains lâchent : « Ah ! Zinedine Zidane ! » D`autres nous lancent un « Bonjour ! », fiers d’eux.
D’autres encore, pour qui « Français » égale « Blanc », s’interrogent. Nous expliquons alors notre double culture, le pays d’origine de nos parents, et ils sont alors curieux de savoir pourquoi nos parents ont émigré précisément en France. Trop long à expliquer. La subsistance, lâchons-nous. Pour certains commerçants, c’est le même motif qui les a conduits en Arabie Saoudite. L’un d’eux, un Birman, ayant appris le pays d’origine de mon époux, lui lance : « Marhaba ! Nous sommes voisins ! »

Al Safwah Tower, un des trois hôtels entourant la Grande Mosquée et abritant un mall.
La veille, le directeur d’agence nous a convoqué pour 8 h 00, juste après le petit déjeuner pris quotidiennement à 7 h 00. But du rassemblement des 120 pèlerins de l’agence : une visite, à la fois touristique et de repérage des lieux du pèlerinage (Mina, Arafat) et de ceux de l’Histoire, prophétique s’entend (grotte de Hira où débuta la Révélation, mont Thawr où se cachèrent le Prophète et Abû Bakr, fuyant La Mecque pour Médine).
À nouveau divisés en trois groupes, nous grimpons dans trois cars. Première destination : la grotte de Hira. Et première surprise aussi : le lieu où le Prophète avait l’habitude de se retirer pour méditer est très haut, situé dans une montagne aussi rocailleuse que sèche, et se trouve assez éloigné de La Mecque. Nous imaginons alors les trajets parcourus, et nous nous rappelons également que nos pieux prédécesseurs n’avaient absolument pas la même notion des distances que nous aujourd'hui.
D’autres pèlerins, également venus en visite, gravissent la montagne pour atteindre la grotte, formant une immense colonne blanche serpentant jusque très haut.
Deuxième lieu visité, ou plutôt traversé en car, Mina. Des tentes à perte de vue, voilà ce qu’est Mina. Une ville de tentes vides toute l’année et utilisées exclusivement durant la période du hajj. Auparavant, ces tentes étaient montées spécifiquement pour le pèlerinage. Mais, depuis le gigantesque incendie qui a ravagé Mina en 1997, les autorités saoudiennes ont construit des tentes en dur, ultramodernes et ininflammables, montées toute l’année et entretenues pour le hajj.
À la sortie de Mina apparaît le mont Arafat, noir de monde. Comme à Hira, les pèlerins gravissent la montagne, qui pour se prendre en photo au sommet, qui pour avoir une vision d ensemble du territoire de Arafat. Pourtant, un immense panneau indique en arabe, en persan, en malais et en anglais que gravir la montagne n’est nullement une tradition prophétique.
L’ambiance est plus touristique que pieuse. Il est effectivement possible de se faire photographier devant le mont, de faire un tour à dos de dromadaire ou encore d’acheter souvenir ou henné.
Enfin reparti, le car nous mène au mont Thawr. Sur le chemin, une vision nous rappelle qu’ici les avancées et changements sont perpétuels, celle du train devant, à compter de 2011, pouvoir transporter les pèlerins de La Mecque à Mina. Encore à l’essai, il devrait être testé cette année par les pèlerins saoudiens.
À nouveau divisés en trois groupes, nous grimpons dans trois cars. Première destination : la grotte de Hira. Et première surprise aussi : le lieu où le Prophète avait l’habitude de se retirer pour méditer est très haut, situé dans une montagne aussi rocailleuse que sèche, et se trouve assez éloigné de La Mecque. Nous imaginons alors les trajets parcourus, et nous nous rappelons également que nos pieux prédécesseurs n’avaient absolument pas la même notion des distances que nous aujourd'hui.
D’autres pèlerins, également venus en visite, gravissent la montagne pour atteindre la grotte, formant une immense colonne blanche serpentant jusque très haut.
Deuxième lieu visité, ou plutôt traversé en car, Mina. Des tentes à perte de vue, voilà ce qu’est Mina. Une ville de tentes vides toute l’année et utilisées exclusivement durant la période du hajj. Auparavant, ces tentes étaient montées spécifiquement pour le pèlerinage. Mais, depuis le gigantesque incendie qui a ravagé Mina en 1997, les autorités saoudiennes ont construit des tentes en dur, ultramodernes et ininflammables, montées toute l’année et entretenues pour le hajj.
À la sortie de Mina apparaît le mont Arafat, noir de monde. Comme à Hira, les pèlerins gravissent la montagne, qui pour se prendre en photo au sommet, qui pour avoir une vision d ensemble du territoire de Arafat. Pourtant, un immense panneau indique en arabe, en persan, en malais et en anglais que gravir la montagne n’est nullement une tradition prophétique.
L’ambiance est plus touristique que pieuse. Il est effectivement possible de se faire photographier devant le mont, de faire un tour à dos de dromadaire ou encore d’acheter souvenir ou henné.
Enfin reparti, le car nous mène au mont Thawr. Sur le chemin, une vision nous rappelle qu’ici les avancées et changements sont perpétuels, celle du train devant, à compter de 2011, pouvoir transporter les pèlerins de La Mecque à Mina. Encore à l’essai, il devrait être testé cette année par les pèlerins saoudiens.
Apparemment, le must have de chaque pèlerin cette année, c’est cette sacoche portée soit en bandoulière soit sur l’épaule. Elle fait apparemment fureur car elle est l’alliée de la grande majorité.
C’est une sacoche à fermeture éclair, carrée, contenant, selon les bourses et l’endroit où le pèlerin l’achète, soit un tapis de prière seul, soit accompagné d’un « protège-Coran » assorti (oui ! c’est comme un protège-cahier, mais pour Coran).
Tous les commerçants proposent cette sacoche et l’expose bien en vue. Elle est faite de velours à très jolis motifs et est même déclinée en sacoche spéciale pour les jours du rite à Mina, Arafat, etc. : celle-ci est en plastique et comporte alors un tapis de prière intégré, cousu à la sacoche. Il ne reste plus qu’à l’ouvrir et à la déployer. Leurs prix ? Entre 10 et 50 riyals.
C’est une sacoche à fermeture éclair, carrée, contenant, selon les bourses et l’endroit où le pèlerin l’achète, soit un tapis de prière seul, soit accompagné d’un « protège-Coran » assorti (oui ! c’est comme un protège-cahier, mais pour Coran).
Tous les commerçants proposent cette sacoche et l’expose bien en vue. Elle est faite de velours à très jolis motifs et est même déclinée en sacoche spéciale pour les jours du rite à Mina, Arafat, etc. : celle-ci est en plastique et comporte alors un tapis de prière intégré, cousu à la sacoche. Il ne reste plus qu’à l’ouvrir et à la déployer. Leurs prix ? Entre 10 et 50 riyals.

Ce modèle, acheté au souk traditionnel, a coûté 15 riyals.

Alors que celui-ci, pris au mall du Safwah Tower, coûte 50 riyals.
Samedi 13 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom
Les rangs se resserrent. D’autant plus que plus nous approchons de la Kaâba, plus le risque de perdre quelqu’un est grand. D’où une vigilance accrue des guides. Mais, malgré notre présence dans le carré central, la foule n’est pour le moment pas trop dense, pas trop dangereuse pour la cohésion du groupe.
C’est donc sans grand encombre que nous nous dirigeons vers le signe de départ des circumbulations : deux immenses néons émettant une lumière verte situés en face du coin où se trouve la pierre noire. C’est arrivé à ce niveau que commence le décompte des tours.
Des tours durant lesquels, à côté des invocations spécifiques que rappelleront les guides, le pèlerin invoque Dieu et se tourne vers Lui pour exprimer vœux, souhaits, implorations. « Invoquez-Le en berbère, en français, en chinois : l’essentiel, c est que votre prière Lui soit adressée avec le cœur ! », rappelle régulièrement le directeur de l’agence à ceux qu’il voit munis d’ouvrages remplis d invocations. « Oubliez les livres ! Vous vous focalisez sur le déchiffrage des invocations, en oubliant d’y mettre le cœur. Dites ce qu’il vous vient à l’instant ! »
Les sept circumbulations sont également l’occasion pour nous d’observer nos coreligionnaires du monde entier. Et si l’on devait faire court, nous pourrions décrire comme suit certains d’entre eux.
Les Indonésiens sont impressionnants, comme soudés les uns aux autres, défilant au pas comme une colonne de troupes, et scandant les invocations à l’unisson derrière un meneur.
Lentement mais sûrement, ainsi pourrait-on décrire la manière dont les Iraniens effectuent leur tawaf. La prestance les caractérise également, tandis qu’ils interprètent magnifiquement chants à la gloire de Dieu et invocations.
Toutes de rose vêtues, les Turques, reconnaissables aussi bien à la manière particulière qu’elles ont d’ajuster leurs voiles qu’aux sacs tous identiques qu’elles portent en bandoulière, préfèrent, quant à elles, s’agripper à leurs époux et défiler ainsi groupés.
Très observés à leur passage, les Palestiniens défilent comme ils manifestent, un grand drapeau brandi en tête de cortège.
C’est donc sans grand encombre que nous nous dirigeons vers le signe de départ des circumbulations : deux immenses néons émettant une lumière verte situés en face du coin où se trouve la pierre noire. C’est arrivé à ce niveau que commence le décompte des tours.
Des tours durant lesquels, à côté des invocations spécifiques que rappelleront les guides, le pèlerin invoque Dieu et se tourne vers Lui pour exprimer vœux, souhaits, implorations. « Invoquez-Le en berbère, en français, en chinois : l’essentiel, c est que votre prière Lui soit adressée avec le cœur ! », rappelle régulièrement le directeur de l’agence à ceux qu’il voit munis d’ouvrages remplis d invocations. « Oubliez les livres ! Vous vous focalisez sur le déchiffrage des invocations, en oubliant d’y mettre le cœur. Dites ce qu’il vous vient à l’instant ! »
Les sept circumbulations sont également l’occasion pour nous d’observer nos coreligionnaires du monde entier. Et si l’on devait faire court, nous pourrions décrire comme suit certains d’entre eux.
Les Indonésiens sont impressionnants, comme soudés les uns aux autres, défilant au pas comme une colonne de troupes, et scandant les invocations à l’unisson derrière un meneur.
Lentement mais sûrement, ainsi pourrait-on décrire la manière dont les Iraniens effectuent leur tawaf. La prestance les caractérise également, tandis qu’ils interprètent magnifiquement chants à la gloire de Dieu et invocations.
Toutes de rose vêtues, les Turques, reconnaissables aussi bien à la manière particulière qu’elles ont d’ajuster leurs voiles qu’aux sacs tous identiques qu’elles portent en bandoulière, préfèrent, quant à elles, s’agripper à leurs époux et défiler ainsi groupés.
Très observés à leur passage, les Palestiniens défilent comme ils manifestent, un grand drapeau brandi en tête de cortège.
Vendredi 12 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom
Rendez-vous a donc été pris à 21 h 00 à la réception de l’hôtel pour nous rendre à la Grande Mosquée effectuer la ‘umra (il existe trois façons d`accomplir le hajj : nous faisons celui qui est nommé tamattu‘) : les 7 circumbulations d’arrivée (tawaf al-qudum) et les 7 allées et venues entre les collines de Safa et Marwa, suivi de la coupe des cheveux pour les hommes et d'une mèche pour les femmes.
Le temps de rassembler tout le monde, de vérifier la présence de tous, il est 21 h 20 quand le groupe démarre ; les hommes ceints du pagne blanc, tandis que les femmes ont noué autour du cou le grand châle vert que l’agence leur a distribué avant le départ.
C'est en rangs serrés que nous parcourons les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la Mosquée sacrée. Sur trois guides, deux ont déjà effectué la ‘umra dans la journée, afin de pouvoir se concentrer exclusivement sur l’encadrement du groupe par la suite. Munis de gilets fluorescents, ils s’assurent que femmes et hommes restent bien groupés, tandis que le troisième guide et le directeur de l’agence, à l avant, rappellent régulièrement aux pèlerins la marche à suivre, les rituels à respecter, les invocations spécifiques à dire. Il faut dire que la moyenne d’âge du groupe tourne autour de 50 ans.
Quand, coupant court à travers la Mosquée sacrée, nous arrivons au cœur et apparaît la Kaâba, un frisson parcourt le groupe. Il est palpable. Certains pleurent. D’autres, le souffle court, répètent, comme pétrifiés : « Allah ! Allah ! Allah ! »
Majesté, grâce, somptuosité, les mots manquent pour décrire la première vision de la Kaâba. D’ailleurs, le groupe ne la lâche plus du regard, en oubliant parfois d’avancer. Au risque de se perdre. Un bref rappel à l’ordre des encadrants, et le premier moment de stupeur passé, et c’est reparti.
Nous pourrions continuer longtemps cette liste descriptive tellement La Mecque regorge de musulmans des quatre coins du globe. Birmans, Kényans, Tadjiks, Italiens, Américains, Russes, Chinois, Maliens, etc., tous nous rappellent avec éclat que « musulman » est loin de signifier « arabe » !
Il est 1 h 00 du matin quand nous quittons la Mosquée sacrée, notre ‘umra achevée, épuisés mais heureux.
Le temps de rassembler tout le monde, de vérifier la présence de tous, il est 21 h 20 quand le groupe démarre ; les hommes ceints du pagne blanc, tandis que les femmes ont noué autour du cou le grand châle vert que l’agence leur a distribué avant le départ.
C'est en rangs serrés que nous parcourons les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la Mosquée sacrée. Sur trois guides, deux ont déjà effectué la ‘umra dans la journée, afin de pouvoir se concentrer exclusivement sur l’encadrement du groupe par la suite. Munis de gilets fluorescents, ils s’assurent que femmes et hommes restent bien groupés, tandis que le troisième guide et le directeur de l’agence, à l avant, rappellent régulièrement aux pèlerins la marche à suivre, les rituels à respecter, les invocations spécifiques à dire. Il faut dire que la moyenne d’âge du groupe tourne autour de 50 ans.
Quand, coupant court à travers la Mosquée sacrée, nous arrivons au cœur et apparaît la Kaâba, un frisson parcourt le groupe. Il est palpable. Certains pleurent. D’autres, le souffle court, répètent, comme pétrifiés : « Allah ! Allah ! Allah ! »
Majesté, grâce, somptuosité, les mots manquent pour décrire la première vision de la Kaâba. D’ailleurs, le groupe ne la lâche plus du regard, en oubliant parfois d’avancer. Au risque de se perdre. Un bref rappel à l’ordre des encadrants, et le premier moment de stupeur passé, et c’est reparti.
Nous pourrions continuer longtemps cette liste descriptive tellement La Mecque regorge de musulmans des quatre coins du globe. Birmans, Kényans, Tadjiks, Italiens, Américains, Russes, Chinois, Maliens, etc., tous nous rappellent avec éclat que « musulman » est loin de signifier « arabe » !
Il est 1 h 00 du matin quand nous quittons la Mosquée sacrée, notre ‘umra achevée, épuisés mais heureux.

L’entrée de la mosquée du côté de Marwa, et en arrière-plan l’horloge de La Mecque.

En sortant de la Mosquée sacrée, du côté de la colline de Marwa, les barber shop s’étalent sur près de 100 mètres. Idéalement placés, ils coupent les cheveux des hajjis venant d’effectuer les circumbulations entre Safa et Marwa, et ne désemplissent pas.
L’attente à Jeddah a été longue, mais, d’un côté, malgré l’immense fatigue, je me dis que nous entrerons dans La Mecque de jour. De nuit, nous n’aurions rien vu.
C est donc après près d’une heure de trajet que nous arrivons à une sorte de check-point. C’est la limite des Lieux saints, du territoire sacré. Le groupe, qui s’était assoupi, s’éveille d’un coup, comme revigoré par la nouvelle.
Après ce passage, nous roulons encore une bonne vingtaine de minutes à travers la « banlieue » du Saint des saints, avant de nous arrêter à nouveau. Nous devons laisser nos passeports au bureau 46, un bâtiment rassemblant les passeports des pèlerins issus de Turquie, d’Europe, d’Amérique et d’Australie. En échange, on nous délivre un bracelet à ne retirer sous aucun prétexte. Il nous servira à nous retrouver s’il nous arrivait de nous perdre.
Un guide grimpe alors avec nous dans le car. Direction : l’hôtel. Situé à 300 mètres de la Grande Mosquée, du côté de la colline de Marwa, c’est un hôtel 3 étoiles local, tout à fait correct et surtout propre. Le directeur de l’agence, qui nous a devancés, procède à la répartition des chambres : quatre pèlerins par chambre. Hommes et femmes séparées. L’hôtel dispose, à chaque étage, de six chambres et de deux cuisines.
Pour ma part, j’ai opté pour la chambre double. Pour un supplément de 1 000 euros pour notre couple, le directeur d’agence nous a dégoté une chambre spacieuse avec douche, toilettes et kitchenette. Il nous avait promis que ce serait « correct ». Nous sommes comblés !
Mais le groupe est épuisé ! Alors, malgré notre pressante envie de nous rendre à la Grande Mosquée voir la Kaâba, nous décidons d’un commun accord de nous reposer, de nous restaurer et de nous y rendre après la prière de la nuit.
C est donc après près d’une heure de trajet que nous arrivons à une sorte de check-point. C’est la limite des Lieux saints, du territoire sacré. Le groupe, qui s’était assoupi, s’éveille d’un coup, comme revigoré par la nouvelle.
Après ce passage, nous roulons encore une bonne vingtaine de minutes à travers la « banlieue » du Saint des saints, avant de nous arrêter à nouveau. Nous devons laisser nos passeports au bureau 46, un bâtiment rassemblant les passeports des pèlerins issus de Turquie, d’Europe, d’Amérique et d’Australie. En échange, on nous délivre un bracelet à ne retirer sous aucun prétexte. Il nous servira à nous retrouver s’il nous arrivait de nous perdre.
Un guide grimpe alors avec nous dans le car. Direction : l’hôtel. Situé à 300 mètres de la Grande Mosquée, du côté de la colline de Marwa, c’est un hôtel 3 étoiles local, tout à fait correct et surtout propre. Le directeur de l’agence, qui nous a devancés, procède à la répartition des chambres : quatre pèlerins par chambre. Hommes et femmes séparées. L’hôtel dispose, à chaque étage, de six chambres et de deux cuisines.
Pour ma part, j’ai opté pour la chambre double. Pour un supplément de 1 000 euros pour notre couple, le directeur d’agence nous a dégoté une chambre spacieuse avec douche, toilettes et kitchenette. Il nous avait promis que ce serait « correct ». Nous sommes comblés !
Mais le groupe est épuisé ! Alors, malgré notre pressante envie de nous rendre à la Grande Mosquée voir la Kaâba, nous décidons d’un commun accord de nous reposer, de nous restaurer et de nous y rendre après la prière de la nuit.

Le bracelet que chaque pèlerin porte a été distribué à notre entrée, dans La Mecque, par le bureau de notre région d’origine. Celui-ci, rouge, est porté par les personnes originaires de Turquie, d’Europe, d’Amérique et d’Australie. Petit clin d’œil : la Turquie avec l’Europe, un signe d’entrée prochaine dans l’Union européenne ?
10 h 00. Aéroport Paris-Roissy-Charles-de-Gaulle. Terminal 3. Nous sommes comme qui dirait « dans la place ». Déjà les futurs pèlerins et leurs familles sont présents en masse. Certains sont là depuis 7 h 00 du matin : nous ! Pourtant, la place « convoc » distribuée par l’agence demandait notre présence à 10 h 00. Pour un vol prévu à 14 h 55, finalement retardé et qui décollera à 16 h 55.
Entre-temps, c’est l’attente. À l enregistrement des bagages d’abord. Au portique de sécurité ensuite. Il faut dire que les femmes voilées sont systématiquement palpées, qu’elles affolent les détecteurs de métaux ou pas. C est ce que m’indique la jeune femme qui me fouille. « Au début, ils voulaient qu’on fasse enlever le voile à chaque femme qui passe », me dit-elle. « On a tous refusé. » C est donc la fouille qui a été imposée. « C’est de la discrimination », lâche-t-elle. Nous ne pouvons qu’acquiescer. Mais déjà notre esprit est en partie là-bas, à La Mecque, alors la discrimination et ses dégâts, on verra au retour ! Insha Allah !
Dans la salle d’embarquement ceux qui arrivent déroulent leurs tapis, font leurs prières (celles de midi et de l’après-midi sont effectuées en même temps et raccourcies par le voyageur) et mangent un morceau. Puis chacun occupe le temps à sa façon : certains discutent, d’autres dorment, d’autres encore observent le va-et-vient des avions. Enfin, vers 16 h 30, l’embarquement commence.
C'est un 747 de la Saudi Airlines qui nous accueille. Spacieux, immense, l’embarquement « Oiseau » décolle en douceur pour un vol qui durera 5 h 15. Destination : Jeddah. À bord, les hôtesses et stewards sont philippins. À la question, un brin provocatrice, que nous posons pour savoir si les plats servis sont halal, l’hôtesse qui nous sert répond : « What’s that ? »
L'aéroport, spécialement construit pour le transit des pèlerins, est immense. Il est 00 h 30 quand nous arrivons. C’est une navette qui nous emmène jusqu'aux bâtiments aéroportuaires. Là, la première vérification concerne les vaccins. C’est un représentant du ministère de la Santé qui effectue les contrôles. Puis viennent les vérifications d identité. Commence le brassage des origines. Délégations turques et subsahariennes défilent devant nous pour passer la douane.
Nos valises récupérées, nous présentons ce qu’ils appellent ici les vérifications « chèques tanazul ». Ce sont ces chèques, indispensables, que paie l’agence pour les transports en car : de Jeddah à La Mecque, de La Mecque à Mina et de La Mecque à Médine.
Il est déjà 3 h 00 du matin. Le directeur de l’agence et les trois guides qu’il a mandatés nous séparent en trois groupes, qui monteront dans trois cars en partance pour La Mecque. Sauf que, le temps étant écoulé, nous tombons au moment du changement des équipes de conducteurs. Alors nous attendons qu’elles reprennent place. Vers 6 h 00 du matin, nous grimpons dans le car n° 2. Direction : La Mecque !
Entre-temps, c’est l’attente. À l enregistrement des bagages d’abord. Au portique de sécurité ensuite. Il faut dire que les femmes voilées sont systématiquement palpées, qu’elles affolent les détecteurs de métaux ou pas. C est ce que m’indique la jeune femme qui me fouille. « Au début, ils voulaient qu’on fasse enlever le voile à chaque femme qui passe », me dit-elle. « On a tous refusé. » C est donc la fouille qui a été imposée. « C’est de la discrimination », lâche-t-elle. Nous ne pouvons qu’acquiescer. Mais déjà notre esprit est en partie là-bas, à La Mecque, alors la discrimination et ses dégâts, on verra au retour ! Insha Allah !
Dans la salle d’embarquement ceux qui arrivent déroulent leurs tapis, font leurs prières (celles de midi et de l’après-midi sont effectuées en même temps et raccourcies par le voyageur) et mangent un morceau. Puis chacun occupe le temps à sa façon : certains discutent, d’autres dorment, d’autres encore observent le va-et-vient des avions. Enfin, vers 16 h 30, l’embarquement commence.
C'est un 747 de la Saudi Airlines qui nous accueille. Spacieux, immense, l’embarquement « Oiseau » décolle en douceur pour un vol qui durera 5 h 15. Destination : Jeddah. À bord, les hôtesses et stewards sont philippins. À la question, un brin provocatrice, que nous posons pour savoir si les plats servis sont halal, l’hôtesse qui nous sert répond : « What’s that ? »
L'aéroport, spécialement construit pour le transit des pèlerins, est immense. Il est 00 h 30 quand nous arrivons. C’est une navette qui nous emmène jusqu'aux bâtiments aéroportuaires. Là, la première vérification concerne les vaccins. C’est un représentant du ministère de la Santé qui effectue les contrôles. Puis viennent les vérifications d identité. Commence le brassage des origines. Délégations turques et subsahariennes défilent devant nous pour passer la douane.
Nos valises récupérées, nous présentons ce qu’ils appellent ici les vérifications « chèques tanazul ». Ce sont ces chèques, indispensables, que paie l’agence pour les transports en car : de Jeddah à La Mecque, de La Mecque à Mina et de La Mecque à Médine.
Il est déjà 3 h 00 du matin. Le directeur de l’agence et les trois guides qu’il a mandatés nous séparent en trois groupes, qui monteront dans trois cars en partance pour La Mecque. Sauf que, le temps étant écoulé, nous tombons au moment du changement des équipes de conducteurs. Alors nous attendons qu’elles reprennent place. Vers 6 h 00 du matin, nous grimpons dans le car n° 2. Direction : La Mecque !

Valises, badges, sac de couchage pour passer la nuit a Muzdalifa, foulard vert de reconnaissance du groupe, tout est prêt pour le Grand Voyage.
Profil
Assmaâ Rakho-Mom
« Pourquoi ne pas partager ce que je découvre et je vis d’intense, chaque jour, depuis notre départ ? », me suis-je dit après quelques jours passés à La Mecque, où j’effectue cette année le pèlerinage (hajj) en compagnie de mon époux. Journaliste puis pigiste à Saphirnews.com depuis 2005, j ai donc créé cette rubrique, qui tentera de vous relater autant que faire se peut nos journées vécues dans les Lieux saints de l’islam.
-
Au-delà des rites : le soufisme, une voie de lumière spirituelle
25/07/2025 -
« Il n’y a pas d’alternative » : la France annonce sa reconnaissance de l'Etat de Palestine
24/07/2025 -
Trop, c'est trop : Gaza crève de faim
24/07/2025 -
Deux arrêtés interdisant le burkini sur des plages françaises suspendus par la justice administrative
24/07/2025 -
Débaptisation du boulevard Stalingrad près de Nice : un exemple qui mériterait d’être suivi ailleurs
23/07/2025 -
Israël - Gaza : une coalition de 25 pays appelle au cessez-le-feu immédiat, leur déclaration
22/07/2025 -
Paris : une confrérie soufie se rassemble place de la République, l'extrême droite fulmine
21/07/2025 -
Israël-Palestine : le fratricide de Caïn et Abel sans cesse recommencé
21/07/2025 -
Quelle place donner au divertissement dans ma vie ?
19/07/2025 -
La libération de Georges Ibrahim Abdallah actée avec retour vers son Liban natal
17/07/2025