En direct du pèlerinage

RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile

Vendredi 24 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


La façade de notre hôtel à Médine
La façade de notre hôtel à Médine
Le départ de Médine vers Paris n'aura lieu que dans la nuit du 4 au 5 décembre mais, déjà, ce matin, nous devons avoir descendu nos valises dans le hall de l'hôtel. Ils seront chargés dans une camionnette, acheminés et enregistrés avant notre arrivée à l'aéroport.

Notre dernière journée se passe donc entre préparatifs de départ et dernières sorties dans la ville du Prophète. Nous sommes alors partagés entre la tristesse de quitter les Lieux saints et la joie de rentrer au pays et de retrouver nos proches. Une chose est sûre, nous nous promettons de revenir un jour. Le plus tôt serait le mieux.

Notre vol est prévu à 4 h 00 du matin, le 5 décembre. Vers minuit, il nous est demandé de descendre, car les cars nous attendent au pied de l'hôtel. Direction : l'aéroport. Le trajet dure une vingtaine de minutes. Dans le car, c'est le silence. Si certains, à cette heure tardive, se sont assoupis, d'autres ne détachent pas leurs yeux du paysage, comme désireux de garder jusqu'au bout devant leurs yeux les images de cette terre sainte.

A l'aéroport, nous sommes séparés en deux files pour passer le portique de sécurité : les hommes à gauche et les femmes à droite. Tandis que les hommes passent sous le portique, nous, les femmes, déposons seulement nos sacs avant de passer dans une salle et d'être fouillées au corps par une femme.

Le temps d'arriver, de fouiller tout le monde, il est déjà 2 h 00 du matin. L'attente est ensuite d'environ une heure et demie. Pendant ce laps de temps, nous apprenons que notre avion aura finalement deux heures de retard. Nous décollerons à 6 h 00 du matin. Et juste avant notre montée dans la navette qui doit nous mener à l'avion, un exemplaire du Coran nous est offert.

Cinq heures plus tard, le commandant de bord nous annonce qu'il amorce sa descente en vue de l'atterrissage à Roissy-Charles-de-Gaulle. Roissy, où il fait ce jour-là 2 °C ! Par le hublot, la vue est sublime ! La France sous la neige, nous n'avions plus vu ces images depuis longtemps. Et, surtout, jamais depuis un avion, passant de 28 °C à 2 °C ! Le choc thermique est rude. Pour la plupart, nous n'avions pas prévu le paramètre du temps. C'est donc pour beaucoup en jellaba légère que nous effectuons notre descente d'avion.

Il nous faudra près de deux heures pour retirer nos bagages, avant de pouvoir enfin nous diriger vers la sortie. Là, les pèlerins sont « lâchés » au compte-goutte dans le tunnel de sortie, où les attendent leurs familles avec force youyous, dattes et lait. Quant à nous, nous préférons nous éclipser rapidement pour retrouver les nôtres.


Vendredi 24 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


J.29 : 3 déc. 2010 - Une expo sous un chapiteau
A Médine, derrière la mosquée du Prophète, un immense chapiteau a été dressé abritant d'un côté une exposition et de l'autre un grand marché proposant exclusivement des dattes.

Sur l'image ci-contre, on peut voir une maquette réalisée pour l'expo et représentant la ville de Médine au moment de l'hégire.

L'exposition était ouverte à tous et gratuite. De même, des guides s'exprimant en arabe, anglais, farsi et urdu étaient disponibles également gratuitement pour effectuer des visites guidées soit en groupe soit en individuel.

J.29 : 3 déc. 2010 - Une expo sous un chapiteau
Ici (à gauche), c'est la mosquée du Prophète telle qu'elle a été construite au tout début que l'on peut voir. Accolées à la mosquée, les habitations de Aïcha et Sawda, épouses du Prophète.

J.29 : 3 déc. 2010 - Une expo sous un chapiteau
Là (à droite), c'est une reconstitution des objets et aliments du quotidien du Prophète que les exposants nous présentaient. Sur le sol, une natte sur laquelle dormait l'Envoyé de Dieu. En arrière plan, la réplique de son oreiller, puis celle de sa gourde. Au milieu, certains des aliments favoris du Prophète : la courge, les dattes et l'orge. Et enfin en premier plan la réplique du plat dans lequel il mangeait.


Vendredi 17 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


J.28 : 2 déc. 2010 − Pas de verrous dans le souk !
Autour de la mosquée du Prophète, à Médine, se trouve un souk aux innombrables étals. Certains marchands étalent leurs produits à même le sol. D'autres présentent leur marchandises sur de petits chariots.

Mais, arrivée l'heure de la fermeture, soit à peu près une heure, voire deux pour les plus tardifs, après la prière de la nuit (22 h 00 environ), tous ces commerçants ferment de la même manière : une bâche et quelques pierres ! Pas de verrou, pas de porte blindée, pas de gardien ni de cadenas. La marchandise reste ainsi, protégée de cette simple bâche bleue et des pierres la maintenant...

J.28 : 2 déc. 2010 − Pas de verrous dans le souk !
... et le lendemain matin, petit à petit, chacun « rouvre » boutique. Les bâches sont ôtées et le commerce reprend ses droits.


Jeudi 16 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


Mosquée de Quba, dans les environs de Médine
Mosquée de Quba, dans les environs de Médine
Pour ce dernier jour de « visites touristiques », à nouveau le groupe est séparé en trois cars. Direction : mosquée de Quba, mosquée « des deux qiblas » et mont Uhud.

La mosquée de Quba est la première mosquée à avoir été construite. Elle l'a été durant l'hégire du Prophète de La Mecque à Médine. La tradition veut que le prophète Muhammad s'y rendait à dos de chameau tous les samedis afin d'y effectuer deux unités de prière. Renouveler cette tradition prophétique équivaut pour le musulman à la réalisation d'un petit pèlerinage, selon les propos rapportés du Prophète.

Après cette première visite donc, nous reprenons la route. Mais entre-temps (nous l'apprendrons plus tard), le chauffeur du car insiste auprès du directeur d'agence afin d'emmener le groupe dans ce qu'ils appellent ici une ferme et qui est en fait une palmeraie où se sont installés des commerçants. Le chef d'agence refuse d'abord, mais, devant l'insistance du chauffeur, il finit par céder.

En fait, le chauffeur de bus a un accord avec le commerçant principal, le plus gros, qui vend tous types de dattes. Le conducteur lui amène des clients potentiels, en l'occurrence les pèlerins, et lui le rémunère. Assez peu pourtant, comparé au nombre de clients qui se déversent et surtout au nombre de ceux qui achètent : 50 riyals (10 euros) !

La mosquée « des deux qiblas » est ainsi surnommée, car dans ce lieu eut lieu le changement de direction de la prière. Alors qu'initialement les musulmans priaient en direction de Jérusalem, il fut révélé au Prophète de changer de direction et de s'orienter dorénavant vers La Mecque.

Le mont Uhud est une petite chaîne de montagne
Le mont Uhud est une petite chaîne de montagne


Lundi 13 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


Aujourd'hui est jour de visite. THE visite, comme qui dirait !... La visite au tombeau du Prophète dans la mosquée de Médine.

La présence de la sépulture prophétique à l'intérieur de la mosquée est due à l'agrandissement de celle-ci. En effet, le Prophète Muhammad a été enterré dans la maison de son épouse Aïsha, maison qui jouxtait la mosquée à l'époque. Depuis, le lieu de prière s'est agrandi autour de cette tombe.

Les hommes, eux, ont libre accès à la tombe prophétique, tandis que les femmes ont des créneaux horaires réservés. En l'occurrence, elles peuvent visiter la tombe après la prière de l'aube, après celle de midi et après celle de la nuit.

À notre arrivée à la mosquée, porte 25, il nous est demandé de quel pays nous venons. Je dis « France » et me vois rétorquer : « Mais vous êtes Arabe ? »« Euh... non, Française »« D'origine arabe ? »« Euh... oui »« Alors, prenez votre droite et patientez avec le groupe du Maghreb arabe. »

Première surprise. Je ne comprends d'abord pas ce système. Les Français sont-ils tous intégrés au groupe du Maghreb arabe ? D'ailleurs, en observant mes coreligionnaires, je me rends compte que certaines viennent d'Irak ou d'Égypte. C'est donc dans le monde arabe que je suis incluse.

Je comprendrais en fait plus tard − deux heures et demie plus tard (!) − pourquoi. Pour le moment, nous patientons. Il est 20 h 00. À 20 h 30, on nous fait avancer une première fois, puis rasseoir. Nous avancerons ainsi pas à pas vers le tombeau du Prophète, selon une mécanique bien rodée.

À leur arrivée, les femmes sont en fait tout de suite catégorisées et placées dans leur groupe d'origine : arabe, asiatique, africaine, etc. Des groupes d'une centaine de femmes sont ainsi constitués et avancent petit à petit, laissant au groupe précédent le temps d'effectuer sa visite.

Au bout de deux heures et demi d'attente et d'avancement, nous arrivons au niveau du tombeau. Là, la salle de prière est divisée en deux par une sorte de barrière en tissu. D'un côté, les Arabes ; de l'autre, les non-Arabes. En fait, par souci d'égalité, l'organisation veut que la visite au Prophète se fasse à tour de rôle une fois par un groupe arabe, une fois par un groupe non arabe (asiatique, africain, européen, etc.) Voilà pourquoi mes origines arabes ont fait que j'ai été automatiquement placée avec les pays arabes.

Nous arrivons donc à la tombe du Prophète vers 22 h 30, le saluons, saluons ses compagnons Abû Bakr et 'Umar, enterrés auprès de lui, effectuons deux unités de prière et nous dirigeons vers la sortie.

Mais ce n'est pas le cas de toutes. Pour beaucoup de femmes, c'est l'euphorie, pour ne pas dire la folie. Cris, invocations, demandes en tout genre... Pour beaucoup, c'est l'extase, et certaines ne sont plus reconnaissables, s'adressant au Prophète comme s'il était debout face à elles et l'invoquant, alors que l'islam interdit l'invocation faite à un être humain, fût-ce-t-il prophète, l'invocation devant être adressée à Dieu seul.

D'ailleurs, cela est rappelé constamment durant le temps d'attente. En effet, des mourchidates (sorte de femmes imams) accompagnent chaque groupe. Elles sont dotées de mégaphone, font des discours et peuvent être sollicitées pour toute question.


Mercredi 8 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


Prévu à 7 h 30, le départ pour Médine n'aura lieu qu'à 12 h 00.

Trois cars d une quarantaine de pèlerins chacun partent de La Mecque pour rejoindre Médine en 6 heures environ. Sauf qu'en chemin les freins du car n°1 lâchent ! C'est avec difficulté que le conducteur réussit à stopper son engin. Mais il ne peut redémarrer. Le groupe 1, celui qui est mené par le directeur d'agence, prend du retard. Il lui faudra attendre l'arrivée d'un nouveau car avant de pouvoir repartir.

Il est 18 h 00 et nous sommes à 90 km de Médine. Cependant, il nous faut nous arrêter pour attendre que le car 1 nous rejoigne. Ordre du directeur d'agence. Au grand dam des pèlerins du car 3 qui attendront 2 heures par un froid de canard. Certains feront part de leur mécontentement auprès du guide, mais aucun n'osera appeler directement le chef d'agence.

Finalement nous entrons dans Médine vers 21 h 00. Le car s'arrête d'abord devant un premier hôtel. Nous descendons. Il est somptueux. Mais ce n'est pas le nôtre ! Le guide dépêché par le bureau détenant nos passeports n'en a cure. Il nous laisse là et s'en va. De plus, nos passeports ont été déposés au bureau s'occupant des pèlerins du Maroc, de la Libye et de la Mauritanie. Cela parce que certains d'entre nous détiennent un passeport d'un de ces pays, le Maroc en l'occurrence.

Le directeur d'agence, qui entre-temps est, lui, arrivé, nous envoie un nouveau guide qui mènera le car à bon port. Nos valises nous attendent dans le hall. Mais c'est un bazar monstre quand tout le monde décide de les monter dans sa chambre en même temps.

Alors nous décidons de nous installer à la réception et d'attendre un peu. Là, un homme, la quarantaine, venant de Nîmes et effectuant son pèlerinage avec la meme agence que nous, discute avec le jeune Saoudien de la réception. Discuter est un bien grand mot. Il est plutôt en train de le bombarder de questions. Sans forcément comprendre tout ce que l'autre lui répond.

Ses interrogations portent sur la femme saoudienne. Pourquoi ne peut-elle pas conduire ? Et pourquoi se couvre-t-elle de la tête aux pieds, alors que l'islam ne demande pas de couvrir le visage et les mains ? Et comment fait-elle quand elle va à l'étranger ? L'homme n'est pas agressif. Il est même plus que jovial, essayant seulement de comprendre.

Nous voyant passer, il nous interpelle pour nous demander de jouer le rôle d'interprète. Selon le jeune homme de la réception, la femme saoudienne ne conduit pas car elle n'a tout simplement pas de carte d identité. Mais si elle n'a pas de pièce d identité, comment fait-elle pour voyager ?, me demande le pèlerin de Nîmes. Elle voyage bien entendu, répond le Saoudien par mon intermédiaire, mais avec un homme et elle figure sur ce qu'il appelle une carte-famille.

Quant au fait de se couvrir intégralement, le Saoudien nous explique que, ayant appris cela à l'école, il considère que la femme doit se voiler intégralement sans rien laisser paraître. Profitant de l'ambiance bon enfant, je pose la question pour savoir s'il considère comme haram (illicite) mon habillement (j'ai le visage et les mains découverts et porte ce jour-là un ensemble de style pakistanais, avec pantalon donc). Avec un sourire, il me dit que « non pas du tout », mais que « ce n est pas dans les coutumes et traditions » de son pays.

Le pèlerin de Nîmes ne le ratera pas : « Eh bien tu vois, ce sont des traditions, ce n'est pas religieux ! », jubile-t-il. Le jeune Saoudien rigole. Nous poussons le bouchon encore plus loin. Mon époux lui demande comment il se fait alors que les Saoudiennes, une fois à Paris, ne se voilent, pour beaucoup, plus le visage. La réponse du jeune homme nous étonne. Selon lui, ce ne sont tout simplement pas des Saoudiennes de souche. Des Yéménites, Qataris ou autres ayant acquis la nationalité saoudienne. C'est à notre tour de rigoler ! «Oui , avoue-t-il, il y en a bien sûr qui se dévoilent â l étranger, mais peu. »

Plus tard, le jeune homme nous apprendra qu'il effectue ce travail à la réception en attendant de pouvoir réaliser son rêve : entrer dans la police.

Quant à nous, notre journée a été longue et épuisante. Alors nous prenons la direction des ascenseurs pour monter au 7e étage et nous coucher. Demain est un autre jour, celui de la visite de la tombe du Prophète − paix et salut de Dieu sur lui.


Sur la route de Médine, le paysage ressemble la majorité du temps à cela : montagne, rocaille, désert... et parfois des troupeaux de dromadaires.
J.25 : 29 nov. 2010 − Sur la route de Médine

Et quand le car s'arrête pour refaire le plein d'essence, voilà ce qu'affiche la station s'agissant du prix : 47 centimes le litre, soit 10 cts d'euro environ !
J.25 : 29 nov. 2010 − Sur la route de Médine


Samedi 4 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


J.24 : 28 nov. 2010 − Zamzam : à la source de Hajar
Buvable partout dans et autour de la mosquée, l'eau de zamzam est distribuée ainsi. Des gobelets à usage unique et une enfilade de petits robinets.

J.24 : 28 nov. 2010 − Zamzam : à la source de Hajar

J.24 : 28 nov. 2010 − Zamzam : à la source de Hajar


Vendredi 3 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


La saison ultra haute, celle du pèlerinage, est désormais derrière nous. Une semaine maintenant que le hajj est terminé. Depuis, La Mecque se vide de ses pèlerins. Certains rentrent au pays. D'autres se dirigent vers Médine. Pour notre plus grand bonheur.

Cependant, si le hajj est fini, la 'umra, ou petit pèlerinage, est encore possible. Pour cela, il faut se rendre au point d'entrée du territoire sacré le plus proche, Tanim, à 3 km environ, se mettre en état de sacralisation et revenir à La Mecque pour effectuer 7 circumbulations autour de la Kaâba et 7 allées et retours entre les collines de Safa et Marwa.

Le petit pèlerinage s'effectue en 2 heures environ et les taxis, improvisés ou officiels, et autres minibus emmènent de jour comme de nuit les pèlerins pour 3 à 5 riyals l'aller.

Ce soir, rendez-vous est encore donné au groupe sur la terrasse de l'hôtel pour une nouvelle réunion. À l'ordre du jour : des explications au sujet de la location d'une camionnette pour transporter les valises de tous et le déroulement du programme à Médine.

Afin de ne pas charger la galerie du car et partir pour Médine le plus léger possible, les organisateurs ont demandé 10 riyals à chacun pour louer une camionnette et y faire transporter les grosses valises. Une fois sur place, lundi donc, nous consacrerons le mardi à la visite de la tombe du Prophète, le mercredi à la visite du mont Uhud, de la mosquée de Quba et de celle que l'on appelle « des deux qibla » (les musulmans y ont d'abord prié en direction de Jérusalem, puis vers La Mecque).

Le reste de la semaine sera libre et devrait, selon le directeur d'agence, servir à brûler en cadeaux les derniers euros en poche. Retour à Paris le 5 décembre. Insha Allah !


Vendredi 3 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


Image de la sortie de prière avant le pèlerinage :
J.22 : 26 nov. 2010 − La mosquée, avant et après le pèlerinage

Image de sortie de prière après le pèlerinage :
J.22 : 26 nov. 2010 − La mosquée, avant et après le pèlerinage

J.21 : 25 nov. 2010 − Des chaussures de pèlerins par milliers
Ces petits casiers, présents autour et dans la mosquée, permettent d'y laisser chaussures ou sandales.
Attention, cependant, à ne pas oublier l'emplacement où l'on a glissé les nôtres. Cela arrive assez souvent. Ce sont alors soit de longues recherches, soit un retour chez soi pieds nus !


Mercredi 1 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


J.20 : 24 nov. 2010 − L'eau de zamzam, emballée et expédiée !
Ces tas de bidons de 10 litres s'entassent devant tous les commerces en cette fin de pèlerinage. Ce sont en effet les bidons dans lesquels près de 3 millions de pèlerins pourront emporter chacun 10 litres de l'eau de zamzam. Une fois le bidon empli, le pèlerin y inscrit ses nom et adresse et le fait emballer et sceller, comme ceci :

J.20 : 24 nov. 2010 − L'eau de zamzam, emballée et expédiée !
Les aéroports du monde entier verront ainsi défiler ces litres d'eau auxquels le pèlerin s'attache comme à la prunelle de ses yeux. Les bagagistes, eux, s'en passeraient assurément !


Mercredi 1 Décembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


J.19 : 23 nov. 2010 − Une consigne à la mosquée
Construits tout autour de la Mosquée, ces luggage lockers sont en fait des consignes. Il est en effet interdit d'entrer à la mosquée avec des sacs trop volumineux ou des bagages.
Alors, pour 5 riyals, soit 1 euro, ils est possible de déposer ses achats dans un petit box durant 5 heures !


Mardi 30 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


J.17 : 21 nov. 2010 − La Mosquée sacrée s'agrandit
Cette forêt de grues travaille quasi jour et nuit à l'agrandissement de la Mosquée sacrée.
Impressionnante !

J.18 : 22 nov. 2010 − Recommandations d'un hajj réussi et demande de pardons
Comme l'indique cet écriteau placardé au rez-de-chaussée entre les deux ascenseurs de l'hôtel, rendez-vous est donné au groupe ce soir-là sur la terrasse « pour la suite du voyage ».

La réunion est l'occasion pour l'un des guides, également imam de la ville de Versailles, de faire tout d'abord quelques rappels. Désormais, les rites du pèlerinage sont terminés, et cela implique pour ceux qui les ont accomplis avec sincérité un certain comportement. Un hajj réussi est un hajj qui change une personne, dit la tradition islamique. Médisance, mensonge, colportation de paroles, etc., sont autant de defauts (de péchés, du point de vue religieux) que le hajji s'attachera à éviter plus que tout autre, martèle l'imam.

Mais la parole la plus attendue est celle du directeur d'agence. Malade depuis notre retour de Mina, ce dernier s'adresse à l'assemblée avec une voix enrouée.

S'il souhaite à chacun de nous un pèlerinage accepté et agréé, il prend également le temps de s'excuser auprès de tous. Il a été parfois un peu brusque, brutal, ses paroles ont dépassé sa pensée, et il demande pardon à ceux qu'il a pu blesser. En même temps, personne ne s'est perdu, il n'est rien arrivé à personne et les étapes du pèlerinage se sont déroulées sans de réelles anicroches.

Il est vrai que le chef d'agence n a pas sa langue dans sa poche. Ne tolérant aucun écart, il prend ses responsabilités à cœur, compte et recompte les femmes qu'il somme de se ranger deux par deux, donne les instructions avant chaque étape sur un ton péremptoire, s'agite et crie, mais prend aussi le temps d'écouter, d'expliquer, de plaisanter aussi avec chacun et de s'assurer que tout va pour le mieux.

Mais, visiblement, il en a blessé certains, ou plutôt certaines, et elles ont du mal avec ses excuses. C'est ce qu'elles lui disent au cours de cette réunion, exigeant des excuses personnelles. Ce qu'il fait.
Il lui est en effet reproché d'avoir fait payer le bus à ceux qui souhaitaient partir avant les autres de Mina. Et, effectivement, le directeur d'agence admet sa faute. Il a voulu soulager les personnes âgées et fatiguées en leur permettant de rentrer à l'hôtel et a dû pour cela louer un car privé, ce voyage n'étant pas prévu parmi les chèques tanazul. Un car privé qu'il a fallu payer donc.

Voyant que la réunion tourne au vinaigre et au lynchage en règle, la majorité des pèlerins se détourne et quitte la terrasse. Une autre information est également commentée, avec allégresse celle-là : nous partons pour Médine le 29. Insha Allah !


Jeudi 25 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


Les pieds dans l'eau jusqu'aux mollets parfois, dans la gadoue aussi, c'est trempés jusqu'aux os que nous faisons notre entrée dans la Mecque.

Le retour dans la Ville sainte, après près d'une semaine d'absence, est euphorique. Au confort de l'hôtel que nous allons retrouver s'ajoutent ces mille et un bruits qui caractérisent une ville à laquelle chacun de nous s'est fortement attaché.

Pourtant, au départ, beaucoup se plaignaient de ne pouvoir trouver le sommeil ! Les mêmes personnes ne quitteraient La Mecque pour rien au monde.

J.15 et 16 : 19 et 20 nov. 2010 − Retour à La Mecque
A la sortie de la Mosquée sacrée après la prière de l'après-midi.

J.15 et 16 : 19 et 20 nov. 2010 − Retour à La Mecque

Un peu partout autour de la Mosquée sacrée, mais aussi aux alentours et dans les centres commerciaux, ces grandes affiches sont celles d une campagne anti-tabac menée par les autorités saoudiennes à La Mecque.
J.15 et 16 : 19 et 20 nov. 2010 − Retour à La Mecque


Jeudi 25 Novembre 2010 Assmaâ Rakho-Mom


Ici et là, quelques petites flaques d eau nous rappellent qu il a plu la veille. Mais si les averses ont laisse place à un soleil de plomb, les previsions météo annoncent à nouveau de fortes averses. Cela promet ! Nous devons en effet effectuer les dernières lapidations des trois stèles et nous diriger vers La Mecque à pieds. Environ 8 km de marche.

Partis peu après 14 h 00, nous marchons déjà depuis près d'une heure quand tombent les premières gouttes d'une pluie diluvienne qui ne cessera plus de nous arroser jusque notre arrivée à La Mecque.

Tonnerre et éclairs strient le ciel. Dans ce décor fait de rocailles, de montagnes et de désert, l'orage prend une autre dimension. Si la peur des éboulements est bien présente, la sensation de vivre quelque chose d'unique prend le dessus. C'est que pluie, éclairs et tonnerre prennent une dimension aussi sacrée que la terre qu'ils arrosent.

À nouveau, près de trois heures de marche pour faire l'aller-retour Mina-Jamarat et, cette fois-ci, lapider les trois stèles. L'astuce fournie par Moncef Benzerroug durant la formation délivrée par SOS Pèlerin (Hajj Academy) s'avère payante.

Pour arriver aux stèles, le formateur et professeur d'études islamiques à l'IESH (Institut européen des sciences humaines) nous avait conseillés − il tenait l astuce d'un chauffeur de taxi parisien − de ne pas suivre le mouvement de foule se dirigeant vers la stèle, mais de contourner celle-ci. Là, le monde serait moins important. Conseil appliqué à la lettre, vérifié et validé !

À Mina, plus qu'ailleurs, sont visibles les différences d'organisation entre États. Aucun drapeau national ne flotte au-dessus du camp euro-australo-américain. En revanche, pour les agences organisatrices du hajj, c est à celle qui sera la plus visible. Énormes banderoles, drapeaux et autres fanions : les espaces à l'entrée comme à l'intérieur des camps sont occupés au maximum.

Au contraire, s'agissant des États à majorité musulmane, c'est le drapeau national le plus visible. Les noms des agences organisatrices apparaissent en beaucoup plus petit. Certains camps sont même gardés. C est le cas de celui des Indonésiens. Nous y étant aventurés, un garde avec talkie-walkie nous en a gentiment mais fermement indiqué la sortie.

Dans notre groupe, les femmes étant plus nombreuses que ces messieurs, nous nous retrouvons à près de 50 sous la tente. Un peu juste. D'où les récriminations faites au directeur d'agence, qui fait en sorte de dégoter quelques places dans des tentes avoisinantes. Mais cela ne suffit pas. Des femmes, âgées, diminuées, continuent de se plaindre. Les conditions de vie leur pèsent.

Pourtant, ils avaient été prévenus du fait que le pèlerinage était loin d'être des vacances, leur rappelle le chef d'agence. Il proposera dans la soirée aux personnes le souhaitant d'être réacheminées vers La Mecque en car. Vingt-quatre personnes se manifestent pour ce retour. Mais trente personnes se retrouveront aux pieds des marches du minibus affrété pour l'occasion. Exaspéré, le directeur d'agence refuse d'avancer l'argent réclamé par le chauffeur de bus pour pouvoir démarrer.

D'autant plus que, avec les voyageurs, les bagages de tout le groupe sont réacheminés vers l'hôtel à La Mecque. Les personnes souhaitant partir paieront finalement 3 riyals chacun, avant de pouvoir enfin partir. Une somme que le directeur d'agence leur remboursera une fois de retour à l'hôtel.

Pour les pèlerins restés à Mina, le lendemain s'annonce sport : 4 km pour atteindre les trois stèles, suivis de près de 5 km pour rejoindre La Mecque. Le tout à pied.

Par ailleurs, un nouveau paramètre est venu s'ajouter à la distance à parcourir : l'orage et la pluie, qui nous ont surpris au retour.

Marche, marche, marche. À l'heure où j'écris, il est 18 h 50, et nous sommes rentrés, il y a peu, d'un peu plus de deux heures de marche. Une marche qui nous a conduits aux trois stèles, dans la vallée de Mina, pour en lapider la plus grande.

Enfin, quand on parle de petite, de moyenne et de grande stèle, les tailles sont plus symboliques que réelles. Les trois stèles sont en effet de la même taille. On peut compter 33 carreaux en longueur pour chacune d'elles.

Les « anciens » ne cessent de nous exprimer leur admiration s'agissant du fait que nous effectuons le pèlerinage jeunes. Rien d'admirable pourtant dans le fait de réaliser, doté d'un minimum de moyens physiques, un des piliers de l'islam les plus ardus à réaliser. Plutôt de la logique. Bien entendu, leur rétorquer que le contraire est illogique serait leur manquer de respect. Mais nous ne pouvons nous empêcher de le leur faire remarquer. Même s'il nous faut prendre en compte un autre paramètre : les moyens financiers, que ces ouvriers (pour beaucoup) ont mis des années à économiser.

Si, auparavant, la difficulté résidait dans le trajet à effectuer pour arriver à La Mecque, aujourd'hui le temps de transport est largement diminué, et c'est le nombre grandissant de pèlerins qui constitue l'épreuve de chaque hajji.

1 2

Profil
Assmaâ Rakho-Mom
« Pourquoi ne pas partager ce que je découvre et je vis d’intense, chaque jour, depuis notre départ ? », me suis-je dit après quelques jours passés à La Mecque, où j’effectue cette année le pèlerinage (hajj) en compagnie de mon époux. Journaliste puis pigiste à Saphirnews.com depuis 2005, j ai donc créé cette rubrique, qui tentera de vous relater autant que faire se peut nos journées vécues dans les Lieux saints de l’islam.

Recherche




RSS ATOM RSS comment PODCAST Mobile