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Points de vue

Ramadan : honorer son voisin et son hôte

Rédigé par H. Bahlou | Samedi 17 Juin 2017 à 08:50

           


Ramadan : honorer son voisin et son hôte
Nous vivons une époque trouble, une époque où chacun s'isole dans sa bulle de solitude et de misère affective, morale et spirituelle. Certains vivent des années sans connaître leurs voisins, sans se soucier du sort de ceux qui les entourent.

Cela contraste avec ce que vivaient le Prophète (paix et salut sur lui) et les prophètes avant lui. Souviens-toi de l'hospitalité légendaire du prophète Abraham (paix et salut sur lui), qui s'empressait de nourrir ses hôtes ou, plus près de nous, Abdelkader Jilani qui consacrait son temps à nourrir les pauvres.

Viens ma sœur, mon frère et revisitons ensemble cet affluent de la foi, si nécessaire à l'entente et au vivre-ensemble, qui recommande d'honorer son voisin et son hôte.

Le voisinage et la cohésion sociale

Le musulman se doit de vivre en harmonie et en bonne intelligence avec tout son voisinage, et pas simplement son voisin de palier, les gens de sa rue sont ses voisins, les gens de son immeuble, de son quartier partagent également cette proximité. Il ne doit leur nuire en rien, il doit impérativement leur montrer du respect et les saluer.

Pour marquer l'importance que donne Dieu au voisinage, citons la parole de notre bien-aimé (paix et salut sur lui) : « L'Ange Jibril (Gabriel) n'a cessé de me faire des recommandations au sujet du voisin, au point que j'ai cru qu'il allait l'imposer comme héritier » (Al-Bukhârî). C'est dire la place privilégiée qui doit lui être réservée chez chacun de nous !

Au-delà de cela, il est impératif d'éviter toute nuisance à ses voisins, comme le bruit intempestif à toute heure du jour et de la nuit, le dépôt d'ordures sur le passage des gens, et toute autre forme de gêne que nous pouvons rencontrer dans nos cages d'escalier, nos parkings et nos rues. C'est un danger absolu pour la foi du musulman et de la musulmane, comme nous en a prévenu le messager de Dieu (paix et salut sur lui) : « Par Dieu ! Il n’est pas véritablement croyant ! Par Dieu ! Il n’est pas véritablement croyant ! Par Dieu ! Il n’est pas véritablement croyant ! » On lui demanda de qui il s'agissait. Il expliqua : « Celui dont le voisin ne se sent pas à l'abri de sa nuisance ! » (Al-Bukhâri).

De nos jours, le voisin, comme le proche parent ne connaît aucune clémence, la sécheresse du cœur des gens empêche toute mansuétude envers ceux qui les entourent, bien au contraire, les conflits fleurissent, les procès pullulent pour une histoire de limite de terrain, pour une histoire de parking, et j'en passe. Il est temps de se recentrer sur l'essentiel, de mettre de côté les petites guerres intestinales et de vivre en cohésion avec ses voisins, de cheminer avec ses frères de foi et de construire une société solide avec tous.

L'hospitalité comme projet de vivre-ensemble

Dieu dit dans son noble Coran : « Adorez Dieu et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant. » (Coran, s. 4, v. 36).

Nous citions en introduction l'hospitalité d'Abraham (paix et salut sur lui), ou celle d'Abdelkader Jilani, cette hospitalité longtemps véhiculée par les peuples d'Orient et par les religions divines, doit servir de modèle pour nos sociétés occidentales individualistes qui poussent à l'égoïsme.

Le meilleur moyen de créer les liens du cœur et de les maintenir est le levier puissant de l'hospitalité. En effet elle donne beaucoup de réconfort à celui qui la reçoit, sans appauvrir celui qui la donne. Selon l'INSEE, une personne sur sept est sous le seuil de pauvreté en France, n'est-il pas temps de venir en aide à ceux qui en ont besoin ? Si tu te renseignais un tant soit peu, tu te rendrais compte que dans ton proche voisinage, sans chercher plus loin, beaucoup sont dans le besoin. Pourquoi ne pas leur offrir de temps en temps un peu de ta nourriture ou de tes biens ? Pourquoi ne pas leur donner un peu de réconfort qui les aiderait à surmonter leurs difficultés ? N'aimerais-tu pas toi-même être secouru si tu ne trouvais de quoi te nourrir ou te vêtir ?

Ta foi et ta spiritualité ne peuvent être complètes si tu ne te soucies pas du sort de ceux qui t'entourent, avec les crises, le chômage, les flux migratoires des peuples dont les pays sont en guerre. Tu n'as plus d'excuses pour venir en aide aux plus démunis, et par là éprouver ta foi, n'attends pas l'épreuve pour te rendre compte de ce que la privation représente et tends la main aux autres.

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H. Bahlou est membre de Participation & Spiritualité musulmanes (PSM). Première parution de cet article sur le site de PSM.





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