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Religions

Ramadan 2010 : les mosquées au diapason de l’iftar !

Rédigé par Nadia Moulaï | Jeudi 2 Septembre 2010 à 09:04

           

À l’occasion du mois de Ramadan, nombreux sont les fidèles à partager l’iftar à la mosquée.
Moment clé pour tous les musulmans, il l’est d’autant plus pour les responsables de mosquées, au cœur de la coordination. Car l’iftar suppose une organisation optimale.



Repas de rupture du jeûne organisé par la Grande Mosquée de Lyon. Le budget de l’iftar distribué à la Grande Mosquée est compris entre 15 000 euros et 20 000 euros, selon le recteur Kamel Kabtane.
Repas de rupture du jeûne organisé par la Grande Mosquée de Lyon. Le budget de l’iftar distribué à la Grande Mosquée est compris entre 15 000 euros et 20 000 euros, selon le recteur Kamel Kabtane.
Si les heures de jeûne sont parfois longues, l’iftar (repas de rupture du jeûne), le soir venu, sonne toujours comme une récompense. Ce repas pris lors du maghreb (coucher du soleil) est l’occasion pour les jeûneurs de reprendre des forces.

Dattes et lait fermenté accompagnent le plus souvent un bol de soupe (harira ou chorba) pris avant un plat de résistance. Un menu qui varie selon les mosquées. Car, comme chaque année, les lieux de culte servent l’iftar.

Une mobilisation collective

À Villeneuve-d’Ascq (Nord), l’iftar est directement géré par les fidèles. « Tout repose sur le bénévolat », raconte Mohammed El Mokhtari, secrétaire général. « Avant le début du Ramadan, nous établissons un calendrier. Les fidèles s’inscrivent et assurent le repas. » Chaque soir, ce sont près de 200 personnes qui profitent du repas généreusement offert par un ou plusieurs fidèles. « Soupe, harira, viandes… les gens apportent un élément du repas préparé chez eux », se réjouit M. El Mokhtari. La mosquée ne dispose pas de cuisine. Comme bon nombre de structures en France.

À Dunkerque (Nord), la mosquée Sunna « prépare l’organisation de l’iftar quelques jours avant le début du jeûne », confie Tayeb, responsable du lieu. Avec une fréquentation irrégulière. « Parfois, il y a dix personnes, parfois cinquante ! » Une situation comparable à Chambéry (Isère), d’après l’imam El Kousyni. « Chacun apporte sa contribution s’il le peut. »

Encore en chantier, la mosquée Sunna de Brest (Finistère) « offre l’iftar à une trentaine de personnes », selon Rachid Enjay, président et imam. « Chaque jour, deux personnes au minimum apportent le repas cuisiné au domicile. » Contrairement à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), qui dispose d’une cuisine. Cette mosquée propose un menu complet (entrée, plat, dessert), mitonné sur place par les mamans du quartier. « Au total, dix bénévoles seront mobilisés lors de l’iftar contre cinq durant l’année », souligne Ali Heraiz, secrétaire de la mosquée. Une équipe encore peu expérimentée : « Nous avons ouverts l’an dernier », ce qui n’empêche pas l’efficacité : « 100 à 120 personnes par jour en ont bénéficié : au total, l’année dernière, nous en avons reçues 3 600. »

Un public diversifié

Célibataires, personnes âgées, étudiants, chaque soir l’iftar brasse des fidèles de tous horizons. Des familles, aussi. « Attirées par l’ambiance chaleureuse », relève-t-on à Villeneuve-d’Ascq.

Mais, depuis quelques années, le public évolue. Selon Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, « les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses lors de l’iftar ». En cause, un contexte économique difficile qui frappe tous azimuts. Musulmans ou non. Une situation qui pousse les mosquées à se professionnaliser afin de répondre à la demande.

Une logistique à part entière

« L’iftar à la mosquée demande beaucoup de travail », rappelle cheikh Zohair, imam de la mosquée Tariq, située aux Mureaux (Yvelines). Les instances font appel à une quinzaine de bénévoles pendant le Ramadan. « Avec une trentaine de kilos de viandes à cuisiner quotidiennement, les bénévoles sont en poste dès le matin », témoigne-t-il. Près de 130 personnes participant à l’iftar, « il nous arrive même d’employer deux ou trois salariés pour la vaisselle ».

Idem à la Grande Mosquée de Paris. Outre le verre de lait et les dattes distribués aux fidèles venus prier, des repas complets sont servis aux personnes seules ou nécessiteuses, « préparés par du personnel salarié, environ douze personnes, à raison de 420 repas par jour l’année dernière ».

La nécessité d’encadrer l’iftar à travers une méthode s’avère donc impérative. À Évry (Essonne), la Grande Mosquée a su tisser des liens avec les commerçants. « Souvent, des maraîchers nous donnent des légumes invendus, les boulangers nous font des prix réduits. Ce sont des donateurs que nous connaissons de longue date, nous travaillons ensemble », souligne le recteur Khalil Méroun. « Un boucher d’Athis-Mons offre même 50 kilos de viande par semaine… » Une aide précieuse d’autant que, certains soirs, le nombre des fidèles culmine à 150 personnes.

À Mantes-la-Jolie, « les salles de classe sont aménagées » pour accueillir personnes isolées et célibataires, où « une centaine de repas sont servis », évoque Mehdi Barka, secrétaire général. « Les hommes cuisinent sur place et les femmes s’occupent de la pâtisserie. »

Plus qu’un repas, l’iftar requiert ainsi une véritable logistique. À Gennevilliers, « nous avons fait une réunion en juin dernier pour se répartir les tâches. D’ici au mois de Ramadan, il y en a eu quatre », explique Ali Heraiz. Parfois, le nombre des participants explosent. Comme à Lyon.

Des partenariats interassociatifs

« Pendant le Ramadan, nous accueillons entre 500 et 600 personnes tous les soirs », avance Kamel Kabtane. « À tel point que nous faisons appel à des associations pour être soulagés. »

Parmi elles, OQP, une association basée dans le quartier populaire de la Place du Pont, à Lyon. « Nous servons l’iftar à 200 personnes », témoigne Nanou Benlaroussi, responsable. Étudiants, chibanis, sans-papiers ou sans-domicile fixe… le repas est ouvert à tous. « Une aide qui permet de soulager la Grande Mosquée de Lyon », d’après M. Kabtane.

Dotée d’une cuisine, l’équipe propose trois services par soir. Fayçal, le mari de Nanou, est aux fourneaux pendant qu’elle coordonne le service. S’appuyant sur les dons des particuliers, l’association offre chorba, plat, salade et dessert. Avec un petit plus. « Au moment de leur départ, nous leur donnons un sachet contenant du pain, du lait et des fruits. » Même si l’association n’est pas riche, « les fidèles sont généreux », rappelle Nanou. « Tous les soirs, on a ce qu’il faut… »







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