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Ramadan

Ramadan sur la planète Mars

Rédigé par Antoine Dreyfus | Mardi 24 Août 2010 à 14:03

           

Marseille, la ville aux 200 000 musulmans, se mobilise pour le jeûne et la fête.



Fruits secs, dattes, olives…, les commerçants de Marseille se mobilisent pour le mois de Ramadan, durant lequel le chiffre d’affaires augmente d’environ 30 %.
Fruits secs, dattes, olives…, les commerçants de Marseille se mobilisent pour le mois de Ramadan, durant lequel le chiffre d’affaires augmente d’environ 30 %.
Comme toutes les années, Ridha, le patron tunisien de L’Univers alimentaire (quartier du marché des Capucins), épicerie qui fleure bon les épices, prépare les indispensables du Ramadan : les ingrédients du ftour (repas de rupture du jeûne), les dattes algériennes, la pâte d’abricots de Syrie, les olives tunisiennes, le halva marocain, les loukoums turcs...

Le mois de Ramadan rythme la vie du centre-ville. Particularité de Marseille : le ramadan se voit plus, car les quartiers centraux (Noailles, Belsunce, la Porte d’Aix, en gros les 1er, 2e et 3e arrondissements) concentrent les populations musulmanes de la cité phocéenne.

Melting-pot

De 6 heures à 21 heures, le marché des Capucins et les commerçants de Noailles connaissent une activité fébrile. Beaucoup de femmes viennent y faire les courses pour le dîner. Et certaines viennent d’Algérie aider leurs proches installés à Marseille. C’est le cas de la famille El Khari, qui possède plusieurs boucheries à Noailles. La grand-mère fait spécialement le voyage pour préparer les repas.

Les Tunisiens et les Égyptiens, propriétaires des restaurants-gargottes rouvrent au moment de la rupture du jeûne. Au menu, les produits de la tradition du Maghreb : les dattes, le lait caillé et la chorba.

Les Comoriens (2e communauté musulmane forte de 80 000 personnes) ont une pratique légèrement différente. Dans les ruelles de Noailles, les hommes se rassemblent peu avant la rupture du jeûne, et reproduisent les bangwé, des palabres d’hommes. Les hommes rentrent ensuite à leur domicile, pour y déguster poissons, brochettes de viande, bananes frites, manioc grillé, thé au lait et galettes au thym dorées (les fameux « couscouma »).

Les commerçants à l’heure du Ramadan

À la mairie, on estime que 80 % de la communauté musulmane suit le Ramadan. Un chiffre confirmé par le sociologue, spécialiste de l’islam, Vincent Geisser, qui a noté un retour du jeûne du Ramadan chez les jeunes. « Même pour des gens en rupture avec la religion, il est vécu comme un retour à la communauté, un signe identitaire fort », explique-t-il.

Dès lors, les commerçants font feu de tous bois. Dans le quartier « arabe » de Noailles, les commerçants voient leur chiffre d’affaires augmenter environ de 30 % pendant cette période.

Les grandes enseignes (Carrefour, Casino…), qui ont senti qu’il y avait là une opportunité, se sont mises sur le créneau. Sur les 20 magasins Auchan de la région Sud, un peu plus de la moitié vendent viande halal, chorba, bourak, tajine, michoua, poulet aux olives, et même textiles. Les hard discounters ont aussi emboîté le pas. ED, par exemple, commercialise épices (gingembre, ras el hanout, cumin, sésame…), salade chakchouka, dattes, raisins et figues, le tout à prix discount. Même MacDo s’y met. En plein centre, la multinationale proposait déjà l’année dernière un repas du ftour.

Partage et solidarité

Ce mois du ramadan à Marseille est aussi l’occasion de partager. L’association La Main sur le cœur sert en moyenne 300 chorbas par jour pendant un mois. Pour le responsable de l’association, c’est « un moyen aussi de faire venir des familles en difficulté qui pourraient facilement basculer dans la pauvreté ».

L’UFM (Union des familles musulmanes) offre également, en collaboration avec une association, des repas aux familles nécessiteuses, soit à consommer sur place (26, rue Nationale), soit à emporter. L’année dernière, l’UFM a distribué 4 500 repas. Un chiffre qui témoigne de la difficulté de nombreuses familles.







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