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Monde

Maroc : la mosquée de Meknès s'effondre, l'enquête commence

Rédigé par | Lundi 22 Février 2010 à 00:53

           

L’effondrement du minaret de la mosquée de Meknès, au centre du Maroc, lors de la grande prière du vendredi, a laissé le royaume chérifien sous le choc. L'émotion a été à son comble, samedi, lors des funérailles des 41 fidèles tués. Depuis, la polémique sur l’état des anciennes mosquées marocaines ne cesse d’enfler.



L'effondrement du minaret de la mosquée de Meknès, qui a causé la mort de 41 personnes vendredi 19 février, met les autorités dans l'embarras. (Reuters)
L'effondrement du minaret de la mosquée de Meknès, qui a causé la mort de 41 personnes vendredi 19 février, met les autorités dans l'embarras. (Reuters)
Comme à son habitude, la mosquée du quartier de Bab Berdieyinne, dans la médina (la vieille ville) de Meknès, était bondée pour la grande prière du vendredi 19 février. 200 fidèles s’étaient rassemblés pour y accomplir leur devoir. Mais c’est malheureusement en plein rituel que le minaret et une partie du toit se sont écroulés. Le bilan final est lourd : 41 morts et 76 blessés.

Construite au XVIIIe siècle, la mosquée était l’une des attractions touristiques majeures de la ville. La médina de Meknès est d’ailleurs inscrite depuis 1996 au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cependant, le minaret, bâti en pisé, a été fortement fragilisé par les pluies torrentielles qui se sont abattues dans la région ces dernières semaines, selon les autorités locales, qui expliquent ainsi le tragique accident.

Accident ou erreur humaine ?

Cependant, les critiques émises à l’encontre des pouvoirs publics fusent. Sont mis en cause la mauvaise gestion et le mauvais entretien des lieux de culte du pays. « Il ne faut pas que les responsables se cachent derrière les aléas climatiques pour expliquer ce drame », a déclaré, dimanche, à l'AFP, Amine Abdelhamid, vice-président de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH).

« Il y a un problème de maintenance en ce qui concerne non seulement les édifices religieux mais aussi beaucoup d'infrastructures », a ajouté ce dernier, qui exige une enquête « objective pour déterminer les responsabilités ».

« Les édifices religieux anciens, comme celui de Meknès, relevaient auparavant, pour leur gestion, des communautés (religieuses locales, ndlr). Maintenant, ces dernières demandent à l'Etat de les prendre en charge », a expliqué à l’AFP le ministre des Affaires islamiques Ahmed Taoufiq, se déchargeant des responsabilités qu'on lui impute.

« Un total de 83 mosquées à travers le Maroc sont fermées pour réhabilitation, alors que de nombreuses autres, comme celles de Fès, de Marrakech, d'Oujda, de Tanger et de Tiznit, ont été rénovées », a-t-il précisé.

Sans attendre, le parquet a ordonné à la police judiciaire de mener l’enquête dès à présent. Pour faire taire les critiques, le roi Mohammed VI a ordonné une « expertise urgente » de toutes les anciennes mosquées du pays, à l’issue de laquelle « les mesures nécessaires seront prises ».

La France compatit avec le Maroc

La France, qui renferme la communauté marocaine la plus importante après celle d'Algérie, a été la première à réagir à la suite à ce drame. Nicolas Sarkozy a adressé, samedi, au Maroc ses condoléances. « En cette tragique circonstance, j'adresse à votre Majesté mes condoléances très attristées et lui transmets la sympathie de tous les Français, si profondément liés par l'amitié au peuple marocain », a-t-il écrit au roi.

Même réaction de la première secrétaire du Parti socialiste et maire de Lille, Martine Aubry, qui a assuré que « le peuple marocain peut compter sur la solidarité et l'amitié du peuple français dans ces moments particulièrement douloureux ».

Quant au Conseil français du culte musulman (CFCM), il a exprimé « son immense tristesse ». « La communauté musulmane de France, dont les Marocains originaires de la ville de Meknès, a été particulièrement éprouvée par cette tragédie douloureuse », lit-on sur un communiqué publié samedi. C'est donc avec impatience que les premiers résultats de l'enquête sont attendus.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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