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Grâce à nos différences

Les Histoires au pluriel de notre nation singulière

Rédigé par | Mercredi 3 Octobre 2018 à 11:15

           


Les Histoires au pluriel de notre nation singulière
Oui, la France a des racines chrétiennes. Pendant 16 siècles, depuis le temps où l’on parle de Francs puis de France, elle fut dirigée par des rois chrétiens et une noblesse de baptisés jusqu’à la Révolution.

La France a aussi des racines arméniennes et pas n’importe lesquelles, celle de tous ces migrants, de Charles Aznavour à André Manoukian, en passant par Youri Djorkaeff. Depuis deux jours, la France pleure la voix du pays des merveilles, des emmerdes de notre enfance, des comédiens et baladins qui, hier encore, avaient 20 ans, de la bohème de Montmartre qui se voyait déjà en haut de l’affiche ! Cette voix, celle d’Aznavour, c’est celle d’un amour incommensurable entre un homme et son pays d’accueil, un homme qui n’a rien renié de son histoire et de son rôle dans la mémoire du génocide arménien.



La France a aussi des racines polonaises, mon nom Grzybowski, importé fraichement à Montpellier en 1831, en est un témoignage. Mais il n’est rien devant la douceur du doigté de Frédéric Chopin, immigré polonais lui aussi, dont le corps est enterré à Paris mais le cœur à Varsovie.

La France a aussi des racines italiennes, allemandes, espagnoles et portugaises ou de toute l’Europe. La France a des racines arabes, en particulier dans le sang, les larmes et la sueur qui ont irrigué les années de reconstruction de notre pays meurtri par une guerre fratricide. La France a des racines kabyles, berbères, amazighes, phéniciennes, burkinabè, camerounaises… et le Quai Branly comme le Louvre en particulier le savent bien. La Concorde a des racines égyptiennes comme nos routes des racines romaines.

N’en déplaise à Éric, la France parfois s’appelle Hapsatou Sy, Marek Halter, Zinedine Zidane, Kylian Mbappé, Pablo Picasso, Kad Merad, Latifa Ibn Ziaten, Jamel Debbouze et Leïla Bekhti !


Aujourd’hui, en 2018, un Français sur quatre a l’un de ses grands-parents qui n’est pas né en France. C’est-à-dire que 25 % d’entre nous ont de leur vivant potentiellement côtoyé un terroir, un territoire, une Histoire qui n’est pas exclusivement celle de notre territoire.

Alors, pour que la France redevienne une grande nation plutôt qu’une administration, il faut que son Histoire soit celle de toutes les Françaises et de tous les Français. À quand une Histoire officielle, éducative, politique incluant les innombrables racines de nos concitoyens descendant de toute l’Europe, des autres rives de la Méditerranées et du monde entier ?

En ce moment, sur France 2, une série documentaire retrace cette épopée de la nation qui est la nôtre. La série s’intitule « Histoires d’une nation ». Oui, mais « Histoires » au pluriel et « nation » au singulier !


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Chronique publiée en partenariat avec RCF et Médiapart


Samuel Grzybowski
Samuel Grzybowski est entrepreneur social et militant associatif. Il est fondateur de Coexister... En savoir plus sur cet auteur


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