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Ramadan

La célébration de l’Aïd el-Fitr 2020 à l’épreuve de la crise du Covid-19 dans le monde musulman

Rédigé par Sara Ibrahim et Hanan Ben Rhouma | Vendredi 22 Mai 2020 à 08:00

           

La pandémie de Covid-19, à la source d'une crise sanitaire mondiale sans précédent, a poussé de nombreux pays musulmans à prendre des mesures préventives pour enrayer la propagation du virus, en particulier au cours du Ramadan, période pendant laquelle les grands rassemblements religieux et sociaux sont quotidiens en temps normal. Avec l’arrivée de l’Aïd al-Fitr, des Etats ont renforcé les mesures préventives ; d’autres ont choisi de les alléger. Voici un tour d'horizon des choix qui ont été faits.



La célébration de l’Aïd el-Fitr 2020 à l’épreuve de la crise du Covid-19 dans le monde musulman
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Direction l’Asie du Sud-Est. La Malaisie a prolongé les mesures de confinement jusqu’au 9 juin, bien au-delà de l’Aïd al-Fitr. Dans le cadre de l’ordre de contrôle des mouvements (MCO) instauré depuis mi-mars, les autorités ont fermé les mosquées au public. Aucun rassemblement de masse n’est autorisé jusqu’à présent. Néanmoins, depuis le 15 mai, l’autorisation a été donnée aux lieux de culte des régions décrétées zones vertes de rouvrir leurs portes pour les prières du vendredi, du tarawih et de l'Aïd, sous réserve d’un nombre extrêmement limité de fidèles (jusqu’à 30 personnes) et du respect de la distanciation physique.

En Indonésie, la situation est toute autre. Malgré les mises en garde du gouvernement central sur le danger sanitaire que génèrent les rassemblements de masse, de nombreuses mosquées ont gardé leurs portes ouvertes aux fidèles pendant le Ramadan et elles le resteront a fortiori pour l’Aïd al-Fitr.

C’est le cas dans la province très conservatrice d’Aceh où le gouvernement local n'a pas suivi les recommandations émises par les autorités de Jakarta de même que par le Conseil indonésien des oulémas. Le principal organe clérical musulman du pays a émis une fatwa incitant les musulmans à faire les prières de tarawih et de l’Aïd à domicile. Mais à Aceh, les mosquées, pour un grand nombre d’entre elles, n’ont jamais fermé leurs portes, faisant craindre le pire aux yeux d’experts.

Le Pakistan, même en décrétant des mesures de confinement qui ont été assouplies depuis le 7 mai, a fait le choix de laisser les mosquées ouvertes pendant le mois du Ramadan et l’Aïd al-Fitr... En revanche, l’Inde a prolongé le confinement total jusqu’au 31 mai. Dans ce pays où la crise du coronavirus alimente la haine contre les musulmans,, les organisations musulmanes ont appelé les fidèles à respecter les règles édictées par les autorités et à continuer ainsi à prier chez eux, notamment lors de l’Aïd al-Fitr.

Turquie, Iran : deux stratégies différentes

L’Iran a allégé les mesures de confinement dès la mi-avril. Dans les zones où la situation épidémique s’est améliorée, les autorités ont autorisé la réouverture temporaire des mosquées. Elles ont aussi autorisé tous les lieux de culte du pays à rouvrir pendant les nuits du 13, 14 et 15 mai, pour une durée de deux heures, afin de permettre aux musulmans de célébrer en prévision de la Nuit du destin qui, chez les chiites, a lieu entre le 19e et le 21e jour du Ramadan. Une réouverture sous réserve du strict respect d’un protocole sanitaire (distanciation physique et port du masque obligatoires…).

Dans la foulée, et dans les mêmes conditions, le président iranien Hassan Rouhani a annoncé le 16 mai que les mosquées pourront organiser la prière de l'Aïd, alors même que l’épidémie n’est pas encore jugulée. L'Iran, qui enregistre officiellement plus de 7 200 morts du Covid-19, est le pays le plus endeuillé du Moyen-Orient.

La Turquie, avec 4 200 morts au compteur, suit l'Iran. Mais contrairement à Téhéran, la Turquie, qui vit au rythme d'un confinement strict depuis la mi-mars, a annoncé, pour l’Aïd al-Fitr, un couvre-feu total de quatre jours à partir du 23 mai. La réouverture des mosquées pour les prières est prévue pour le 12 juin.

Des mesures spéciaux pour l'Aïd au Moyen-Orient

En Arabie Saoudite, aucun allègement des mesures n’est en vue pour l’Aïd al-Fitr. Les mosquées n’ont pas été autorisées à rouvrir pour la fin du Ramadan. Plus encore, le ministère de l'Intérieur a indiqué la mise en place d’un couvre-feu total du 23 au 27 mai, afin de limiter les risques d’une augmentation exponentielle du nombre de cas de coronavirus.

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La Jordanie, qui n'a pas autorisé le culte dans les mosquées pendant le mois du Ramadan, a aussi annoncé un couvre-feu total et l’interdiction de circulation des véhicules mais uniquement pour le premier jour de l'Aïd. L’Egypte, qui avait annoncé dès avril l’interdiction des rassemblements au-delà de l’Aïd al-Fitr, prévoit aussi de renforcer les mesures avec un couvre-feu de 24 heures le premier jour de la fête de fin du Ramadan.

Des situations disparates en Afrique

Les mosquées en Algérie, au Maroc et en Tunisie restent également fermées au-delà de l’Aïd al-Fitr. Les autorités religieuses de ces pays du Maghreb ont toutes insisté sur la nécessité d’accomplir les prières à domicile afin de préserver les vies. Au Mali, et contrairement à bien des pays africains, les mosquées n'ont pas été appelées à fermer leurs portes aux fidèles.

Au Sénégal, le président Macky Sall a annoncé le 18 mai l'assouplissement de restrictions qui étaient imposées pour contenir le coronavirus, comme la réouverture des lieux de culte pour la fin du Ramadan. Toutefois, cette décision a divisé la population. Ainsi, par crainte des risques d’infection, Aïd al-Fitr ou pas, de nombreuses mosquées ont opté pour la fermeture au sens du sens de la responsabilité.

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