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Sur le vif

Allemagne : l'entrée tonitruante de l’AfD, parti islamophobe et xénophobe, au Bundestag

Rédigé par | Lundi 25 Septembre 2017 à 13:06

           


L’Alternative für Deustschland (Alternative pour l'Allemagne, AfD) s’est hissé en troisième position avec 13,5 % des voix au terme des élections législatives organisées dimanche 24 septembre en Allemagne.

Avec ce résultat, le mouvement d’extrême droite, ouvertement islamophobe et anti-immigration, devrait s’assurer plus de 80 députés. « Pour la première fois depuis 70 ans, des nazis vont s'exprimer au Reichstag », a déclaré Sigmar Gabriel, le ministre allemand des Affaires étrangères.

L’ascension de l’AfD a été fulgurante. Créé en 2013 pour lutter contre l’euro, le parti rassemblait des conservateurs qui jugeaient Angela Merkel trop à gauche. L’afflux de réfugiés du Moyen-Orient en Allemagne courant 2015 a cependant fait prendre un tournant identitaire à l’AfD où les tenants de la droite nationaliste ont pris les commandes. Alexander Gauland, un de ses dirigeants, a affirmé mi-septembre que « si les Français peuvent être fiers de leur empereur et les Britanniques de Nelson, de Churchill, nous avons le droit d'être fiers de ce que nos soldats ont accompli durant la Seconde Guerre mondiale ».

Allemagne : l'entrée tonitruante de l’AfD, parti islamophobe et xénophobe, au Bundestag
C’est ainsi que l’AfD s’est rapproché de mouvances extrémistes comme le parti néo-nazi NPD. L'Alternative pour l'Allemagne a ainsi été à l'initiative d'affiches à caractère xénophobe qui sont l'oeuvre de Thor Kunkel, membre du NPD. Sur l'affiche de gauche, on lit : « De nouveaux Allemands ? Nous les ferons nous-mêmes ! » ; à droite : « La diversité "colorée" ? On l'a déjà ici ! »

Le discours anti-islam est aussi très affirmé par l'Afd, Alexander Gauland déclarant dernièrement que « le terrorisme a ses racines dans le Coran ». Sa co-tête de liste Alice Weidel, ancienne banquière chez Goldman Sacks, a estimé que « l'Allemagne est devenue un refuge pour les criminels et les terroristes du monde entier ».

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dès le soir des élections dans les rues de Berlin pour dénoncer l’entrée de l’extrême droite au Bundestag. Surprise, Frauke Petry, une des dirigeantes de l’AfD, a annoncé dans la matinée du lundi 25 septembre, avoir décidé, « après mûre réflexion, de ne pas siéger au sein du groupe parlementaire » afin de protester contre la radicalisation de l'AfD.


Quand l'extrême droite renaît de ses cendres

Bien qu'Angela Merkel en soit sortie vainqueur, les résultats électoraux ont été considérés comme un échec pour la chancelière. La coalition CDU/CSU a remporté 33 % des suffrages mais a perdu 7,7 points par rapport à 2013. 21 % des électeurs qui ont voté AfD aujourd'hui avaient voté pour la chancelière il y a quatre ans. « C’est le triomphe de la campagne fondée sur la peur de l’immigration », analyse le journal Die Welt, qui ajoute que « les modérés dans le parti seront encore affaiblis. Mais la colère radicale de l’extrême droite recèle un potentiel de conflits internes qui peut conduire à un éclatement du groupe parlementaire ».

Les observateurs s'accorde tous à relever le caractère exceptionnel de la montée de l’extrême droite en Allemagne qui, de par son passé nazi, était sensé rendre impossible un tel scénario : « il s’agit aussi d’un cas extraordinaire, car l’émergence de l’ultradroite se produit dans un contexte de prospérité historique dont les précédents sont rares. Dans le cas de l’AfD, la protestation naît surtout du rejet identitaire d’une société qui devenue moins homogène culturellement », indique El Pais.

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