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Société

Une lycéenne se rase la tête pour respecter la loi

Rédigé par El abed Fatima | Samedi 2 Octobre 2004 à 00:00

           

Cennet, 15 ans, porte le voile depuis la sixième. Cette année, elle n'a pas été acceptée au lycée Louis-Pasteur de Strasbourg avec le bob, une alternative à la loi sur les insignes religieux. Quatre semaines après la rentrée des classes, ne pouvant plus tenir la pression, elle a décidé de se couper les cheveux jusqu’à se raser la tête.



Cennet, 15 ans, porte le voile  depuis la sixième. Cette année, elle  n'a pas été acceptée au lycée Louis-Pasteur de Strasbourg avec le bob, une alternative à la loi sur les insignes religieux à l'école. Quatre semaines après la rentrée scolaire, ne pouvant plus tenir la pression, elle a décidé de se couper les cheveux jusqu’à se raser la tête.

 

Ils me traitent comme un monstre

 

Au lycée Louis-Pasteur de Strasbourg, Cennet âgée de 15 ans, a fait sa rentrée de seconde. Dès le portail du lycée, la jeune fille a été refoulée le jour de la rentrée. 'J'ai dit 'Bonjour', raconte-t-elle. On m'a répondu : 'Tu enlèves cela tout de suite.' J'ai refusé. La proviseur m'a convoquée dans son bureau. Elle m'a expliqué la « loi ». J'ai refusé d'enlever mon bonnet. On m'a enfermée dans une salle sans fenêtre. On m'a interdit de sortir en récréation. Ils me traitent comme un monstre. Mais je ne suis pas un monstre !'.

A bout de nerfs, Cennet a pris une paire de ciseaux. 'Je me suis assise. J'ai fait n'importe quoi avec mes cheveux. J'ai coupé. J'ai tout rasé avec un rasoir'. Puis elle est retournée en classe, la tête rasée et couverte d'un bob, prétextant des raisons médicales pour avoir perdu ses cheveux. La proviseur a exigé un certificat médical. Pas l’once d’un soutien.

Depuis la rentrée, Cennet est mise en quarantaine. Dans une salle à part, sans contacts avec le reste des élèves. Elle explique que 'Le règlement intérieur n'interdit pas les couvre-chefs. On laisse entrer des garçons en casquette et des filles avec un bandana décoratif. Et on me refuse, moi, sous prétexte que c'est religieux. Mais, moi, je veux faire des études !'

L'Administration lui recommande de s'inscrire au Centre national d'enseignement à distance (CNED). La solution, après le rejet, c’est l’exclusion. 

 

Elle a perdu 4 kg depuis la rentrée

 

Selon les parents de la lycéenne, elle ne va pas bien. Elle a perdu 4 kg depuis la rentrée. Son malaise est intérieur. Dire STOP à toutes ces mascarades, ces « protections » inutiles, cette volonté de tout diriger en mettant sous pression les personnes qui veulent s’affirmer par une autre voie que celle que l’on leur impose.

 

Ecrasées et humiliées sont nombre de ces jeunes filles qui sont encore des enfants, des êtres sensibles et fragiles. Les conséquences de cette brimade psychologique sont démesurées. C’est ce qui est le plus choquant. Personne ne semble les prendre en compte.  

La photo de Cennet qu'il ne convient pas de montrer, est ainsi diffusée sans pudeur. Elle fut assaillie de caméras à la sortie des classes. Il faut peut-être capturer l'image de la défaite de certains, une victoire pour d’autres... Dans tous les cas une grande tristesse et un effarement. Nous avons des raisons de croire que les interprétations individuelles de cette loi ne sont qu’à leurs débuts dans l’étendue des dégâts.

 

 

 

 

 





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