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Un président irakien difficilement choisi

Rédigé par Zaïri Rachid | Mercredi 2 Juin 2004 à 00:00

           

Les membres du Conseil de gouvernement irakien ont élu hier Ghazi al-Yaouar président de la République. Haut dignitaire sunnite de l’une des plus puissantes tribus de la région, il sera secondé par deux vice-présidents, un chiite et un Kurde. Le nouveau gouvernement provisoire rassemble 29 ministres, il sera seul détenteur de la souveraineté de l’Irak le 30 juin, lorsque les autorités d’occupation dissoudront leur autorité provisoire dirigée à Bagdad par Paul Bremer, le proconsul de Washington. Cette mutation a néanmoins connu une série d’obstacles. Le plus important fût le bras de fer difficile entre le gouvernement transitoire et Washington dans la nomination du futur président de l’Irak. Les Etats-Unis ont vivement tenté de faire passer Adnan Pachachi, un proche collaborateur…



Les membres du Conseil de gouvernement irakien ont élu hier Ghazi al-Yaouar président de la République. Haut dignitaire sunnite de l’une des plus puissantes tribus de la région, il sera secondé par deux vice-présidents, un chiite et un Kurde. Le nouveau gouvernement provisoire rassemble 29 ministres, il sera seul détenteur de la souveraineté de l’Irak le 30 juin, lorsque les autorités d’occupation dissoudront leur autorité provisoire dirigée à Bagdad par Paul Bremer, le proconsul de Washington. Cette mutation a néanmoins connu une série d’obstacles. Le plus important fût le bras de fer difficile entre le gouvernement transitoire et Washington dans la nomination du futur président de l’Irak. Les Etats-Unis ont vivement tenté de faire passer Adnan Pachachi, un proche collaborateur…

Avertissement aux Américains

L’élection par les Irakiens membres du Conseil de gouvernement du chef tribal Ghazi al-Yaouar au poste de président de la République est un avertissement pour Washington. La Maison-Blanche, par la voix de son représentant à Bagdad Paul Bremer, avait tenté au cours du week-end de faire élire son candidat Adnan Pachachi, 81 ans, un ancien diplomate vivant aux Etats-Unis. Le Conseil de gouvernement avait décidé de passer outre. Il fut accueilli en arrivant au quartier général de la coalition à Bagdad lundi, par un mot de Paul Bremer l’avertissant que la réunion était reportée au lendemain et qu’il ne reconnaîtrait aucun vote émis en son absence! Il menaçait les Irakiens de sortir de son chapeau un troisième homme, si le Conseil s’entêtait à vouloir élire Ghazi Yaouar!

En vain! Pour les Irakiens, Al-Yaouar est l’homme de la situation, à l’inverse de Pachachi. Agé de 46 ans, originaire de Mossoul, le bastion des sunnites dont sont issus la majorité des cadres de l’armée irakienne, il veut démontrer aux siens que le choix de s’investir 'dans les institutions' peut payer plus que le recours aux armes. Son élection est un signal fort adressé au centre du pays où la résistance contre les forces d’occupation a fait rage ces derniers mois, de Ramadi à Falloudja. Ghazi al-Yaouar est d’ailleurs l’un des intermédiaires qui ont contribué à établir le cessez-le-feu d’avril entre les insurgés de la ville rebelle et les marines.


Apprécié des Kurdes et des Chiites

Pour les chiites, son élection est également un plus. Ils constituent une bonne part des millions de membres de la tribu des Chammai, dont il est l’un des leaders. Apprécié par les Kurdes, il a le profil du rassembleur, qui manquait cruellement à Pachachi. Le nouveau gouvernement s’efforce de respecter les équilibres communautaires. Le Premier ministre Ayad Alawi est chiite. Mais, ancien du Baas et proche de Washington. Les principaux partis religieux chiites, Al Dawaa et le Conseil suprême de la révolution islamique se sont vu, quant à eux, attribuer notamment un poste de vice-président, avec Ibrahim al-Jafaari, et celui de ministre des Finances confié à Adil al-Mahdi. Cela suffira-t-il à gagner l’assentiment de l’ayatollah Sistani à Nadjaf? Le chef religieux reste hostile à la Constitution provisoire qui doit guider le nouveau gouvernement. Celle-ci entérine entre autres l’autonomie du Kurdistan, et cette question taraude les Kurdes, qui n’ont obtenu ni le poste de président ni celui de Premier ministre, qu’ils convoitaient.

Une 'souveraineté totale'

Ghazi al-Yaouar a appelé à restaurer une 'souveraineté totale' dans son pays déchiré par la guerre. Il a lancé cet appel lors de sa première conférence de presse tenue mardi peu après sa nomination au poste de président du gouvernement irakien par intérim qui assumera le pouvoir en Irak le 30 juin.

M. Yaouar a déclaré devant la presse : 'Nous les Irakiens désirons être garantis d'une souveraineté totale par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies nous permettant de reconstruire un pays libre, indépendant, démocratique, fédéral et unifié'.

Les autorités de la coalition dirigée par les Etats-Unis devront passer le pouvoir au gouvernement irakien le 30 juin. Les élections générales irakiennes sont prévues pour janvier 2005.






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