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Société

Si loin de l'Euphrate*

Rédigé par Rakho Mom Assmaâ | Lundi 3 Janvier 2005 à 00:00

           

'Je partage ma vie avec Isabelle depuis 1972 [...]Je lui ai raconté mon histoire, elle est devenue ma plume'. Installé en France depuis 1969, Hassan Massoudy est le calligraphe le plus célèbre en France. Et c'est avec son épouse Isabelle, rencontrée sur les bancs de l'Ecole des Beaux Arts de Paris, qu'il retrace sa 'jeunesse d'artiste en Irak'. Un voyage dans le temps et dans l’espace à travers l’Irak des années 50-60.



'Je partage ma vie avec Isabelle depuis 1972 [...]Je lui ai raconté mon histoire, elle est devenue ma plume'. Installé en France depuis 1969, Hassan Massoudy est le calligraphe le plus célèbre en France. Et c'est avec son épouse Isabelle, rencontrée sur les bancs de l'Ecole des Beaux Arts de Paris, qu'il retrace sa 'jeunesse d'artiste en Irak'. Un voyage dans le temps et dans l’espace à travers l’Irak des années 50-60.

En ces temps troublés où les images parvenant d'Irak nous donnent à voir un pays ravagé, livré à lui-même et à tous les vents, où le chaos l'emporte et où la désolation s'installe, comment ne pas se plonger avec délice et se complaire à déambuler dans cet Irak que nous décrit Hassan Massoudy ? C'est avec une pointe de tristesse que l'on achève l'ouvrage, comme le désappointement qui suit une œuvre inachevée, bâclée et à jamais détruite.

Né en 1944 à Nadjaf, Hassan Massoudy baigne très tôt dans un univers où le tracé calligraphique occupe une place prépondérante. Nadjaf étant une ville de pèlerinage, les murs des splendides mosquées et autres mausolées regorgent de textes calligraphiés immenses. Cependant c'est pas à pas, très progressivement, que l'auteur nous mène à ces écritures artistiques. Et il nous donne ainsi l'impression de parcourir à nouveau avec nous le chemin qui l'y a lui-même mené.

Retraçant donc son enfance et sa jeunesse, Hassan Massoudy nous entraîne, tels des intimes, dans tous les recoins de son Irak natal et plus largement dans l'Irak des années 1950-60. La sensation dominante est celle d'avoir entre les mains un de ces carnets personnels et secrets où l'on se livre entièrement et sans retenue aucune.

Captivés, nous déambulons alors à travers rues et ruelles. Nous pénétrons les intérieurs et les demeures, traversons les différents souks, entrons dans les échoppes et entrepôts, allant jusqu'à nous perdre à travers le désert infini, sur les traces d'un Hassan Massoudy cherchant à atteindre un paysage fait de jardins et de lacs et qui s'avère être un mirage ! Tout est fait pour nous attirer dans le tourbillon de la vie irakienne, ses fêtes et cérémonies, ses joies et ses tristesses. Tout est mis en œuvre pour nous entraîner dans ses profondes déceptions, ses bas fonds sordides voire cruels. L'évolution historique du pays et la succession des régimes apportent tour à tour l'euphorie et la liesse, mais aussi la déception et le dégoût extrêmes.

Les ellipses à répétition, nous laissant sur notre faim, constituent la seule fausse note de l’ouvrage. Car la frustration remplaçant peu à peu la curiosité, l'impression qui domine alors est celle de détails cachés, occultés et certainement passionnants mais qui manquent pour faire de cette autobiographie une œuvre complète dont on ne ressortirait assurément pas indemnes, dans le bon sens du terme bien sûr.

* de Hassan Massoudy
Genre : autobiographie
Edition : Albin Michel
183 pages





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