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Politique

Présidence de l’UMP : Copé ou Fillon, à droite toute !

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Mercredi 3 Octobre 2012 à 00:00

           

Jean-François Copé est prêt à tout pour accéder à la présidence de l’UMP. Même à piocher dans le vocabulaire du Front national en dénonçant dernièrement le « racisme anti-blanc ». Le secrétaire général de l’UMP mène une course à la présidence de son parti résolument tourné vers l’extrême droite, avec pour modèle Nicolas Sarkozy. L'ancien Premier ministre François Fillon soigne son image auprès des sympathisants et des responsables UMP les plus modérés mais n'est pas en reste.



Présidence de l’UMP : Copé ou Fillon, à droite toute !
« Un racisme anti-blanc se développe dans les quartiers de nos villes où des individus - dont certains ont la nationalité française - méprisent des Français qualifiés de "gaulois" au prétexte qu'ils n'ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu'eux », a affirmé Jean-François Copé dans son ouvrage Manifeste pour une droite décompléxée (Fayard), à paraître mercredi 3 octobre.

Le député-maire de Meaux, en Seine-et-Marne, a déclaré s’être appuyé sur des témoignages d'habitants de sa ville pour lancer cette affirmation. Et même si « personne n'est propriétaire ni des mots, ni des idées », il rejoint bien le Front national qui depuis longtemps en a fait l’un de ses thèmes favoris.

Le parti présidé par Marine le Pen n’a d’ailleurs pas tardé à accuser de plagiat Jean-François Copé qui, dans sa course à la présidence de l’UMP, mise sur le tout sécuritaire pour battre son adversaire François Fillon.

Pétition contre le vote des étrangers

La reprise de cette expression frontiste a vite fait de susciter un tollé. Jean-François Copé fait mine de ne pas comprendre en expliquant simplement vouloir briser un tabou.

Dans cet exercice de rapprochement des idées UMP/FN, il n’en ai pas à son coup d’essai. Pour briguer la présidence de l’UMP, l’actuel secrétaire général s’est lancé de longue date dans une véritable campagne contre le droit de vote des étrangers extra-européens aux élections municipales. Son parti a d’ailleurs lancé une pétition nationale le 12 septembre pour que les Français se positionnent contre ce droit. Plus de 100 000 personnes l’auraient déjà signée, selon Copé. « J’appellerai le peuple de France à s’y opposer de toutes ses forces », écrit-il dans son manifeste.

A le lire, on aurait l’impression que cette promesse de campagne de François Hollande - que Manuel Valls a dernièrement jugé « inopportun » - provoquerait un chaos dans l’Hexagone. Bien que François Fillon ait les mêmes positions, son rival est bien plus offensif verbalement et se révèle être un très bon client pour les médias français.

Jean-François Copé, qui a été parmi les initiateurs de la loi d’interdiction du voile intégral en 2009 et un débat sur l’islam en 2011, adopte bien dans cette campagne une ligne de conduite tournée vers l’extrême droite.

Copé sur les pas de Sarkozy

Sa ligne de conduite est claire : il mise tout sur le concept de la « droite décomplexée ». Le style adopté par le député est copié sur celui de Nicolas Sarkozy, qui s'est vu dicté sa stratégie de campagne par Patrick Buisson, l'ancien directeur de Minute. Lors de son annonce officielle à la candidature de la présidence de l’UMP, en août dernier, il avait d’ailleurs indiqué prendre modèle sur l’ancien chef de l’Etat.

« J'ai clairement dit que je m'inscrivais dans les pas de Nicolas Sarkozy (...) Moi je me suis engagé pour Nicolas Sarkozy à 1 000 % » pendant la campagne présidentielle, avait-il insisté devant 2 000 partisans et des dizaines de parlementaires à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône).

Résultat : il y a une « reproduction systématique des méthodes de combat politique de Nicolas Sarkozy par Jean-François Copé », constate le maître de conférences et politologue à Sciences Po, Thomas Guénolé sur le site du Plus du Nouvel Observateur. « Il est en train de reproduire la démarche en quatre temps de Nicolas Sarkozy : provocation, clarification, victimisation, accaparement », juge-t-il.

En captant les médias pour parler de « racisme anti-blanc », Copé veut montrer qu’il est soi-disant le seul à oser parler des vrais problèmes. Sans complexe, il poursuit la droitisation entamée par Nicolas Sarkozy. « Depuis lors, il semble que la course à la droitisation se poursuive, là encore dans la compétition pour fidéliser la droite sécuritaire, avec une question qui, pour l’heure, n’a pas de réponse : où cette course à droite s’arrêtera-t-elle ? », se demande M. Guénolé.

A quelques jours de la précédente élection présidentielle, Nicolas Sarkozy n’avait pas hésité a jugé Marine Le Pen « compatible avec la République ». Jean-François Copé compte bien garder ce cap du rapprochement avec le FN, avec probablement en vue les élections présidentielles de 2017. Il est soutenu dans cet effort par la Droite forte, mouvement qui assume clairement son sarkozysme au sein de l'UMP fondé en juillet 2012 par Guillaume Peltier, un ancien du FN et du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers.

56 % des Français d’accord avec Copé

Jean-François Copé élu, l’UMP continuera son ascension toujours plus fulgurante vers la droite de la droite. Les perspectives ne sont pas pour autant plus rassurantes du côté de son adversaire François Fillon, qui souhaite « remettre en place l'idée de Charles Pasqua de demander aux jeunes nés en France de parents étrangers de choisir formellement la nationalité française à 18 ans » et ne se dit pas choqué par l’expression « racisme anti-blanc » employée par son rival.

François Fillon a même répliqué dans ce registre en proposant samedi 29 septembre la mise en place d’un vote annuel au Parlement pour fixer un nombre d'étrangers admissible en France. S'il se réclame moins du sarkozysme que son rival, la surenchère continue au mépris des populations attaquées comme les étrangers.

Ces propos provocateurs n’ont pas choqué une large majorité des sympathisants de droite, qui sont 84 % à penser qu’il existe un « racisme anti-blanc » selon un sondage TNS-Sofres pour i<Télé, réalisé le 27 septembre sur un échantillon de 1014 personnes. Au total, 56 % des Français sont d’accord avec l’affirmation de Jean-François Copé contre 27 % ne croyant pas à l’existence de cette forme de racisme. Le sondage montre également qu’une majorité (51 %) pense que le secrétaire général de l’UMP a eu raison d'aborder ce sujet contre 29 % qui estiment « qu'il a tort d'en parler car cela peut attiser les tensions au sein de la société française ».

La date du premier tour de l’élection du président de l’UMP est prévue le 18 novembre. L'entourage de Copé se plaît à dire que leur champion a ses chances d'emporter le scrutin mais rien n'est joué puisque les derniers sondages donnent Fillon vainqueur. Les deux candidats à la présidence de l'UMP se feront face le 25 octobre à l'émission « Des paroles et des actes » sur France 2, a annoncé la chaîne mardi 2 octobre. Mais avec ou sans Copé, l'aile droite de l'UMP, incarné notamment par les députés du mouvement Droite populaire qui prônent « l’immigration zéro », est plus que jamais renforcée.





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