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Sur le vif

Moussaoui: la défense évoque sa schizophrénie

| Mardi 18 Avril 2006 à 08:16

           


Lundi, les avocats de Zacarias Moussaoui ont entamé au tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie) un voyage dans son enfance troublée, son adolescence "joyeuse", son esprit tortueux, peut-être schizophrène, qui l'a mené vers l'extrémisme. Cette maladie mentale est selon eux une "circonstance atténuante", qui doit lui épargner une condamnation à mort pour complicité avec les auteurs des attentats du 11 septembre. Un défilé de proches interrogés par la défense a d'abord raconté l'"autre" Moussaoui, celui d'avant Al-Qaïda. Dans un enregistrement vidéo, sa soeur Djamila, qui a trois ans de plus que lui, s'est souvenue d'un "beau petit bébé toujours souriant". Nadia, l'aînée, également filmée en France, a parlé d'un adolescent qui "lisait avec beaucoup de conviction Martin Luther King, qui était pour les droits civiques, la non-violence, la force de l'amour".

Les deux ont décrit une famille soumise à la terreur d'un père violent, dont leur mère, Marocaine comme son mari, mariée de force à 14 ans, s'est séparée en 1972. "Nous étions terrorisés", a dit Nadia, qui croît "être le fruit d'un viol". Les deux soeurs ont aussi expliqué être atteintes de troubles mentaux: une schizophrénie pour Djamila, une "psychose à tendance schizophrénique", chez Nadia. Le père de Zacarias Moussaoui, Omar, souffrant de "troubles psychotiques", a vécu un temps à la rue et séjourne aujourd'hui dans un hôpital psychiatrique à Nanterre, près de Paris, selon Jan Vogelsang, une experte qui a enquêté sur le passé de Moussaoui. Entre 1968 et 1974, Zacarias, son frère et leurs deux soeurs ont été ballottés d'orphelinat en foyer. Et pourtant: "Zac", "élève moyen" et "turbulent", a eu son histoire d'amour et beaucoup d'amis.

Deux d'entre eux ont traversé l'Atlantique pour témoigner de cette amitié devant les jurés. Fabrice Guillin s'est installé nerveusement dans le box des témoins et s'est souvenu de l'adolescent "qui pensait beaucoup à s'amuser", et avait dès l'âge de 16 ans une petite amie, Karine. Parfois, a-t-il raconté en français, il étaient refoulés de l'entrée des boîtes de nuit, à "cause de la couleur de sa peau". "Merci beaucoup", lui a dit en français la juge chargée de l'affaire, Leonie Brinkema. Karine et Zacarias sont restés six ans proches et on même vécu ensemble. Il était "gentil" avec elle, "lui faisait des cadeaux", selon l'experte. Mais le père de la jeune fille n'a jamais accepté ce "sale arabe". Un autre ami, Gilles Cohen, de confession juive, a aussi voulu rendre hommage au Moussaoui "plein de joie de vivre", qu'il a hébergé pendant trois mois, alors qu'il avait 18 ans. "Nous avions du mal à comprendre pourquoi deux peuples de la même origine étaient à ce point ennemis alors que nous, un arabe et un juif, étions les meilleurs amis du monde", a dit M. Cohen.

Jeudi, Zacarias Moussaoui avait déclaré sans ciller qu'il souhaitait voir les musulmans détruire l'Amérique et exterminer tous les juifs. Puis la défense a abordé les rêves étranges du Français. Vikas Ohri, gardien à la prison d'Alexandria où il est écroué a notamment expliqué que Moussaoui était convaincu que l'un d'entre eux se réaliserait. "Dans ce rêve, il voit les attentats du 11 septembre et sa capture", a expliqué le gardien. "Il est ensuite libéré par George W. Bush, qui le met dans un avion pour Londres à l'aéroport John F. Kennedy, et il écrit un livre pour gagner de l'argent, avant de retourner dans les montagnes d'Afghanistan et à Al-Qaïda". Avec cette entrée en matière, les avocats ont commencé l'audition du psychologue Xavier Amador, spécialiste de la schizophrénie, qui a assuré qu'il était atteint de schizophrénie.

Ce témoignage doit se poursuivre ce mardi. Les jurés pourraient commencer à délibérer en vue d'une verdict dès la fin de la semaine.

 





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