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Points de vue

Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « intégration »

Rédigé par Pierre Henry | Mercredi 25 Mai 2022 à 10:00

           

Les mots qui fâchent, les mots du vocabulaire politique, souvent mal connus, employés de manière inappropriée, instrumentalisés sont nombreux. Ils se répètent et se buzzent en réseaux, confortant postures et partis pris. Ils font débat et nous divisent. Ce sont les mots piégés du débat républicain. Ces mots, nous allons les déminer, les expliquer ou simplement vous permettre de mieux les connaître. Le mot du jour ici décrypté : l’intégration.



Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « intégration »
D'après un sondage publié en ce début d'année 2022, l'immigration ne serait pas perçue par les Français comme l'une des principales menaces à l'identité nationale. Elle arrive en tout cas loin derrière l'affaiblissement économique ou la désindustrialisation, par exemple. Pourtant, la politique d'immigration de la France se retrouve souvent au cœur des débats politiques. Beaucoup remettent en cause notre système d'intégration et proposent de le modifier drastiquement. Mais qu'est-ce qu'on vous reproche tant à l'intégration ?

Notons d'abord que le verbe « intégrer » a été utilisé dès le 15e siècle pour exprimer l'idée de faire participer, d'associer. Toutefois, c'est au début du 20e siècle que le terme prend pour signification le fait d'introduire un élément dans un ensemble afin que, s'y incorporant, ils forment un tout cohérent. L'intégration, c'est donc incorporer un élément étranger à un groupe afin d'en constituer un tout organique. L'intégration des étrangers, c'est donc un processus et une politique publique qui consistent à incorporer quelqu'un de nouveau dans un groupe déjà constitué, tout en veillant à obtenir comme résultat une société unie. S'intégrer en France, c'est se reconnaître et s'identifier comme membre d'un collectif avec lequel on partage des normes et des valeurs, que l'on respecte, les valeurs de la République.

Mais s'intégrer ne signifie pas pour autant abandonner ses spécificités culturelles ou sa culture d'origine. En revanche, demander à un étranger de s'assimiler du latin assimilare, rendre comme, c'est lui demander de nier son identité et de couper tout lien avec sa première culture. Aujourd'hui, certains polémistes recommandent l'assimilation, car ils estiment que le processus d'intégration est défaillant. D'après eux, les étrangers devraient continuellement montrer des preuves de leur appartenance, à la société française à la manière des critères de civilisation autrefois utilisés. Ils exigent des preuves farfelues, comme un changement de nom, par exemple, ou de prénom. A noter que l'assimilation comme notion juridique est toujours exigée pour accéder à la nationalité française, ce qui signifie le respect de trois critères. Parler la langue, respecter l'égalité homme femme et refuser la polygamie.

A l'assimilation radicale qui rejette les différences, la France a donc préféré un modèle d'intégration qui se fonde sur l'ouverture à l'altérité sans perdre de vue le principal : le respect des valeurs républicaines et de l'universalisme nous permettant de faire société ensemble.

Après être revenu sur l'origine du mot « intersectionalité » et sa balade dans l'actualité, un spécialiste nous aide à y voir encore plus clair. Ici François Héran.

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Pierre Henry est le président de l’association France Fraternités, à l’initiative de la série « Les mots piégés du débat républicain », disponible également en podcast sur Beur FM.

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Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 25/05/2022 17:39 | Alerter
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Ce qu'on appelle "intégration" est pourtant critiqué, voire dénoncé.

Car bien au-delà de l'assimilation, aujourd'hui déconsidérée car impossible, voire insultante, l'intégration elle-même suppose la prise en compte "obligatoire" de certaines caractéristiques de la société d'accueil qui d'une manière ou d'une autre porte atteinte à la liberté de l'individu.
L'interdiction de la polygamie, par exemple, est clairement exprimée comme un rejet d'une pratique qui existe pourtant sous des formes non racisées dans la société française. De la même manière, les différenciations entre homme et femme devraient pouvoir s'exercer, tout comme elles s'exercent sous une autre forme dans la société française.

On arrive ainsi à une notion bien plus large que celle d'intégration, et qui est celle d'"inclusion", la seule soumission aux lois suffisant pour donner le droit de vivre à sa convenance dans une société de libertés. La notion d'usage partagé dans toute la nation n'a donc plus de sens, pas plus que la référence à une histoire commune ou même à quoique ce soit d'autre que le partage de l'accès légaliste à l'État.

On concluera en ajoutant toutefois que cette souplesse d'esprit quant à l'admission de populations étrangères sur son sol est propre à l'Occident (Europe+USA), et ne se trouve partagée par absolument aucun pays dans le monde, du moins depuis la fin définitive de la colonisation. Comme si c'était en fait l'Occident qui "s'incluait" dans la totalité du reste du monde......  

2.Posté par Abdoulaye le 28/05/2022 23:53 | Alerter
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@francois. D'accord pour l'intégration, même si votre chapitre sur la polygamie me semble obscur.
Par contre, les pays " non occidentaux" se contentent largement de l'intégration, voire moins. Il faut d'ailleurs noté que les immigrés français ne s'intègrent pas mieux que les autres, loin s'en faut...

3.Posté par Rond LEDARON le 29/05/2022 21:00 | Alerter
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C'est marrant car il n'est pas demandé aux français de "s'intégrer", selon l'acceptation psycho rigide républicaine, c'est à dire s'assimiler, s'oublier pour mieux s'aliéner, dans les pays où il émigrent. Nous voyons nos hexagonaux vivre dans leur ghetto sans les sommer de singer les locaux. Il faut dire que le monde tourne dans le bon sens.
@françois, ton insert sur la polygamie officielle est hilarante quand on connaît que la polygamie hypocrite est un sport national : tromperies en tout genre, 5 à 7 avec, dans certains cas la naissance d'enfants dit "naturel s" (comme si les étaient "sur naturels".. 😅)
Bref, souvenons nous du polygame Mitterand ( qui valu le fameux "accident" mortel de vélo de Jean Edernallier (mea culpa pour l'orthographe approximative de son nom), souvenons nous encore de Paul Bocuse, etc...
Espères tu @françois que nous cultivions une inculture, un manque de mémoire pour nous asséner tes vérités unilatérales, facilement déconstruites par une connaissance un peu exhaustive de la culture de ce pays. C'est ce qui nous différencie tout de même. Nous, musulmans de France qui vivons ou avons vécu in situ avons une apprenhension un peu pointue du pays que tu nous vends systématiquement sous une forme conceptuelle idéalisée contrairement à toi qui essaie tant bien que mal notre culture islamique selon le prisme en vogue.

4.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 30/05/2022 18:07 | Alerter
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Mon piège a fonctionné...
Ma critique de l'intégration est bien sur une description (et non pas une prise de parti, car je suis "assimilationniste").

@abdoulaye vous vous êtes douté de quelque chose au sujet de ma description de la polygamie, qu'il est possible que vous réprouviez, et qui même si pratiquée en dehors des clous en Occident n'a rien à avoir avec son assentiment légaliste pratiqué ailleurs (M. Ledaron n'a pas cette subtilité, et c'est bien sa dénonciation de la pratique avec un nombre d'épouses supérieur à 4 qui est hilarante...)

Pour finir les problèmes d'"intégration" sont propres à l'immigration pacifique de masse en cours actuellement dans tout l'occident, et qui n'a pas d'équivalent dans l'autre direction. Bien au contraire, partout où des migrations massives ont lieu, elles s'accompagnent, comme toujours dans l'histoire, par des guerres inexpiables... Saurons-nous les éviter ?

5.Posté par Premier janvier le 30/05/2022 19:56 | Alerter
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François. Je vous prends pour exemple un domaine comme celui de l'emploi.
Dans un milieu professionnel par exemple il faut être accepté.
Le mot intégration vaut partout.
Je travaille dans une entreprise ou se trouve de vieilles équipes.
Des anciens comme l'on dit.
Et bien ce sont eux qui adoubent. Et c'est très violent.
En pause on parle de tout et de rien mais surtout de nous. Un nouveau est embauché. Celui-là il faut qu'il dégage. C'est dit tel quel. C'est très trash.
Et entre de souche. Rien à voir avec les origines.
Et la direction heureusement d'en prendre et d'en laisser.
Mais ça marche comme ça.
Ce sont les autres qui intègrent, qui acceptent. Pas le nouveau.
Le nouveau lui, tente de se formater, de suivre.
Mais soit il a une personnalité et se rajoute soit il plie et joue un rôle.
Mais lui n'a le pouvoir de s'intégrer que si on lui laisse une place.

6.Posté par Rond LEDARON le 31/05/2022 18:22 | Alerter
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@françois, ton piège a fonctionné, nous savons tous que tu es un chasseur hors pair, que les proies que nous sommes se font avoir par ton intelligence hors norme.
Mince alors, nous nous sommes ferrés à l'appât qu'était la polygamie. Sauf que, ta litanie habituelle appelait des réponses factuelles que tu n'as pas relevé et pour cause, sans doute géné aux entournures, tu pérores tel Tartarin de Tarascon.

7.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 02/06/2022 19:01 | Alerter
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@101 Pour avoir été du côté des vieilles équipes qui "intègrent" (dans le sens que vous donnez au mot) sachez que cela peut se faire aussi avec émerveillement et enthousiasme. C'est la vie, certains nouveaux poissons brillent de tous leurs feux dans certains vieux aquariums... Il n'y a pas de blancs sans noirs...


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