Derrière une logique esthétique du vêtement, les magasins de prêt-à-porter féminin développent tout un circuit économique et financier. Ce qui peut amener Nour et Nadia, les deux associées du nouveau magasin Nabalsy, à faire l'aller-retour entre Paris et la Syrie.Les négociations sont donc de mises entre les prix des vêtements ou le stand à la mosquée de Paris, qui n'est autre qu'une opération marketing
Un magasin aux idées neuves
Nabalsy, magasin parisien de prêt à porter féminin, est né de l’association de deux femmes : Nadia et Nour. Ces deux françaises converties à l’Islam ont décidé de créer un magasin qui répondrait à la forte demande des femmes musulmanes quant à leur désir de s’habiller correctement soit de façon occidentale soit de façon traditionnelle. Cela permet à Nadia et Nour d’exercer un métier qui leur plaît tout en portant le voile. Nabalsy vise un public défini par Nour comme « la femme voilée occidentale » et refusant de se cantonner au cliché péjoratif de la femme musulmane en djellaba. Le marché du prêt à porter destiné à la musulmane est en pleine expansion mais propose de façon récurrente le même style vestimentaire. Nour nous explique que pour elle, « il n’est pas pensable de m’habiller autrement qu’avec une rebbaya noire lorsque je suis en Syrie, j’aime me mettre en couleur locale ! ». C’est pourquoi, elles ont pris l’initiative de vendre des modèles originaux que ce soit des robes, des tailleurs ou des robes de soirée permettant de s’intégrer parfaitement au style occidental.
Importation et Création
Nadia connaissant bien la Syrie, c’est naturellement avec ce pays qu’elle commerce le plus, elle y fait ses études de coûts. Nadia et Nour vont chercher elles-mêmes leur matière première. Ainsi elles peuvent négocier le prix des tissus ou celui de l’achat des vêtements finis et ce, aux prix les plus justes. Mais contrairement aux idées reçues, les pays arabes ne laissent pas partir leurs produits à bas prix après un simple marchandage. La plupart des produits artisanaux ou manufacturés gardent un prix élevé à l’exportation. Nadia et Nour importent également des vêtements de Chine, d’Arabie Saoudite ou de Dubaï, chaque pays ayant sa spécialité. Tous les frais de transport et de douane étant à leur charge, elles ramènent une partie de leurs achats dans leurs propres bagages, l’autre partie en fret. Un seul paquet laissé sous douane revient à 30 € par jour ! Le prix des articles vendus en magasin est fixé en fonction du coût de l’achat, des divers frais, de la marge bénéficiaire mais surtout en fonction de la qualité du produit. Ce prix est calculé au plus bas pour rester concurrentiel. Toutefois certains vêtements dessinés par Nadia ou des créateurs sont fabriqués en France, où la main d’œuvre est plus qualifiée et mieux rémunérée. De plus pour chaque modèle, les finitions sont faites à la main, ce qui entraîne un surcoût, de ce fait les prix fluctuent de 30 à 200 euros.
Opération marketing
Le magasin étant situé dans un quartier aisé, la clientèle est variée, allant du simple passant au client averti. En effet la boutique propose aussi bien des vêtements féminins que de l’artisanat, des décorations, visant ainsi un large éventail de clientèle. Nabalsy s’est fait connaître des musulmans par une opération marketing menée à la mosquée de Paris où Nour et Nadia tenaient un stand mais aussi par une distribution de prospectus et bien sûr par le bouche à oreille ! Nadia et Nour se sont énormément investies dans la mise en place de ce projet tant humainement que financièrement. On ne pourra connaître sa rentabilité qu’après plusieurs mois d’exploitation, si la notoriété est au rendez-vous. Dans le meilleur des cas, elles envisagent une expansion sur le long terme se concrétisant par l’ouverture d’autres magasins en banlieue ou en province et pourquoi pas de créer leur propre chaîne de magasins.