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Religions

La présence musulmane de Longwy s'affirme dans la cité avec sérénité

Rédigé par Lionel Lemonier | Vendredi 25 Mars 2022 à 11:25

           

Cette année, les musulmans de Longwy, en Meurthe-et-Moselle, ont des raisons supplémentaires de se réjouir à l’occasion du Ramadan. Ils profitent d’une nouvelle mosquée et ont obtenu la création d’un carré musulman pour enterrer leurs défunts.



L’ACMAL, représentée par Omar Sebab, a signé fin février une charte d'entretien du nouveau carré musulman de la commune de Longwy avec le maire Jean-Marc Fournel (debout, à gauche). © Ville de Longwy via ACMAL
L’ACMAL, représentée par Omar Sebab, a signé fin février une charte d'entretien du nouveau carré musulman de la commune de Longwy avec le maire Jean-Marc Fournel (debout, à gauche). © Ville de Longwy via ACMAL
Vendredi 25 février, les représentants de l’Association confessionnelle des musulmans de l’agglomération de Longwy (ACMAL) signaient une charte d’entretien du carré confessionnel musulman dans le nouveau cimetière de Longwy-Haut, en présence du maire Jean-Marc Fournel. Ce lieu, qui peut contenir 180 à 200 emplacements, est ouvert depuis le 15 mars.

« Cette convention était nécessaire pour déterminer les détails de l’entretien du lieu, les obligations qui incombent aux familles des défunts et ce qui est pris en charge par les services municipaux. Chaque famille qui souhaitera inhumer un proche dans le carré signera également un engagement avec l'ACMAL », explique à Saphirnews son président Omar Sebab.

La mosquée de Longwy. © ACMAL
La mosquée de Longwy. © ACMAL

Le premier Ramadan dans une mosquée flambant neuve

Deux semaines après cette signature historique, les fidèles pouvaient participer aux cinq prières quotidiennes dans la nouvelle mosquée d'une capacité de 2 200 places, même si l’édifice dont l’intérieur est décoré avec différentes nuances de bleu n’est pas totalement terminé. « Les tapis et les meubles pour déposer les chaussures sont provisoires. Les soubassements et les mosaïques doivent être complétés, les lustres doivent être installés et les finitions terminées mais le lieu peut néanmoins accueillir les fidèles pour les célébrations du Ramadan cette année », à la grande satisfaction du président de l’ACMAL, lequel ne serait pas surpris de voir que le budget prévisionnel de 2,5 millions d'euros soit un peu dépassé lorsque tout sera terminé.

Les responsables de l'ACMAL ne souhaitent pas s’étendre sur les circonstances, mais laissent entendre que le projet, lancé en 2006, n’a pas été facile à mener à bien, entre tracasseries administratives et procédures diverses qui leur a notamment valu des retraits de permis de construire. C'est désormais de l'histoire ancienne.

Ils s'interrogent aujourd'hui sur le devenir de l'ancien local de prière qui existait depuis 1987 à Gouraincourt. Très vétuste, il est trop petit pour le nombre de fidèles que compte la communauté musulmane de Longwy aujourd'hui. Une vente immédiate rapporterait peu. Mais des travaux de réhabilitation sont nécessaires pour le louer. Cette dernière solution permettrait cependant un apport de revenu bienvenu pour faire face à l'entretien de la nouvelle mosquée.

L'intérieur de la mosquée Tawhid de Longwy. © ACMAL
L'intérieur de la mosquée Tawhid de Longwy. © ACMAL

La crise sanitaire, un déclencheur pour la création de carrés musulmans

Omar Sebab est plus volubile pour évoquer l’ouverture du carré musulman. La demande était déposée depuis plusieurs années, mais elle est devenue primordiale avec la crise de la Covid-19. « Il y a de moins en moins de rapatriements des défunts. Les gens nés en France ne voient pas la nécessité d’être enterrés dans le pays d’origine de leurs parents ou de leurs grands-parents. Mais la crise sanitaire a aggravé la situation. Tous les vols pour l’Algérie et le Maroc se sont arrêtés, ce qui laissait les familles dans une situation difficile pour accomplir les dernières volontés du défunt. Nous avons essayé de trouver des solutions dans les communes de l’agglomération qui avaient déjà un carré mais les mairies préféraient garder la place pour leurs administrés », indique-t-il.

Sur 21 communes appartenant au Grand Longwy, la communauté d’agglomération, seules cinq sont dotées d’un carré confessionnel musulman. Le président de l’ACMAL prévoit de rencontrer tous les autres maires pour les sensibiliser à la situation. En 2020, le sujet était déjà débattu lors de la campagne municipale. Un opposant au maire avait organisé une pétition en ligne, sans l’aval de l’ACMAL. Elle a récolté 550 signatures en faveur de la création d’un carré musulman.

Durant la crise sanitaire, le manque de carrés confessionnels a été durement ressentie partout en France et les pétitions de ce type se sont multipliées. « La création de carrés musulmans prend du temps mais je n’ai ressenti aucune réticence à leur aménagement pour le moment », affirme Omar Sebab. « La difficulté provient le plus souvent d’un manque de places. Nous espérons susciter des arrangements entre maires à l’avenir. Certaines communes qui n'ont pas de lieu disponible pourront signer des conventions avec leurs voisines afin de permettre l'inhumation des défunts musulmans. »

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