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Société

La fraternité, si souvent négligée mais ô combien essentielle

Rédigé par | Mardi 4 Février 2025 à 16:30

           

L’édition 2025 du baromètre de la Fraternité dessine « le portrait d'une nation consciente de ses carences en matière de fraternité ».



La Journée internationale de la fraternité humaine, instituée par l’ONU depuis 2020, est une opportunité en France de mettre en lumière cette valeur qui fait figure de parent pauvre de la devise républicaine, bien qu’elle soit reconnue collectivement comme importante.

En effet, si 83 % des Français reconnaissent l'utilité de la fraternité aujourd'hui, seuls 12 % la placent comme première valeur de la République, loin derrière la liberté (65 %) et l'égalité (23 %), selon une étude IFOP commandée par le Labo de la Fraternité. Les résultats de l’édition 2025 du baromètre de la Fraternité, dévoilés mardi 4 février, montre ainsi « un décalage entre l'adhésion théorique et la priorisation pratique » qui « illustre les tensions qui caractérisent notre rapport à cette valeur fondamentale ».

Une valeur encore trop sous-estimée malgré les bénéfices générés

Seulement la moitié des Français considèrent leur pays comme véritablement fraternel. « Ce diagnostic sévère se reflète particulièrement dans l'évaluation des interactions sociales, puisque moins d'un Français sur deux (47 %) estime que ses concitoyens sont capables de dialoguer ensemble, tandis qu'une proportion encore plus faible (43 %) juge que la société facilite l'établissement de relations de confiance », signale l’IFOP. Cette situation n'échappe pas aux Français eux-mêmes : 63 % considèrent que la fraternité est une valeur sous-estimée dans notre société. Autant de chiffres qui dessinent « le portrait d'une nation consciente de ses carences en matière de fraternité ».

Les Français témoignent d'une « réelle conscience » des bénéfices que pourrait apporter un renforcement de la fraternité dans leur société. « Cette conviction se manifeste notamment à travers leur perception du lien entre fraternité et sécurité » puisque 72 % des sondés estiment qu'une augmentation des actions fraternelles contribuerait à renforcer leur sentiment de sécurité. « Cette reconnaissance de l'importance de la fraternité se traduit également dans le domaine du bien-être personnel » dans la mesure où une large majorité de Français (83 %) reconnaît l'impact positif des liens fraternels sur la santé mentale.

Dans le même temps, l'isolement des jeunes atteint « un niveau alarmant », s’inquiète le Labo de la Fraternité. 74 % des moins de 25 ans déclarent ressentir de la solitude, « un chiffre en forte hausse par rapport aux années précédentes ». Parmi eux, 25 % se sentent isolés de manière intense, un taux qui chute à 13 % chez les 35-49 ans et 9 % chez les plus de 65 ans.

Dans un contexte de méfiance historiquement élevée en France, il est constaté « un net repli sur les cercles de proximité ». Ainsi, 52% des Français privilégient l'aide aux personnes qu'ils connaissent, tandis que seulement 30 % étendent ce devoir aux inconnus.

Si 84 % des Français considèrent leur pays comme un pays de diversité, cette diversité est aussi bien perçue comme source d’enrichissement des individus (70 %) que comme source de problèmes et de conflits (72 %). « Cette ambivalence se cristallise particulièrement autour de la question migratoire : 45 % des Français identifient les tensions liées aux différences culturelles et à l'immigration comme le premier domaine nécessitant un renforcement de la coopération, devant les inégalités sociales (40 %) et les incompréhensions intergénérationnelles (26 %) », indique l’IFOP.

Des « socio-gestes » pour ancrer la fraternité dans les interactions

Alors que seuls 38 % estiment que les citoyens eux-mêmes agissent suffisamment en faveur de la fraternité, celle-ci doit devenir plus que jamais « une responsabilité partagée entre institutions, entreprises, associations et citoyens ». Par ailleurs, quatre Français sur dix considèrent que l’exemplarité des leaders politiques et religieux serait un levier efficace pour encourager la réconciliation dans notre société. Il faut donc « faire système autour de la fraternité en créant des passerelles entre tous les acteurs engagés : élus, associations, fonction publique, acteurs du dialogue inter-religieux et interconvictionnel, médias, entreprises », appuie le Labo de la Fraternité.

Pour aller vers l'autre et rencontrer des personnes différentes, ce n'est pas la peur qui constitue le premier frein mais le manque d’opportunités pour 46 % des sondés et le manque de temps pour 28 % d’entre eux, signale le collectif, qui encourage chaque citoyen, entreprise ou institution à « consacrer 1 % de son temps, de ses compétences ou de ses ressources au service des autres, via des actions solidaires concrètes ». A l’image de L’Heure civique qui incite les citoyens à donner une heure par mois de son temps pour une action de solidarité locale, ou encore de Kif Kif Vivre Ensemble qui permet à des inconnus de se découvrir autour d’une activité surprise favorisant la rencontre et le dialogue.

« Comme les écogestes ont transformé notre rapport à l’environnement, il est temps d’imaginer ensemble les "socio-gestes", ces actions simples et accessibles qui ancrent la fraternité dans nos interactions et nos choix collectifs », plaide-t-on. « La fraternité existe déjà, elle ne demande qu’à être renforcée et amplifiée. Ensemble, boostons la fraternité pour en faire un levier puissant de transformation de notre société ! »

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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