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Points de vue

La Vierge Marie, modèle coranique du parfait croyant

Par Seyfeddine Ben Mansour

Rédigé par Seyfeddine Ben Mansour | Lundi 15 Octobre 2012 à 00:15

           


La Vierge Marie, modèle coranique du parfait croyant
Le 29 août dernier sortait en salles La Vierge, les coptes et moi, de Namir Abdel Messeeh. En enquêtant sur les apparitions de la Vierge en Egypte, le réalisateur se proposait, entre autres, de rendre compte de ce lien entre chrétiens et musulmans que constitue le personnage de la Vierge.

Marie occupe en effet une place éminente en islam. Une sourate entière lui est dédiée (Maryam), ainsi que de nombreux autres versets.

Marie représente en effet le modèle coranique du parfait croyant. Elle est tout entière dans cette soumission patiente, cette humilité et cette sereine acceptation du décret divin qui sont les vertus premières du musulman.

Dans le Coran, l’excellence de Marie est d’abord exprimée par la divine provision de boisson et de nourriture. Alors qu’elle est adossée au tronc d’un palmier, en prise aux douleurs de l’enfantement, une voix (celle de Gabriel ou de Jésus, selon les exégètes) l’appelle pour la consoler, et l’avertit de l’apparition d’un ruisseau à ses pieds et de la vivification du palmier, qui porte maintenant des dattes « fraîches et mûres » (s. XIX, v. 23-25).

Prodige (karamât) selon Tabari, ou miracle (mu‘jiza) selon Jubbai, il y a là pour tous les exégètes un élément manifeste d’élection. « Mange et bois, rends à ton œil la fraîcheur. Au premier humain que tu verras, dis : "J’ai fait vœu au Tout Miséricordieux de jeûner. Je ne parlerai ce jour à personne !" » (s. XIX, v. 26).

C’est en effet lorsque le croyant se met en état d’abstention que Dieu lui confère Sa Grâce : pendant que Marie jeûne / fait vœu de silence, Dieu envoie Sa propre nourriture et Son Verbe au monde. Jésus est Kalimat Allâh, « Parole de Dieu ».

Les épisodes de l’annonciation et de la conception qui suivent font de Marie l’élément humain d’une triade qui magnifie la puissance du Verbe divin : la nature physique de l’Ange venu lui annoncer la naissance de Jésus accuse la transcendance absolue que constitue le kun !, « Sois ! ». Car « Dieu crée ce qu’Il veut. S’Il décrète une chose, Il Lui suffit de dire : "Sois", et elle est. » (s. III, v. 47).

Ailleurs, le Coran loue « celle qui préserva son sexe » (s. XXI, v. 91). Les exégèses varient de l’interprétation littérale (elle resta chaste) à d’autres plus imagées (elle protégea son encolure du souffle de Gabriel). Néanmoins, il faut avoir à l’esprit qu’en islam la chasteté n’est pas une valeur : ce qui mérite l’approbation de Dieu, ce n’est pas tant la chasteté volontaire que l’obéissance à Ses lois, c’est-à-dire, en l’espèce : la modération et la pudeur, vertus dont ici encore, Marie est le parangon.

« Du fils de Marie et de sa mère, Nous avons fait un signe » (s. XXIII, v. 50). Le singulier a retenu l’attention des commentateurs. Et notamment Razi, pour qui le miracle est ici à la fois en Marie et en Jésus, non pas en tant qu’ayant été accompli par Dieu par leur biais (contrairement aux miracles que Jésus accomplira, par exemple), mais en tant que constitué par eux, qui dès lors constituent une unité.

Des 25 occurrences du nom de Jésus dans le Coran, 24 sont constituées par la forme insécable « Jésus fils de Marie ». Une des significations essentielles de Marie est sans doute dans cette gémination avec la figure du prophète Jésus, assimilation qui procède de sa qualité de réceptacle du souffle divin, elle-même liée à sa conduite respectueuse de la Loi. Elle sera ainsi, affirme l’exégète al-Qurtubi, « parmi les premiers à entrer au Paradis, avec les prophètes », n’ayant pas, contrairement à Zacharie, demandé de « signe lorsqu’on lui annonça la Nouvelle ».

La Vierge a manifesté une confiance en Dieu et un abandon total à Sa volonté. Elle incarne de fait le modèle du parfait croyant.






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