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« L’affaire Rédeker est une manipulation »

Rédigé par Propos recueillis par la rédaction | Jeudi 12 Octobre 2006 à 16:39

           

Recteur de la grande Mosquée de Lyon et membre du bureau national du CFCM, Kamel Kabtane est un homme qui a l’habitude de dire ce qu’il pense. Nous l’avons interrogé sur les raisons de son soutien au lycée privé musulman Al Kindi, interdit d’ouverture, mais aussi sur ses déclarations concernant l’affaire Rédeker. Dans les deux cas, il ne mâche pas ses mots. Entretien avec un homme de conviction.



« L’affaire Rédeker est une manipulation »

Saphirnews.com : Vous avez participé au sitting organisé par des parents d’élèves, suite au refus du recteur Alain Morvan d’autoriser son ouverture. Qu’est-ce qui a motivé au juste votre décision de soutenir Al Kindi ?

Kamel Kabtane : Ce qui a motivé notre décision c’est d’abord la manière dont avait été traité le dossier du lycée Al Kindi dont l’injustice était de plus en plus visible. C’est l’un des premiers lycées musulmans de France et peut-être que le soutien du rectorat pour monter ce dossier aurait été beaucoup plus judicieux.

Le recteur qui rejette les accusations d’islamophobie a des mots durs contre vous. Il vous reproche de vous associer à ce qu’il qualifie de campagne d’intimidation et vous accuse de mensonge et de grossièreté…

K.K : Nous avions demandé à rencontrer le recteur car nous estimions qu’il n’y avait pas eu de dialogue entre lui et Al Kindi, en dehors des déclarations par médias interposés. Nous avions pensé qu’en tant que responsables musulmans, nous devions agir pour savoir comment renouer le dialogue.

Nous avions estimé également que même si le dossier avait des manques, le rôle du recteur était d’essayer d’accompagner ce projet comme le gouvernement l’avait fait pour la création du CFCM. Cela nous aurait évité toute cette campagne et ces noms d’oiseaux que l’on se jette.

Des collaborateurs du recteur sont venus à votre rencontre. Le président du CRCM Rhône-Alpes (Azzedine Gaci) et vous-même avez refusé de leur parler. Pourquoi ?

K.K : Nous avons refusé de rencontrer les collaborateurs du recteur car le recteur, en refusant lui-même de nous rencontrer, n’avait pas pris en considération la communauté musulmane. Nous déléguer des collaborateurs est un affront qu’il a voulu signifier à la communauté musulmane.

Le CFCM peut-il jouer un rôle dans la sortie de crise ?

K.K : Je pense que le rôle du CFCM est aussi de défendre la dignité de la communauté musulmane qui, dans cette affaire, a été bafouée dans son ensemble. On a pas le droit de faire la politique de l’autruche parce qu’il s’agit de tel ou tel projet.

Le CFCM est aussi là pour apporter des réponses aux incohérences de l’administration. En tant que membre du bureau du CFCM, j’ai demandé au bureau national d’agir, ne serait-ce que par un communiqué. Le président du CRCM Rhône-Alpes (Azzedine Gaci) et moi-même avons écrit un courrier au ministre de l’éducation pour solliciter une entrevue et lever toutes les ambiguïtés sur cette affaire.

Concernant l’affaire Redéker, vous avez-vous même parlé de manipulation…

K.K : Je le maintiens. Les questions soulevées et les réponses qui y ont été apportées ne m’ont toujours pas satisfaites. Je pense qu’il y a manipulation derrière tout cela compte tenu du contexte actuel. On essaye de monter l’opinion publique contre les musulmans et l’islam.

Nous sommes citoyens de ce pays, et nous avons le même droit à l’information et au respect. Les déclarations de Mr Redéker auraient du faire l’objet d’une plainte au tribunal pour incitation à la haine raciale.

La dernière affaire de la soi disante lapidation d’une élève que le tribunal de Lyon a rapidement écarté, montre comment on crée des situations anti-musulmanes pour choquer l’opinion publique. Je trouve scandaleux d’utiliser une simple altercation entre gamins, aussi violente soi t’elle, pour en faire une affaire nationale, voire internationale qui met en cause l’Islam, alors même que les musulmans prouvent chaque jour qu’ils veulent vivre en paix dans ce pays.





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