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L'Union des Jeunes Musulmans de France

Rédigé par Bouali Houda | Lundi 15 Septembre 2003 à 00:00

           

La « marche des Beurs » fut un échec en 1983. Une profonde déception qui obligea de nombreux « jeunes musulmans » à revenir sur leur parcours. L’échec de cette marche tant attendue a transformé la relation des jeunes issus de l’immigration à la société française. Certains dont l’UJM (Union des Jeunes Musulmans)ont été conduits à vouloir gommer l’obligation de «discrétion» à laquelle se sont plus ou moins soumis leurs pères. A la volonté d’assimilation des pouvoirs publics, M. Yamin Makri a répondu en créant l’Union des Jeunes Musulmans en 1987. L’actuel directeur des éditions Tawhid, aidé par une vingtaine d’étudiants musulmans, s’est «replié pour mieux se retrouver». Ils se sont autoformés avant de se retrouver aujourd’hui au devant de la scène lyonnaise.



La ' marche des Beurs ' fut un échec en 1983. Une profonde déception qui obligea de nombreux ' jeunes musulmans ' à revenir sur leur parcours. L’échec de cette marche tant attendue a transformé la relation des jeunes issus de l’immigration à la société française. Certains dont l’UJM (Union des Jeunes Musulmans) ont été conduits à vouloir gommer l’obligation de 'discrétion' à laquelle se sont plus ou moins soumis leurs pères. A la volonté d’assimilation des pouvoirs publics, M. Yamin Makri a répondu en créant l’Union des Jeunes Musulmans en 1987. L’actuel directeur des éditions Tawhid, aidé par une vingtaine d’étudiants musulmans, s’est 'replié pour mieux se retrouver'. Ils se sont autoformés avant de se retrouver aujourd’hui au devant de la scène lyonnaise.

 

Naissance des français de confession musulmane
La réconciliation des jeunes avec l’islam se rattache à l’expression d’une prise de conscience de ces jeunes de leur installation définitive en territoire français. Pour eux, il s’agit donc de s’organiser pour vivre en toute quiétude sa relation avec Dieu.
La religion apparaît alors sous la forme d’un moyen et non sous la forme d’une fin en soi. Elle se pose tel 'un moyen de contestation' parmi d’autres, parfois sur un mode assez violent. 'On est parti tout feu, tout flamme' explique-t-on à l’UJM. Ainsi le passage par un islam radical ne correspondait pas à une renonciation à la citoyenneté. A cette époque, la volonté des jeunes était encore nourrie par l’espoir d’être pris en compte et de participer, d’accéder à des espaces qui leur étaient jusqu’alors refusés.

Un glissement de leur centre d’intérêt vers le terrain du Droit et de l’égalité des cultes va mener ces jeunes lyonnais à considérer deux concepts qui leur sont présentés comme incompatibles : l’islam et la laïcité.
Le rapport entre les jeunes musulmans et la source musulmane elle-même sera un facteur déterminant dans l’évolution des associations. Progressivement, ils ont réalisé qu’ils ne connaissaient pas vraiment leur religion. Ils opérèrent alors un retour aux sources, une relecture des textes fondateurs : ' On avait besoin d’y voir clair. Pris entre deux feux, entre ce qui se passait à l’étranger et ceux qui nous refusaient ici. Et en retournant à nos sources, nous avons compris que faire 'Allahou Akbar' en pleine place publique pour embêter les autres, ce n’était pas très musulman… De là a commencé une compréhension plus juste de notre religion… ' s’explique Abdel Aziz Chaambi, co-fondateur de l’UJM.

Les prémisses de l’enracinement d’un ' islam français ' en terre française sont parties de cette réflexion. L’apprentissage de leur religion a amené ces jeunes lyonnais à gagner en autonomie et en réflexion individuelle pour ensuite, devenir capables de se détacher des influences de l’étranger. Commence, au même moment, une prise de conscience de leur part de culture française. Ils la revendiquent en se définissant comme des 'Français de confession musulmane '.
L’étude de l’islam et de la laïcité qui leur étaient présentés comme incompatibles leur a permis d’évoluer au sein des deux champs conceptuels, et d’être en mesure de les rapprocher, démontrant que rien dans les sources de l’islam ne contrevenait à une vie dans un pays laïc.

Avec ses 3 salariés et plus de 80 bénévoles actifs, UJM fut la première association à se démarquer à Lyon. Elle fut la première à se trouver au centre de polémiques sur la scène médiatique. Car elle fut simplement ' la première à oser sortir de sa mosquée '.

UJM et la communauté musulmane de Lyon
M Abdel Aziz Chaambi, ancien porte-parole de l’UJM a bien voulu nous accorder un entretien pour aborder quelques points d’actualité autour des musulmans.

Se prononçant sur la consultation, Abdel Aziz Chaambi déplore d’une part, l’aspect non-démocratique des élections et d’autre part, le désir ' d’infantiliser ' les musulmans français. En cela, il fait référence à l’intervention du Ministre de l’Intérieur, M. Nicolas Sarkozy, au salon du Bourget : ' Le ministre est venu nous faire la bise, mais c’était un baiser mortel ', accuse t-il.

Monsieur Chaambi a également insisté sur la position de l’UJM qui, depuis le début, dénonce l’instauration du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). Aux yeux de l’UJM, le Conseil est une 'erreur historique'

Le conseil de l’Union des Jeunes Musulmans suit attentivement l’actualité et tend à s'adjoindre à tout. Aussi, il a crée ' Divers Cités', un collectif ralliant plusieurs associations. Dans ce cadre,  l’UJM a pu, par exemple, apporter son soutien à Mme Najat Ben Abdallah, inspecteur du travail suspendue de son travail pour une année entière sans solde pour avoir porté un hijab sur le lieu de son travail. Divers Cité se charge ainsi de la lutte sociale classique. ' Ils se battent pour notre mémoire ' dit M Chaambi.

Une dernière caractéristique de l’UJM, et non des moindres, consiste en son refus d’instrumentalisation de l’islam. Pour les membres de l’Union, il ne s’agit pas de se servir de la dynamique islamique. Mais il s’agit de se mettre au service de cette dynamique dans le contexte de la vie quotidienne française. D’où la colère de M. Abdel Aziz Chaambi, qui accuse la France de ne pas respecter ses propres principes de laïcité : ' Elle fait du communautarisme '.





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