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Culture & Médias

Kenza Farah : « Je n’aurais pas été entière et authentique si j’omettais de parler de l’islam dans mes albums »

Rédigé par Siham Bounaïm | Mardi 22 Décembre 2009 à 00:00

           

Fer de lance de la nouvelle scène de RnB française, Kenza Farah a su imposer son style et sa voix dans le paysage du hip hop actuel. Après le succès de ses deux albums, la jeune Marseillaise prépare actuellement son troisième opus, prévu pour le courant 2010.
Simple et authentique, la chanteuse nous parle à cœur ouvert de sa carrière, de sa vie et de sa foi.



Kenza Farah : « Je n’aurais pas été entière et authentique si j’omettais de parler de l’islam dans mes albums »

Saphirnews : En l’espace de deux ans, tu es passée du simple statut de lycéenne à celui de chanteuse RnB reconnue. Comment as-tu vécu cette transition qui s’est faite, somme toute, soudainement ?

Kenza Farah : Au départ, j’ai eu beaucoup de mal à réaliser parce qu’avant la sortie de mon album je voyageais très peu et je vivais dans un environnement assez familial. Je menais une vie banale de lycéenne. Du jour au lendemain, tout a été chamboulé. Aujourd’hui, je vis en musique, je vis de ma passion et j’en suis heureuse. Mais, au départ, l’adaptation n’était pas évidente. Les allers-retours entre Paris et Marseille étaient éprouvants. J’étais loin de ma famille. De plus, il a fallu convaincre mes parents, qui ne voyaient pas mon métier d’un très bon œil. Vu de l’extérieur, ce métier peut paraître difficile et incertain. Dieu merci, cela a bien marché pour moi. Je suis satisfaite du parcours que j’ai accompli en si peu de temps.

Quand as-tu décidé de vivre de ta passion ?

K. F. : Je chante depuis toute petite. Cela a toujours été une passion, mais je n’avais jamais imaginé en faire un jour mon métier. C’était un rêve qui me paraissait inaccessible. Ce n’est réellement que le jour de la sortie de mon premier album que je me suis rendu compte que je ne voulais faire que cela. C’est à ce moment que mon rêve a pris forme et que j’ai vu ma carrière de chanteuse se dessiner.

On a l’impression que tu as connu dans le passé des désillusions…

K. F. : Effectivement, étant plus jeune, j’ai signé des contrats avec plusieurs boîtes de production. Mais cela n’a jamais vraiment abouti. J’ai réalisé mon premier clip à l’âge de 15 ans. Avec du recul, je pense que ce n’était ni le bon moment ni les bonnes personnes. C’est lorsque j’ai rencontré mon label Karismatik, en 2006, que ma carrière a pris son envol.

Avant même de sortir ton premier disque, les gens chantaient déjà à tue-tête tes chansons grâce à l’énorme buzz que tu avais sur Internet. C’est un parcours assez atypique.

K. F. : Mon schéma de carrière est en effet assez particulier : j’ai d’abord été connue puis médiatisée avant la sortie de l’album. J’ai été la première surprise par cet engouement.
Il faut dire qu’avant d’aller en studio j’ai surtout fait de nombreux concerts à Marseille et ses environs. J’ai participé à de nombreux concours de chant, qui m’ont permis de remporter des séances d’enregistrement en studio. C’est de cette manière que j’ai maquetté mes premiers morceaux. Ils ont ensuite tourné de main en main, de Bluetooth en Bluetooth pour, au final, se retrouver sur Internet. Il y a eu un véritable effet boule de neige dans toute la France.
C’était un peu bizarre mais surtout drôle, car il m’arrivait d’être dans le bus et de voir des gens écouter mes titres sans savoir que c’était moi.

Penses-tu que c’est justement ce parcours inversé qui t’a permis de garder les pieds sur terre ?

K. F. : C’est tout d’abord dû à mon éducation. À l’époque où mon premier single passait à la radio et mon clip à la télévision, j’allais encore au lycée. C’est ce qui m’a certainement permis de ne pas prendre la grosse tête. Au contraire, j’ai pu partager ma joie avec mes amis et mes professeurs. Il est important de garder une certaine proximité avec son public. Et je pense que c’est ce qui fait ma force.

Tes deux albums ainsi que tes tournées nationales ont connu un franc succès. Le 12 juin dernier, tu as été la première chanteuse de RnB français à faire le Zénith. J’imagine que tu vis un véritable rêve éveillé ?

K. F. : J’ai fait beaucoup de dates de concerts un peu partout en France, mais lors du Zénith de Paris j’ai eu une émotion particulière. Cette salle mythique me paraissait inaccessible, surtout à 22 ans. Dans la culture urbaine, il y a très peu d’artistes qui se sont vu ouvrir les portes du Zénith. C’était d’autant plus un honneur que j’étais la première chanteuse de RnB français à faire cette salle. C’est un souvenir magique à jamais gravé dans ma mémoire, une sorte de consécration.

On retrouve dans ta musique et dans tes tenues vestimentaires de nombreuses références à l’Algérie. Quelle place ont tes origines dans ta vie ?

K. F. : Mes origines se ressentent dans mes sonorités, dans mes vibes aux consonances orientales. L’Algérie fait tout simplement partie de moi. C’est mon pays d’origine, je suis née à Bejaïa. Représenter ma communauté est une chose qui me tient à cœur. Ma double culture est une force. J’ai besoin de mes deux pays pour me construire.

Dans ton premier album, tu avais repris la chanson « Cris de Bosnie » en compagnie de la chorale Le Silence des mosquées. Afficher tes convictions religieuses aussi expressément, n’était-ce pas un choix risqué ?

K. F. : Il est vrai que d’imposer ce morceau pour un premier album était risqué, car il est lourd de sens, qui plus est accompagné d’une chorale musulmane. « Cris de Bosnie » est une chanson que mes parents m’ont fait découvrir et que j’apprécie énormément. J’assume mes convictions religieuses et j’ai parfois besoin d’en parler dans mes textes. Maintenant je ne le fais pas tout le temps, car c’est aussi personnel. C’est ma foi qui me fait avancer dans la vie. Mes albums me représentent : je n’aurais pas été entière et authentique si j’omettais de parler de l’islam.

Contrairement aux autres chanteuses, tu es de nature assez pudique. Est-ce dû à tes valeurs religieuses et familiales ?

K. F. : Dans mon quotidien, je suis assez timide et je n’ai pas pour habitude de me dénuder. Je reste simplement fidèle à moi-même. C’est aussi une question de valeur, de respect et d’éducation. J’aimerais dans quelques années pouvoir regarder derrière moi et ne jamais avoir de regrets sur ma carrière.


BIO EXPRESS

Kenza Farah a fait bien du chemin depuis ses débuts. Encore lycéenne il y a moins de trois ans, la jeune femme a depuis délaissé les cours de récré pour la cour des grands. Celle qui a été élue artiste RnB de l’année 2008 aux Trophées du hip-hop est aujourd’hui une chanteuse connue et adulée.

Née le 8 juillet 1986 à Bejaïa, en Kabylie, Farah de son vrai prénom est originaire des quartiers nord de Marseille. Très tôt, Kenza Farah exprime son attirance pour le milieu artistique et plus particulièrement pour le chant qu’elle pratique depuis sa plus tendre enfance. La Marseillaise se fait rapidement remarquer dans la cité phocéenne en multipliant les prestations scéniques dans les guinguettes et autres fêtes de quartier.

Mais c’est grâce à Internet que sa carrière va s’envoler ! Sans qu’elle le sache, en juillet 2006, un fan lui consacre un blog et met en ligne quelques-uns de ses morceaux. C’est le succès immédiat. Kenza Farah va jouir d’un buzz énorme et sa musique va traverser les frontières de la Cannebière pour se propager dans tout l’Hexagone. Un engouement qui ne manquera pas d’échapper aux maisons de disques.

Fin 2006, les contacts s’enchaînent et début 2007 les maisons de disques se battent pour enrôler la nouvelle sensation du RnB. Quatre mois après sa signature en major, la chanteuse sort en juin Authentik, un premier album qui sera certifié double disque d’or. L’année suivante, elle revient avec un opus qui connaîtra un succès similaire au précédent (Avec le cœur).








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