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Halima, une psy à votre service

Rédigé par Colin Zohra | Mardi 1 Avril 2003 à 00:00

           

Des structures sociales, psychologiques se créent au sein des associations musulmanes afin de répondre à un besoin de la communauté musulmane. L’association tawhid propose ce service gratuitement. Des professionnelles bénévoles sont disponibles 1ou 2 fois par mois sur rendez-vous. Issa Halima est psychologue et elle a accepté de répondre à nos questions.



Des structures sociales, psychologiques se créent au sein des associations musulmanes afin de répondre à un besoin de la communauté musulmane. L’association tawhid propose ce service gratuitement. Des professionnelles bénévoles sont disponibles 1 ou 2 fois par mois sur rendez-vous. Issa Halima est psychologue et elle a accepté de répondre à nos questions.

 

Depuis combien de temps exercez- vous ce métier ?

Je prépare actuellement un doctorat en psychologie à paris V. Je n’exerce pas encore le métier de psychologue. Mon rôle est d’écouter et de conseiller. J’étudie la situation et j’essaye de trouver une solution. Je  dirige mes patients vers d’autres professionnels mais cela est très difficile. Les personnes qui viennent me voir  sont essentiellement des femmes entre 18 et 22 ans. Elles ont déjà consulté d’autres psychologues qui, selon elles, ne peuvent pas les aider.

  

Pourquoi cette réaction de ces jeunes filles ?

Pour beaucoup d’entre elles, les psychologues qu’elles avaient rencontrés, avait tendance à mettre en cause leur religion et leur voile. Elles ont  donc cherché des psychologues dans la communauté musulmane. Moi,  étant musulmane, donc de même culture qu'elles, elles se sentent plus écoutées et pas jugées sur  leur apparence (voile). Cela est très difficile, pour ces jeunes filles de parler avec des personnes qui ne les comprennent pas, cela est frustrant.

 

Quels sont les problèmes abordés dans votre permanence psychologique ?

Ce sont essentiellement des problèmes de mariage. Ces jeunes filles sont encore étudiantes pour la plupart. Le mariage des jeunes filles qui sont nées en France est une cause de problèmes. Etant donné qu’elles ont une double culture, il est très difficile de faire un choix. Les parents veulent leur imposer un cousin qui vit au « bled », or ce n’est pas forcément le choix de la fille. Cette contrainte familiale est difficile à gérer, d’une part parce que la fille ne veut pas désobéir à ses parents et d’autre part ce cousin ne correspond pas à leurs critères.

Ces jeunes filles ont intégré deux codes culturels différents auxquels, elles doivent faire face .Il s’en suit un conflit intrafamilial qui s’avère difficile à supporter.

Dans ce type de conflit, ce n’est pas seulement les jeunes patientes qu'il faut prendre en charge mais aussi  toute la famille. On doit faire comprendre aux parents que le mariage arrangé est la cause de mésentente voire de divorce au sein des couples.

 

Pourquoi un tel comportement des parents ?

Les parents sont venus en France avec leur culture .Ils veulent donner une éducation qui est celle du pays, qui est considérée, à leurs yeux, comme la meilleure. Mais l’éducation en France n’est pas la même que le pays d’origine. Il faut qu’ils s’adaptent au milieu où ils vivent.

 

Quelles suggestions donnez-vous à ces jeunes filles ?

J’essaye de les persuader d’en parler à leurs parents mais ce n’est pas toujours facile. Les parents généralement  très traditionnels n’acceptent pas facilement que leur fille continue leurs études. Je leur demande si elles connaissent une personne de confiance dans leur entourage qui pourrait intercéder en leur faveur auprès de leur famille. Un autre problème est abordé dans mes permanences, l’inceste dans certaines familles. C’est un problème dont on parle peu ou pas du tout. Les filles qui ont le courage de le raconter sont atteintes dans leur corps. Pour celles qui sont mariées, elles ont beaucoup de difficultés avec leur mari sur le plan sexuel. Elles voient en leur mari, le visage du père ou d’un autre membre de la famille (qui ont abusé d'elles ). Pour des raisons déontologiques, je ne peux en discuter plus longuement.

 

Pourquoi peu d’hommes viennent vous consulter ?

Nous avons donné la priorité aux femmes, les hommes peuvent venir me consulter. A ce jour, seul un homme est venu à ma permanence. Cela est apparemment plus facile pour une femme de se dévoiler à une autre femme, cela n’est pas toujours le cas pour un homme.





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