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Etats Unis, un racisme institutionnalisé...

Rédigé par Dramé Ibrahima | Dimanche 15 Septembre 2002 à 00:00

           

Les attentats du 11 septembre ont eu une conséquence qui n’est pas souvent exprimée par les médias. Les autorités américaines ont transformé les quelques millions d’arabes américains en de suspects potentiels. Le FBI enquête tous particulièrement au sein de ces communautés en tentant un rapprochement de leurs activités avec le terrorisme. La guerre du « bien contre le mal » est bel et bien engagée.



Les attentats du 11 septembre ont eu  une conséquence qui n’est pas souvent exprimée par les médias. Les autorités américaines ont transformé les quelques  millions d’arabes américains en de suspects potentiels. Le FBI enquête tous particulièrement au sein de ces communautés  en tentant un rapprochement de leurs activités avec le terrorisme. La guerre du « bien contre le mal » est bel et bien engagée. 

Voici un extrait du témoignage de Jean-Bernard Cadier, journaliste au Point :

L’institutionnalisation de la discrimination

Ils sont environ 4 millions à être à la fois arabes et américains, et 7 millions - c'est une estimation - quand on compte l'ensemble des musulmans vivant sur le territoire des Etats-Unis. Plus de six mois après les attaques contre le World Trade Center et alors que le Proche-Orient s'est embrasé, leur vie est loin d'être revenue à la normale. Une fois passé le choc des premières semaines, où les femmes voilées du Michigan n'osaient plus sortir faire leurs courses, le malaise ne s'est pas dissipé. Il n'y a eu qu'un meurtre raciste avéré dans l'Arizona, mais pour eux la menace semble plus profonde. Elle vient du gouvernement, qui pratique à leur encontre une politique de discrimination. Qui promulgue des lois et lance de vastes coups de filet dirigés contre des membres de leur communauté. A tel point que certains se demandent si l'on pourra encore longtemps revendiquer la double identité arabe et américaine.

 

Des « interviews volontaires »

Imad Hamad directeur régional du Comité arabe américain ne décolère pas contre la décision récente du gouvernement fédéral d'accroître encore le nombre des « interviews volontaires ». Tous les hommes âgés de 18 à 44 ans et citoyens des pays du Proche-Orient sont invités par lettre à prendre contact avec la police locale, qui, en quelques questions, essaie de détecter une éventuelle activité suspecte. A une première liste de 5 000 hommes en novembre, l'Attorney général John Ashcroft vient d'ajouter une liste complémentaire de 3 000 arrivants. « On ne peut pas trouver un meilleur exemple de profilement racial, enrage Imad Hamad, ils ont réussi à institutionnaliser la discrimination. » Pour lui, ces coups de filet ne donnent aucun résultat et seule une vingtaine de personnes auraient été poursuivies pour des délits mineurs. De même, il s'interroge avec inquiétude sur le sort de « centaines de suspects arrêtés après le 11 septembre qui sont détenus depuis sans aucune justification ». « On a l'impression qu'il suffit à la police de prononcer les mots magiques '11 septembre' et 'terrorisme' pour que n'importe qui, quel que soit son statut, se retrouve en prison sans comprendre pourquoi. »

 

Expulsions sommaires

Ansar Mahmood est tombé des nues lorsque les agents de l'Immigration sont venus à son domicile de Buffalo lui passer les menottes. Ansar Mahmood, détenteur de la carte verte magique, se croyait à l'abri. Sûr de pouvoir faire vivre sa famille au Pakistan avec ses revenus de livreur de pizzas. Mais, le 9 octobre, il avait été arrêté à proximité d'une usine de traitement des eaux, en pleine peur de l'anthrax. Puis il avait été relâché et mis hors de cause en quarante-huit heures. Mais son nom devait figurer depuis sur la liste non officielle des indésirables. Car la police n'a eu de cesse de trouver un motif pour se débarrasser du livreur. Elle l'a trouvé : Mahmood a aidé un compatriote immigré clandestin à payer un mois de loyer. Verdict implacable, Mahmood est renvoyé dans son pays. Adieu carte verte et rêve américain.

 





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