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Société

Entre racisme et sexisme, les femmes musulmanes paient le prix fort de l'islamophobie en Europe

Rédigé par | Jeudi 26 Mai 2016 à 18:30

           

Le Réseau européen contre le racisme (ENAR) a présenté, jeudi 26 mai, un rapport sur la condition des femmes de confession musulmane en Europe. Les questions de discriminations à l'embauche et de violences physiques et verbales sont les principales problématiques abordées dans l'étude, qui fait valoir l'importance d'une approche intersectionnelle de la discrimination dont font face les musulmanes.



Entre racisme et sexisme, les femmes musulmanes paient le prix fort de l'islamophobie en Europe
Sur la base de l'origine, du genre et de la religion, c'est « une triple peine » à laquelle peuvent faire facilement face les femmes musulmanes. L'ENAR, réseau européen liant divers mouvements antiracistes, a travaillé pendant un an, entre décembre 2014 à décembre 2015, autour de l'impact de l'islamophobie en Europe sur les femmes de confession musulmane.

Intitulé « Forgotten Women : the impact of Islamophobia on Muslim Women », le rapport, présenté jeudi 26 mai lors d'un symposium à Bruxelles, comporte 50 pages proposant une lecture à l'intersection du racisme et du sexisme. L'enquête, basée sur des recherches documentaires, des table-rondes et des entretiens, porte sur huit pays européens : l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, l'Italie, les Pays-Bas, le Royaume Uni et la Suède.

Entre racisme et sexisme, les femmes musulmanes paient le prix fort de l'islamophobie en Europe

Les femmes musulmanes face aux stéréotypes

La représentation médiatique des femmes musulmanes est le premier des points abordés par l'ENAR, qui rappelle leur sous-représentation dans les médias. « Leurs voix sont réduites au silence. On ne leur accorde aucun crédit et elles sont rarement invitées à parler pour elles-mêmes », souligne l'organisation, ajoutant qu'en France ou en Italie, « elles apparaissent dans les médias principalement comme des victimes, impliquées dans des incidents ou des procédures judiciaires ». Les histoires positives sont souvent ignorées. Selon le rapport suédois Equality Ombudsman's, ne faire apparaître à l'écran que les femmes musulmanes ayant un talent exceptionnel ne fait que renforcer l'idée qu'il s'agit d'exceptions qui confirment la règle.

L'ENAR pointe du doigt la tendance qu'ont les médias mainstream d'imposer le stéréotype de « la femme musulmane voilée » à travers des couvertures et éditoriaux des hebdomadaires tels que Le Point, L'Express ou Valeurs Actuelles en France. Les sondages d’opinion reflètent l’existence de ces stéréotypes sur les femmes musulmanes, perçues comme « un groupe homogène qui soutient la violence domestique, le terrorisme, l'homophobie et le sexisme ». « Alors qu'aucune communauté ou société n'est immunisée contre le racisme, le sexisme et la violence, pointer du doigt un groupe entier contribue à nourrir les préjugés », explique le rapport.

Soulignant que les mouvements féministes mainstream se déchirent sur la question de l'islam, le rapport indique que ce sont souvent les vieilles générations de féministes qui voient dans les vêtements dits islamiques un instrument d'oppression incompatible avec le principe d'égalité des sexes. Même constat du côté des partis politiques, notamment ceux de gauche. En France, « certains politiciens de gauche, se présentant comme humanistes, laïques et féministes se révèlent belliqueux envers la liberté des femmes à se vêtir selon leur choix », affirme l'ENAR, citant l'actuel Premier ministre Manuel Valls qui faisait valoir en 2013 que le voile est « un combat essentiel » pour la République.

De gros obstacles dans le marché de l'emploi

Côté emploi, la discrimination est un phénomène répandu pour les femmes musulmanes et « est souvent liée à la perception d’"islamité" (...). Cela est confirmé par les testings sur base de CV et les enquêtes de victimisation ». Au Royaume-Uni, 50 % des femmes interrogées portant un foulard ressentent qu’elles ont « manqué des opportunités de progression à cause de la discrimination religieuse, et que le port du voile a été un des facteurs ».

« Le cadre législatif lié à la discrimination sur le marché de l’emploi est théoriquement assez solide. Le cadre n’est cependant pas appliqué de manière cohérente, en particulier à cause de régulations régionales et nationales dans certains pays de l’Union Européenne (UE) qui ont tendance à exclure les femmes musulmanes de l’emploi à cause de leur interprétation exclusive des concepts de "laïcité" ou "neutralité". Ce type de discrimination dans les régulations juridiques est qualifié de "discrimination légale" par l’Agence des Droits fondamentaux de l’UE », fait savoir l'ENAR, qui appelle les entreprises à adopter, d'une part, des chartes de la diversité qui reconnaissent toutes les formes de discrimination et leurs conséquences et à cesser, d'autre part, l'adoption de règlements intérieurs interdisant totalement le port de signes religieux.

Mieux penser l'approche intersectionnelle de l'islamophobie

Une autre constante en Europe : les femmes musulmanes sont les principales victimes des attaques physiques et verbales (81,5 % en France selon le CCIF. Dans la plupart des cas, la victime ne connaît pas son agresseur, le plus souvent un homme, générant un « sentiment de vulnérabilité » qui « se traduit par la normalisation de la violence et le sentiment d'insécurité, ce qui conduit des femmes à faire constamment des évaluations de risques afin d'éviter toute agression dans les lieux publics ».

Si la législation des huit pays étudiés, offrent en théorie une protection solide mais « le genre n’est pas toujours inclus comme un motif possible de discrimination dans les incidents de crimes de haine ». L'ENAR préconise la mise en place par la Commission européenne des procédures d'infraction contre les Etats membres qui ne combattent pas suffisamment certaines formes de discriminations et qui n'enquêtent pas sur les motivations islamophobes des crimes visant les musulmans.

L'organisation encourage également l'instauration de plans nationaux de lutte contre l'islamophobie et des mesures incluant une approche intersectionnelle de la discrimination afin de mieux prendre en compte divers motifs de rejet dont peuvent être victimes les femmes musulmanes (religion, ethnie, genre).





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Melen le 29/05/2016 15:16 | Alerter
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C'est un peu hors sujet mais la présentation qui est faite des français issus de l'immigration est la majorité du temps condescendante.
Je me souviens de ce maghrébin qui il y a quelques temps avait reçu la légion d'honneur.
Il taillait la pierre je crois. Il entretenait une église et avait un certain age.
Lorsque des français issus de l'immigration reçoivent une légion d'honneur c'est un signe d'intégration.
Lorsque des français non immigrés reçoivent une légion d'honneur c'est un talent qui est récompensé.
Comme si pour l'immigré le talent été secondaire et que c'était l'origine qui faisait l'exception.
Et inversement pour le non immigré. Chez lui sa francité est secondaire. Il est talentueux juste.
Il me semble que les gens n'ont pas besoin qu'on leur rappelle sans cesse d'où ils viennent. Ils le savent.
Réussir professionnellement n'est d'ailleurs pas forcément un signe d'intégration.
Ca se saurait. On peut réussir très bien professionnellement parlant et pour autant etre un infame personnage et ne pas adhérer le moins du monde a quelconque valeur.
Il y a un paquet de personnes qui ont eu la légion d'honneur et qui sont borderline et qui font peu de cas de leur prochain.
Les musulmanes n'échappent pas à la perception de l'immigrée. Elles viendrait d'ailleurs. Peu importe qu'elles soient nées en France ou pas.
Elles sont perçues comme étant exogènes.
Pour les français qui ne les percevraient pas encore comme ça, les politiques se chargent de l'inculquer dans les esprits...  

2.Posté par François CARMIGNOLA le 31/05/2016 21:11 | Alerter
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Cette description de la différence visible est effectivement exacte. Comment imaginer qu'elle ne soit pas faite sans son abolition ?

3.Posté par Melen le 04/06/2016 17:33 | Alerter
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J'ai regardé jeudi soir l'émission envoyé spécial ou il y avait un sujet sur la mode religieuse.
Le "témoin" qui dirige la Revue des deux mondes à dit son sentiment.
Elle y disait en quelque sorte que ça stigmatisait les non musulmanes.
On sait tous que personne ne demande à cette dame d'adhérer.
Que de son coté elle est libre de se vetir comme elle le souhaite. D'adhérer au nudisme meme si ça lui chante.
Et pourtant ça dérange cette dame.
Elle y disait aussi son attachement à sa culture, son Histoire.
Bref. Elle disait son ethnocentrisme.
On comprend pourquoi il n'y avait pas de personnes de couleur sur les couvertures du magazine Elle lorsqu'elle le dirigeait.
La femme est intrinsèquement liée à la culture française pour cette dame.

4.Posté par Melen le 04/06/2016 17:52 | Alerter
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Abolir la différence visible.
L'inverse de la différence visible c'est la différence invisible.
Abolir la différence visible je ne vois pas bien ce que ça peut vouloir dire.
A moins que ce ne soit la définition de la laicité peut etre.
La différence invisible c'est la définition qui conviendrait le mieux à ce que l'on a fait de la laicité finalement.
J'écris que l'on a fait parce que ce n'en est plus.
Oui. C'est une définition qui lui conviendrait tout à fait.
Je ne pense pas me tromper en disant meme que c'est la définition la plus juste.
La laicité c'est la différence invisible. C'est exactement ça. Tout à fait ça.
Mais la différence invisible ça pourrait convenir tout à fait au mot totalitarisme.
Alors gaffe.

5.Posté par Melen le 05/06/2016 15:55 | Alerter
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Pardon j'avais écrit à moins de criminaliser la différence visible en oubliant que c'était déjà le cas.
C'est fou. On y baigne tellement dedans que l'on ne s'en aperçoit meme pas.
Lorsque l'on s'y est habitué, on arrive à trouver la liberté inacceptable.
C'est fou ce que l'esprit humain est capable de produire.
C'est bigrement flippant.
Le fait nouveau est juste que l'on en veut encore plus. Dans les entreprises privées également.


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