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Des responsables musulmans demandent une loi contre l'islamophobie

| Lundi 22 Décembre 2008 à 21:27

           


SOCIÉTÉ - Sur les marches d’escaliers qui mènent à l’entrée de la mosquée de Saint-Priest (Rhône), se pressent élus de tous bords et représentants de toutes communautés religieuses. En face, un millier de personnes venues assister au rassemblement pacifiste répondant à la tentative d’incendie samedi de cette mosquée de la banlieue est de Lyon. Au-dessus de leurs têtes, le mur porte les stigmates noirs de ce qu’ils vont tour à tour dénoncer comme un acte criminel « odieux », « ignoble », « inqualifiable »…
L’acte s’est produit samedi, vers 5 heures du matin, peu avant la première prière. Lorsque les fidèles sont arrivés, la porte d’entrée de ce bâtiment, que peu d’éléments permettent d’identifier comme un édifice cultuel, était en train de brûler. Juste derrière, les livres rangés dans la bibliothèque de la mosquée ont été endommagés. Selon les premiers éléments de l’enquête, il s’agit bien d’un acte criminel. Cependant, aucune inscription n’a été retrouvée sur les lieux.
Durant le rassemblement d’hier, alors que s’enchaînent les discours, un homme brandit un livre religieux à moitié brûlé. Il dit à la foule : «Il n’y a rien que la paix dans le Coran.» Les responsables de la communauté musulmane prennent la parole en premier. Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, explique : «Cette mobilisation témoigne de la volonté de la communauté musulmane de ne plus être traitée de la sorte et de répliquer à chaque fois.» Puis il ajoute, «cette situation est le fait du discours qui a banalisé l’islam comme une religion de guerre».
«Recrudescence». D’autres appellent à des «changements» en France face aux actes relevant de l’islamophobie. Azzedine Gacci, président du conseil régional du culte musulman (CRCM), plaide «pour une reconnaissance des actes islamophobes», expliquant qu’il constate «une véritable recrudescence de ces types d’actes». Il a compté cette année sur la région Rhône-Alpes une dizaine d’actes «clairement islamophobes», et estime que beaucoup d’autres n’ont pas été recensés. Il parle de l’inquiétude de la communauté musulmane. Et exige trois mesures selon lui indispensables pour répondre à cette montée de l’islamophobie : l’installation de caméras de vidéosurveillance dans tous les lieux de culte, la mise en place d’une cellule de veille pour recenser tous les actes islamophobes et l’organisation d’une grande marche nationale.
«Stigmatisations». Abdelaziz Chaambi, représentant du CRI (Coordination contre le racisme et l’islamophobie), une association qui s’est montée cet automne avec pour objectif de se pencher sur ces questions, va plus loin. Et réclame une loi pour pénaliser l’islamophobie : «On veut que ces actes soient punis comme les actes antisémites ou homophobes.» «Là, c’est une mosquée qui brûle, mais les musulmans sont en permanence victimes de stigmatisations dans leur vie quotidienne», dénonce Abdelaziz Chaambi.
Les élus, de l’UMP au PS en passant par le PC, ont tous dénoncé avec vigueur l’incendie de la mosquée. Et appelé unanimement à la solidarité entre les communautés religieuses. Gérard Collomb, président PS du Grand Lyon, met en garde «tous ceux qui voudraient dresser, les unes contre les autres, les différentes communautés». Guy Fischer, sénateur communiste, déclare : «Que nous soyons catholiques, musulmans ou juifs, il faut que nous ne laissions plus passer aucun acte de ce type.» Marcel Amsellem, le représentant régional du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), rappelle que «le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie sont un même combat». Dans la foule, un homme répète : «Il y a deux poids deux mesures. Si ça avait été une synagogue, Nicolas Sarkozy aurait fait le déplacement.»

Liberation.fr




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