Connectez-vous S'inscrire

Sur le vif

Des membres de Forsane Alizza jugés à Paris

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 10 Juin 2015 à 11:37

           

Mise à jour le 10 juillet



Mohamed Achamlane, fondateur de Forsane Alizza, en procès en juin 2015.
Mohamed Achamlane, fondateur de Forsane Alizza, en procès en juin 2015.
Le procès du groupuscule radical Forsane Alizza (« Les cavaliers de la fierté » en arabe, ndlr) s'est ouvert lundi 8 juin à Paris. La formation, qui a été dissoute par décret en mars 2012, était connue pour ses actes de provocation notamment sur Internet.

Est-ce que ce groupe agissait au nom de la lutte contre l’islamophobie comme les membres l’affirment ou y avait-il un risque réel du passage à l’acte terroriste ? C'est la principale question que le juge devra résoudre. Ils sont 15 à comparaître pour « participation à un groupe formé en vue de la préparation d'actes terroristes ». Au centre du dossier, le charismatique leader et fondateur Mohamed Achamlane, 37 ans, Nantais présenté comme l'« émir » du groupe.

Au départ ce Nantais a fondé le site internet Forsane Alizza en 2010, annoncé comme luttant contre l'islamophobie. Ses membres organisaient des manifestations, notamment contre la loi interdisant le voile intégral en France. Très vite repéré pour ses provocations et ses coups de communication, certains propos du leader le conduiront en justice en 2011 pour « provocation à la discrimination raciale ou religieuse ».

Sur le site, le groupe publie un texte pour exiger que « les troupes françaises quittent tous les territoires à majorité musulmane sans condition ni délai » et que, « si d'aventure, nos exigences ne sont pas prises en compte alors nous considérerons que le gouvernement est entré en guerre contre les musulmans. ». Une menace prise très au sérieux par les autorités. En janvier 2012, Forsane Alizza est dissout par le ministère de l'Intérieur accusé de prôner la lutte armée.

Une enquête en pleine campagne présidentielle de 2012

Dès lors, les membres du groupe sont surveillés de près et une instruction est ouverte trois mois après la dissolution, en mars 2012. Les membres sont écoutés, pistés sur Internet et des éléments « laissant craindre que le groupe ne possède des armes et ne passe à l'action violente » sont apparus pour la police. Le 28 mars 2012, 17 personnes sont interpellées dans plusieurs villes de France et des armes sont saisies.

Mais l’enquête éclair, qui intervient peu après les tueries de Mohamed Merah et en pleine campagne présidentielle, est critiquée. Le procureur de Paris lui-même évoque un projet sans « tentative de commencement d'exécution ».

Bérenger Tourné, avocat de Mohamed Achamlane, son client, « a fondé Forsane Alizza pour lutter contre l'islamophobie sur le plan médiatique ». « On fait de cette propagande une association de malfaiteurs en considérant que l'islam rigoriste prôné par Forsane Alizza aurait en quelque sorte couvert la préparation d'actes terroristes. Mais dans les faits, rien de tangible n'a été démontré », poursuit-il.

Le procès se déroule jusqu'au 23 juin. Les prévenus risquent jusqu'à 10 ans de prison.

Mise à jour vendredi 10 juillet : Le leader du groupuscule Mohamed Achamlane a été condamné à neuf ans de prison ferme et a été déchu de ses droits civiques pour une période de cinq ans. Treize des anciens membres de Forsane Alizza ont été condamnés à des peines allant d’un an de prison avec sursis à six ans de prison ferme.

Lire aussi :
Forsane Alizza est dissout
Guéant durcit le ton contre l'islam radical
Le « Web religieux » existe-t-il ? Croyants et place des religions sur Internet
Un réseau djihadiste démantelé, des responsables condamnés
Guéant expulse trois imams et deux militants « radicaux »




SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !