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Des larmes de feu pour John Garang

Rédigé par Ammar B. | Mardi 2 Août 2005 à 00:00

           

L’annonce du décès de John Garang a donné lieu à de vives émeutes à Khartoum et à Juda. Agé de 60 ans, John Garang était le premier Vice-président de la république du Soudan depuis le 9 juillet 2005. Il lui a fallu 16 années de lutte contre l’autorité centrale soudanaise à laquelle il s’opposait sur les principes idéologiques. Redoutable stratège militaire, fin politique et intraitable négociateur, John Garang quitte la scène politique soudanaise quelques mois seulement après avoir signé un accord de paix historique avec le président Omar el-Béchir sous la bénédiction américaine.



L’annonce du décès de John Garang a donné lieu à de vives émeutes à Khartoum et à Juda. Agé de 60 ans, John Garang était le premier Vice-président de la république du Soudan depuis le 9 juillet 2005. Il lui a fallu 16 années de lutte contre l’autorité centrale soudanaise à laquelle il s’opposait sur les principes idéologiques. Redoutable stratège militaire, fin politique et intraitable négociateur, John Garang quitte la scène politique soudanaise quelques mois seulement après avoir signé un accord de paix historique avec le président Omar el-Béchir sous la bénédiction américaine. 

 

A Khartoum et à Juda, l’annonce de la mort du Colonel Garang a mis le feu à la rue. Les sources médicales dénombrent 42 morts lors des émeutes qui ont éclaté à Khartoum, la capitale soudanaise et à Juba, la principale ville du sud, le fief de John Garang. La chaîne de télévision Aljazeera a montré des images terrifiantes d’agressions anti-arabe dans les rues de Kharthom. Hier lundi, le gouverneur de la ville faisait état d’une vingtaine de tués et des dizaines de blessés. Ces forfaits sont mis au compte des sudistes qui sont des Noirs, partisans du Colonel Garang et qui accusent ainsi au pouvoir central, a majorité Arabe, d’avoir tué leur leader.

Officiellement, John Garang est mort lorsque l'hélicoptère de la présidence ougandaise qui le ramenait d'Ouganda s'est écrasé samedi soir dans les montagnes du Sud-Soudan. 13 autres personnes ont perdu la vie dans l’accident qui serait dû à des problèmes de visibilité, selon la présidence soudanaise. Mais, sous le coup de l’émotion, certains rebelles ont évoqué un 'assassinat' sans toutefois donner de précision.

Le corps de John Garang a été inhumé dans son Quartier général près de la ville de New Site, dans le sud du Soudan. La cérémonie s’est déroulée en présence de sa famille et de ses camarades d’armes du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM).

 

Hier lundi, Salva Kiir, numéro deux du SPLM a été désigné pour succéder à John Garang. Salva Kiir était déjà chef de l’Armée populaire de libération du Soudan, branche armée du SPLM. En succédant à John Garang à la tête du SPLM, Salva Kiir devient de facto Vice-président de la république du Soudan avec la difficile tâche de contrôler une armée révolutionnaire d’environ 60 000 hommes en lutte depuis plus de vingt ans.

 

C’est en 1970 que John Garang se joint au mouvement sudiste Anya Nya en lutte contre le pouvoir de Khartoum qui s’exerce sur le nord et tente de s’implanter dans le sud. Au Etats-Unis où il poursuit ses études, John Garang soutient une thèse de doctorat en sciences économiques (1981) à l’université de l’Iowa. Il rentre par la suite à Khartoum pour enseigner à l’académie militaire et à l’université.

En 1983 il est envoyé par le président Gaafar el Nimeiry pour mater une mutinerie dans le sud. Mais au contact des mutins, John Garang prendra leur parti et se retournera contre le pouvoir de Khartoum qui voulait instaurer une Charia pour l’ensemble des citoyens du pays. Etant lui-même Dinka, l’ethnie majoritaire du Sud (essentiellement chrétienne et animiste), John Garang réussit à organiser les siens en fondant le Mouvement populaire de libération du Soudan. En plus de cette opposition politique, il organise une branche armée au mouvement qui empêche Khartoum d’exercer son pouvoir dans le sud du territoire soudanais.

 

Les divisions ne tardent pas à naître au sein de cette opposition sudiste. Il faudra une bonne dizaine d’années de palabres pour parvenir à la réunification de l’opposition sudiste en janvier 2002. Ce front commun aidera à la signature d’un cessez-le-feu avec Khartoum au mois d’octobre suivant. Et ces moments d’accalmie seront mis à profit par la diplomatie pour mener les négociations qui aboutiront aux accords de paix de janvier 2005 qui portent la marque du Colonel Garang qui apparaît alors comme une légende vivante.

 

En annonçant le décès de son vice-président, le président Omar el-Béchir a réaffirmé sa volonté de poursuivre dans le sens des efforts de paix entrepris avec Le Colonel. Selon certaines sources non encore confirmées, deux éminents émissaires américains ont été dépêchés sur le terrain par la Maison blanche pour s’assurer de la mise en œuvre d’un accord de paix dans lequel la diplomatie américaine s’est particulièrement impliquée.

 

 





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