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Monsieur le Président du Sénat,
Nous, personnalités engagées du culte musulman, responsables associatifs, acteurs de terrain et partenaires de la cohésion nationale, souhaitons adresser cette lettre ouverte à votre institution.
Nous prenons acte de la publication récente du rapport de la commission sénatoriale consacrée à la « lutte contre l'islamisme » ainsi que des propositions qui l'accompagnent. Cet énième rapport s'inscrit dans une séquence devenue tristement familière pour les millions de citoyens français de confession musulmane, celle d'une instrumentalisation politique systématique de leur pratique cultuelle.
Nous, personnalités engagées du culte musulman, responsables associatifs, acteurs de terrain et partenaires de la cohésion nationale, souhaitons adresser cette lettre ouverte à votre institution.
Nous prenons acte de la publication récente du rapport de la commission sénatoriale consacrée à la « lutte contre l'islamisme » ainsi que des propositions qui l'accompagnent. Cet énième rapport s'inscrit dans une séquence devenue tristement familière pour les millions de citoyens français de confession musulmane, celle d'une instrumentalisation politique systématique de leur pratique cultuelle.
Le calendrier électoral de la stigmatisation : un ras-le-bol généralisé
Comme à l'approche de chaque échéance électorale, nos compatriotes de confession musulmane constatent, entre colère et dépit, la traditionnelle surenchère : chaque jour dévoile un nouveau sujet anxiogène destiné à faire de millions de citoyens français musulmans, un problème.
Nous le disons clairement : nous en avons assez.
Lassés d'être l'objet de débats auxquels nous ne sommes que rarement conviés. Lassés d'être décrits, analysés, disséqués par des personnes qui ne nous connaissent pas, ne nous côtoient pas, et parfois nous méprisent ouvertement. Lassés de voir notre foi et nos pratiques servir de variable d'ajustement dans des stratégies électorales cyniques.
Nous le disons clairement : nous en avons assez.
Lassés d'être l'objet de débats auxquels nous ne sommes que rarement conviés. Lassés d'être décrits, analysés, disséqués par des personnes qui ne nous connaissent pas, ne nous côtoient pas, et parfois nous méprisent ouvertement. Lassés de voir notre foi et nos pratiques servir de variable d'ajustement dans des stratégies électorales cyniques.
Un climat préoccupant et une parole de stigmatisation qui se banalise
Ces dernières années, et de manière particulièrement intense ces derniers mois, l'espace public est saturé par une surenchère de publications sensationnalistes, de rapports approximatifs, d'enquêtes manifestement biaisées et de sondages réducteurs. Cette production industrielle de la suspicion nourrit une perception erronée, contraire à la réalité vécue quotidiennement par nos concitoyens musulmans et l'ensemble de la société française.
Ce climat instille la peur de l'autre et fragilise notre cohésion nationale. Il constitue une dérive grave pour nos principes républicains.
Ce climat instille la peur de l'autre et fragilise notre cohésion nationale. Il constitue une dérive grave pour nos principes républicains.
Des propositions inadaptées et vécues comme des attaques
Les conclusions de cette commission ne sont pas perçues par les citoyens musulmans comme des mesures de protection, mais bien comme des attaques directes contre leurs libertés fondamentales et leur place dans la société.
Plusieurs mesures proposées apparaissent totalement déconnectées des phénomènes réels de radicalisation et s'attaquent frontalement aux pratiques religieuses intimes et spirituelles de millions de citoyens paisibles, qui ne demandent qu'à vivre leur foi dans le respect de la loi républicaine.
Ces recommandations témoignent d'une méconnaissance profonde des réalités du culte musulman, de son organisation et de sa diversité. Pire encore, elles risquent d'affaiblir fortement l'action des véritables acteurs de la prévention, les responsables musulmans eux-mêmes, engagés quotidiennement dans un travail patient, discret et efficace.
Plusieurs mesures proposées apparaissent totalement déconnectées des phénomènes réels de radicalisation et s'attaquent frontalement aux pratiques religieuses intimes et spirituelles de millions de citoyens paisibles, qui ne demandent qu'à vivre leur foi dans le respect de la loi républicaine.
Ces recommandations témoignent d'une méconnaissance profonde des réalités du culte musulman, de son organisation et de sa diversité. Pire encore, elles risquent d'affaiblir fortement l'action des véritables acteurs de la prévention, les responsables musulmans eux-mêmes, engagés quotidiennement dans un travail patient, discret et efficace.
La laïcité dévoyée
La loi de 1905 repose sur deux principes indissociables : la neutralité de l'État, et la liberté de culte, tant que l'ordre public est respecté.
Or, les conclusions de cette commission et certaines propositions franchissent une limite claire: elles instaurent une ingérence inédite dans la pratique du culte et dans l'interprétation de la doctrine.
Or, les conclusions de cette commission et certaines propositions franchissent une limite claire: elles instaurent une ingérence inédite dans la pratique du culte et dans l'interprétation de la doctrine.
L'expertise manquante et des auditions partiales
La composition des auditions retenues interroge : peu d'acteurs religieux ou institutionnels réellement compétents ont été consultés. En revanche, plusieurs intervenants étaient notoirement éloignés du terrain, voire ouvertement hostiles à l'islam et aux musulmans.
Aucune communauté, aucun culte, aucune minorité ne peut accepter d'être évalué et décrit essentiellement par des détracteurs.
Aucune communauté, aucun culte, aucune minorité ne peut accepter d'être évalué et décrit essentiellement par des détracteurs.
Les responsables musulmans : acteurs centraux de la prévention
Contrairement à certaines représentations, les responsables musulmans sont les premiers remparts contre toute forme de radicalisme. Ils agissent par :
- l'encadrement et l'organisation du culte dans les mosquées ;
- la diffusion d'un enseignement serein, équilibré et en adéquation avec les valeurs républicaines ;
- le dialogue constant et constructif avec les pouvoirs publics ;
- une vigilance de tous les instants dans les lieux de culte.
Toute politique efficace devrait s'appuyer sur ces acteurs de terrain afin de lutter réellement contre les dérives.
- l'encadrement et l'organisation du culte dans les mosquées ;
- la diffusion d'un enseignement serein, équilibré et en adéquation avec les valeurs républicaines ;
- le dialogue constant et constructif avec les pouvoirs publics ;
- une vigilance de tous les instants dans les lieux de culte.
Toute politique efficace devrait s'appuyer sur ces acteurs de terrain afin de lutter réellement contre les dérives.
Préserver les fondements de notre pacte républicain
Les citoyens français de confession musulmane ne demandent qu'à bénéficier pleinement de leurs droits fondamentaux garantis par la République. Ils aspirent au même titre que le reste de la communauté nationale à vivre sereinement et à contribuer à la vie de la cité aussi bien bien sur le plan intellectuel, culturel qu'économique.
Un appel à la responsabilité collective
Nous appelons à un sursaut :
- Baser les politiques publiques sur des données factuelles ;
- Travailler avec les acteurs légitimes du culte musulman ;
- Respecter strictement la laïcité dans son esprit originel, neutralité de l'État et garantie des libertés ;
- Cesser d'instrumentaliser les musulmans.
Nous sommes pleinement disponibles et engagés pour contribuer à tout travail sérieux, équilibré et constructif.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président du Sénat, à l'expression de notre très haute considération.
- Baser les politiques publiques sur des données factuelles ;
- Travailler avec les acteurs légitimes du culte musulman ;
- Respecter strictement la laïcité dans son esprit originel, neutralité de l'État et garantie des libertés ;
- Cesser d'instrumentaliser les musulmans.
Nous sommes pleinement disponibles et engagés pour contribuer à tout travail sérieux, équilibré et constructif.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président du Sénat, à l'expression de notre très haute considération.
Premiers signataires
Najat Benali, Coordination des associations musulmanes de Paris (CAP 75), Bassirou Camara, Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans (ADDAM France), Hassan Belmajoub, Conseil départemental du culte musulman (CDCM 33), Mohamed Ould Kerroubi, Conseil des institutions misulmanes des Yvelines (CIMY 78), Mamadou Daffé, Coordination des mosquées de l'agglomération toulousaine (CMAT 31), Abdelaziz Abderrahmane, Rassemblement des associations musulmanes de Seine-et-Marne (RAM 77), Aboubakar Barry, Fédération musulmane du Tarn (FMT 81), Karim Benaissa, Rassemblement des associations musulmanes du Val-de-Marne (RAM 94), Mohamed Abachri, Conseil départemental du culte musulman (CDCM 37), Ali Essebki, Union des mosquées des Hauts-de-Seine (UM92), Nazir Patel, Conseil du culte musulman de la Réunion, Abdenour Bastianelli, Conseil national des aumôneries musulmanes (CNAM France), Assani Fassassi, Fédération française des associations islamiques d'Afrique des Comores et des Antilles (FFAIACA), Sadek Beloucif, professeur des universités, praticien hospitalier, Association L'Islam au XXIe siècle, Omero Marongiu-Perria, sociologue et administrateur du CNAM France, Mohamed El Mahdi Krabch, théologien et aumônier, membre de l'Université populaire de Nîmes (Gard), Abobikrine Diop, Mosquée Bilal de Marseille (Bouches-du-Rhône), Mohamed Hicham Joudat, Grande Mosquée de Metz (Moselle), Abdelghani Benali, Rassemblement des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (RAM 93)







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