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Religions

Annecy : une nouvelle bataille judiciaire des opposants à la mosquée perdue

Rédigé par | Jeudi 22 Septembre 2016 à 19:00

           

Depuis une dizaine d’années, le projet de construction de la mosquée d’Annecy est bloqué par le harcèlement judiciaire d’une poignée de riverains. La justice a de nouveau tranché le 19 septembre. L’avenir s’éclaircit pour les responsables de la future mosquée dont les travaux ont démarré en mai. Ahmed Karboua témoigne pour Saphirnews.



Le chantier de la mosquée d'Annecy entamé en mai 2016 devrait pouvoir se poursuivre sereinement jusqu'en mai 2017.
Le chantier de la mosquée d'Annecy entamé en mai 2016 devrait pouvoir se poursuivre sereinement jusqu'en mai 2017.
Plus de dix ans que le conflit autour de la construction de la mosquée d’Annecy dure. Aujourd'hui, « le volet juridique est presque derrière nous », affirme avec soulagement plus que triomphalisme, Ahmed Karboua, président de l’association Nouvel Avenir.

Le tribunal de grande instance d’Annecy (Haute-Savoie) a condamné, lundi 19 septembre, un groupe de riverains qui voulait la suspension des travaux, débutés en mai dernier. Ils devront verser 6 000 euros pour la SCI Des Fins qui est en charge des travaux, et 6 000 euros à la mairie d'Annecy. « Le juge a, en effet, considéré que lesdits riverains, qui en étaient à leur quatrième procédure judiciaire, s'étaient rendus coupables d'une action abusive et les a sanctionnés à ce titre », détaille un communiqué publié sur le site de la future mosquée.

Un changement de stratégie qui paye

Le projet a démarré en 2005 avec le rachat d’un terrain vague appartenant au diocèse d’Annecy, en plein centre-ville avec le soutien des communautés chrétiennes et juives locales. Cependant déjà, une centaine de riverains s'étaient organisés pour contrer l’arrivée de l’édifice islamique. L’octroi d’un premier permis de construire en 2007 va être annulé suite à l’action des opposants du projet.

La procédure est à chaque fois la même. Nouvel Avenir dépose une demande de permis de construire, la mairie l’accorde puis des riverains font un recours et obtiennent finalement gain de cause. En 2013, Ahmed Karboua accède à la présidence de Nouvel Avenir et, avec son comité de direction, il change de stratégie. « Il y a eu un manque de communication avant 2013. C’est surtout la peur qui engendre des crispations », explique-t-il.

L’association met alors en place une réunion mensuelle avec les habitants du quartier, en présence de l’architecte de la mosquée. « Au bout d’un an, nous avons réussi à convaincre la majorité », témoigne le président. Le projet est redimensionné, passant d’un édifice de 27 mètres de hauteur pour 2 600 m2 à un bâtiment de 11 mètres de hauteur pour 1 600 m2. Afin de répondre aux craintes concernant les nombreuses voitures qui pourraient boucher le centre-ville les jours de prière, Nouvel Avenir a investi dans un terrain qui servira de parking. « Une acquisition qui nous coûte très cher : 300 000 euros », indique Ahmed Karboua. La mosquée d’Annecy pourra accueillir 400 personnes les vendredi. Le reste de la semaine, les riverains pourront utiliser le parking selon Nouredine Touati, trésorier de l’association.

Le chantier de la mosquée d'Annecy.
Le chantier de la mosquée d'Annecy.

« Nous avons le droit d'exister »

Malgré les efforts consentis, des riverains continuent toujours de militer contre la présence d'une mosquée, « illustration flagrante de leur opposition aveugle » au projet pour Me Hakim Chergui, qui a maintes fois défendu le dossier devant la justice, dernièrement le jour de l'Aïd al-Adha le 12 septembre. Cependant, ils ne sont plus qu’une dizaine aujourd’hui selon Ahmed Karboua. « Certains d’entre eux n’habitent même pas dans la ville mais à deux ou trois kilomètres. Ils se sont mis dans l’association pour contrecarrer la construction », précise-t-il. En juin, leur énième recours, portant encore sur la légalité du permis de construire et sur le manque de places de parking, a été débouté en juin dernier par le tribunal administratif de Grenoble. Quatre mois plus tard, ils enregistrent donc une nouvelle défaite.

Avec le temps, il a « bien compris que leurs revendications n’ont rien d’urbanistiques. Ils ne veulent tout simplement pas de musulmans. Nous sommes Français, de confession musulmane, nous aussi on a le droit d’avoir un lieu de culte convenable. Et d'exister. »

Le soutien du maire Jean-Luc Rigaut est, à ce titre, chaleureusement salué. L'homme « courageux », en fonction depuis 2007, a systématiquement accordé les permis de construire. Selon Nouvel Avenir, la mosquée pourrait être livrée en mai 2017 mais les musulmans d'Annecy ont encore besoin de 700 à 800 000 euros pour couvrir le coût de construction qui s'élève à 1,5 millions d'euros. L'association compte sur la générosité des fidèles de la région mais également sur le réseau de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris dont Nouvel Avenir est affilié.





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