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Psycho

Warda : « Mon mari me considère comme la femme de ménage de ses parents »

Rédigé par Lalla Chams En Nour | Mercredi 30 Mai 2018 à 08:30

           


Warda : « Mon mari me considère comme la femme de ménage de ses parents »
Je suis mariée depuis 4 ans avec mon mari et nous avons vécu 3 ans chez mes beaux-parents, faute d’appartement. Ma belle-mère est « malade », ce qui l’empêche de faire certaines tâches ménagères. Le problème, c’est qu’à mon arrivée elle ne faisait plus aucune tâche, hormis le diner. Le reste m’incombait : aspirateur, serpillère, vaisselle, salle de bains et WC, poussière... Bref, tout le reste sans exception.

Al hamdoulillah cette époque est révolue depuis notre déménagement. Malheureusement, mon mari me demande toujours d’aller faire le ménage chez ses parents. Parfois j’accepte afin d’éviter une dispute mais je n’en ai jamais envie, je ne le fais que de force.

Cette situation est pesante, j’en arrive même à refuser les invitations chez eux car je devrais débarrasser puis faire la vaisselle. Cela semble dérisoire, une simple vaisselle pour un repas ou un goûter mais le fait qu’on m’oblige à le faire me rend colérique. Au final, ce n’est jamais vraiment une invitation. Mon mari ne comprend pas ma réaction car, pour lui, laver 2-3 verres ce n’est pas grand chose.

Mon mari a toujours eu l’habitude de tout faire chez lui, c’est lui qui s’occupait du ménage, des courses. Sa mère ne faisait rien. Par conséquent, aujourd’hui, il pense me passer le relais. Je sais que sa mère est malade mais il lui est possible de faire la vaisselle par exemple. D’ailleurs, quand ses autres fils sont invités, elle ne leur demande jamais de la faire, uniquement à mon mari qui, bien évidemment, me demande de la faire.

Cette situation me déprime, j’ai l’impression de ne servir qu’à cela. Il y a quelques jours, mon mari m’a proposé de me faire un planning de ménage pour ses parents, afin que la maison soit propre régulièrement. Aujourd’hui, je fais le ménage de manière ponctuelle quand la maison est dans un état catastrophique. Même quand j’étais enceinte de 8 mois, il m’a demandé de faire le ménage car sa sœur qui vit à l’étranger venait leur rendre visite et il ne fallait pas l’accueillir avec une maison sale.

Comme précisé au-dessus, ma belle-mère est malade, elle a des TOC liés à la propreté et à l’hygiène. Par exemple, elle peut passer 30 minutes pour laver 2 assiettes. Mon mari pense l’aider en s’occupant des tâches ménagères. Le problème, c’est que cela ne l’aide en rien. Au contraire, son état ne s’améliore pas mais il ne veut rien entendre. Impossible de parler de sa mère ni de sa maladie : pour lui, je n’y connais rien.

Le moindre mot sur sa mère provoque des disputes sans fin. Je suis fatiguée de cette situation, je ne sais pas quoi faire ni à qui en parler. Je pense qu’en voulant se marier mon mari avait comme idée que sa future femme s’occupe de sa mère. D’ailleurs, il regrette d’avoir déménagé de chez eux car, selon lui, ses parents ont besoin d’une aide. Mais ils ont d’autres enfants, d’autres belles-filles mais il n’y a que nous qui sommes sollicités.

Parfois le divorce semble être la seule issue. Encore faut-il avoir le courage de le faire.

Merci pour votre aide.
Warda

Lalla Chams en Nour, psychanalyste

Chère Warda,

En vous lisant attentivement, je me dis que cette histoire de ménage cache bien des enjeux.

En premier lieu, votre relation avec votre mari. Avant d’accepter sa proposition, n’avez-vous pas discuté ensemble ? Ne vous êtes-vous pas rendu compte de la maladie de votre belle-mère et de la façon dont votre futur époux se positionnait vis-à-vis d’elle ? Curieux, non?

Vous n’ignorez pas combien les mères peuvent être possessives avec leur fils aîné, ou le dernier, ou tel ou tel, qu’elles considèrent comme leur « chose » ? Cela semble être le cas ici. Mais c’est étonnant que vous n’ayez pas observé le fonctionnement de la famille avant d’accepter la demande en mariage. On épouse un homme, et souvent sa famille avec, non?

En deuxième lieu, la relation de cette mère et de ce fils. Je le plains, il prend en charge un dysfonctionnement pathologique, il y a de quoi s’y épuiser. Peut-être faudrait-il d’abord accepter la maladie de sa mère et trouver une solution plus juste à votre égard ?
Non, vous n’êtes pas sa chose, ni sa femme de ménage, ni celle qui essaie de sauver sa mère à sa place.

Ou alors ce service vous vient du cœur, parce que vous en auriez discuté ensemble, et vous auriez pu l’accepter. Mais il vous l’impose en trouvant cela normal et pas discutable ! Comme si vous n’aviez aucune autonomie. Je trouve cela totalement abusif.

Et c’est une manière de vous faire prendre en grippe cette pauvre femme, qui aurait sans doute besoin qu’un professionnel la prenne en charge. Elle a besoin d’être accompagnée. Ses TOC indiquent un état d’anxiété à prendre en considération.

Comment se fait-il que vous ne puissiez pas expliquer à votre mari dans quelle position pénible cette obligation non consentie vous place ? En fait, votre mari ne respecte personne : ni sa mère, malgré les apparences, car il ne se préoccupe pas de la faire soigner (ce serait le rôle de son père, mais vous n’en parlez pas...) ; ni vous, à qui il impose une bonne action permanente sans respecter votre point de vue.

Cela en dit long sur le fossé qui se creuse entre vous. Il est urgent de trouver un pont pour vous rejoindre. Ou bien il est trop tard et, en effet, il ne reste que la rupture… Il y a donc si peu d’amour entre vous ? Réfléchissez-y sérieusement.

La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
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