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Sur le vif

Un émir du Golfe privatise l’étage d’un hôpital parisien

Rédigé par La Rédaction | Lundi 19 Mai 2014 à 15:39

           


Un riche émir du Golfe a privatisé entre le 8 et 14 mai un étage de l’hopital Ambroise Paré de Boulogne Billancourt (Hauts-de-Seine), en demandant plusieurs aménagements spécifiques. La pratique suscite la polémique et interroge sur la mission de l’hôpital publique, alors que le manque de lits est chronique.

Ce sont au total neuf chambres du 7e étage de l’hôpital qui ont été ainsi mobilisées par l'homme d'affaires, dont le nom n'a pas été communiqué, ainsi que les personnes qui l'accompagnaient (gardes du corps, famille). Révélée par Le Canard enchaîné, l’information a été confirmée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Le patient a demandé l’installation de douchettes dans les toilettes (retirées depuis), de chaises et d’un canapé, et s’était attaché les services d’un traiteur.

La direction de l’hôpital a accepté la privatisation des chambres en raison de « l’importante recette attendue », explique-t-on du côté l’AP-HP, qui précise que « la prestation a été majorée de 30 %, ce qui s’applique habituellement aux patients non résidents », conformément à la loi de financement de la Sécurité sociale.

L'AP-HP justifie la réservation de neuf chambres en raison de « contraintes de sécurité » et souligne que cela n’a « en aucun cas pénalisé les autres patients », l’activité étant réduite pendant les ponts du mois de mai. « Il n'a jamais eu d'infirmières ou d'aides-soignantes dédiées. Les règles du fonctionnement du service ont été respectées », a-t-elle encore précisé.

Jugée « choquante » par le syndicat Sud de l’AP-HP, la pratique est assumée par son directeur, Martin Hirsch, qui l’a justifiée dans un entretien au JDD. Selon lui, les soins aux riches patients étrangers pourraient ainsi rapporter 8 millions d'euros en 2014. « J'assume ce côté Robin des bois : à un moment où nous avons besoin de tous les moyens pour soigner les plus modestes (...), gagner de l'argent sur ces patients qui en ont les moyens, cela ne me choque pas », a expliqué Martin Hirsch. Y « renoncer serait contre-productif », insiste-t-il.

Le séjour VIP de l'émir, qui est une aubaine financière pour l’AP-HP, lui coûte une belle polémique à Ambroise Paré. Mais l'institution hospitalière, qui se veut toujours plus attractif pour les riches patients est prête à assumer.

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