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Monde

Somalie : Etat de guerre contre l’Union des Tribunaux Islamiques

| Mercredi 27 Décembre 2006 à 10:17

           

Après le bombardement, lundi des deux principaux aéroports de Somalie par l’aviation Ethiopienne, les violences ne cessent de se propager. Les forces gouvernementales somaliennes, soutenues par l’armée éthiopienne, étaient en route vers Mogadiscio, capitale de la Somalie, hier. Au même moment, les hommes du Conseil des Tribunaux Islamiques (CTI) opéraient une retraite qualifiée de stratégique.



Somalie : Etat de guerre contre l’Union des Tribunaux Islamiques
Lundi, des chasseurs de l'armée de l'air éthiopienne avaient bombardé deux aéroports, Mogadiscio et Baledogle, et aidé le gouvernement à prendre le contrôle de plusieurs villages. Ce raid aérien contre l'aéroport international de Mogadiscio devait « entraver et empêcher toute livraison d'arme et de matériel à destination des Tribunaux islamiques », a affirmé Bereket Simon, un conseiller du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi. « L'Ethiopie a bombardé l'aéroport aujourd'hui. Une personne a été tuée et une autre blessée », avait déclaré cheikh Abdurahim Adan Weheliye, le directeur général de l'aéroport.

Ces frappes aériennes ont été menées quelques heures après la prise, par les troupes régulières somaliennes et les soldats éthiopiens, de la ville frontalière de Belet Weyne, tôt lundi. Les forces somaliennes continuaient leur progression vers le sud à la poursuite des miliciens, a déclaré un officier somalien. Un couvre-feu s'étendant de 15h à 6h locales est appliqué par les soldats : « Quiconque a une arme mais ne porte pas d'uniforme militaire sera visé en tant que terroriste », a expliqué Aden Garase, un militaire de Belet Weyne.
Mardi, les forces gouvernementales et éthiopiennes progressaient sur trois fronts afin de reprendre le pouvoir en Somalie. Elles auraient notamment pris la direction de Jowhar, à 90km au nord de Mogadiscio, après avoir combattu des miliciens du Conseil des tribunaux Islamiques de Bandiradley, Adadow et Galinsor.

Meles Zenawi, premier ministre éthiopien, a expliqué que ses forces, entrées en nombre dans le pays samedi, étaient arrivées à mi-parcours. « Le reste ne devrait pas prendre longtemps » déclare-t-il, « dès que nous aurons accompli notre mission, nous partirons », a-t-il assuré, précisant qu'entre 3.000 et 4.000 soldats éthiopiens, « pas plus », se trouvaient en Somalie. Le gouvernement somalien bénéficie en effet, du soutien militaire de l'Ethiopie. Ce gouvernement de transition, reconnu par la communauté internationale, est retranché à Baïdoa, ville presque totalement encerclée par les forces de l'Union des Tribunaux Islamiques.

Cheikh Sharif Sheik Ahmed, l'un des chefs du Conseil du Tribunal Islamique, a annoncé dans la journée une retraite stratégique devant la puissance de feu éthiopienne. « La guerre est entrée dans une nouvelle phase », a-t-il dit depuis Mogadiscio. « Nous combattrons l'Ethiopie longtemps, très longtemps et nous espérons une extension du conflit ». Il a accusé les forces éthiopiennes d'avoir massacré 50 civils à Cadado, dans le centre du pays.

Le gouvernement somalien a annoncé la fermeture de ses frontières terrestres, aériennes et maritimes. « Le gouvernement a décidé de fermer les frontières et d'interdire les espaces aériens et maritimes », a fait savoir Abdirahman Dinari, porte-parole du gouvernement. « Nous demandons à la communauté internationale, et notamment aux pays voisins, de nous aider à mettre en oeuvre cette décision », a-t-il ajouté.

Concernant le bilan humain de ces affrontements, nul ne le connaît véritablement. Le Comité international de la Croix Rouge a fait état de 850 blessés dans les hôpitaux avec lesquels il travaille, mais ne disposait pas de bilan global des victimes.


Diplomatie

Sur le terrain diplomatique, le Conseil de sécurité des Nations unies devait se saisir du dossier mardi soir. François Lonseny Fall, représentant spécial du secrétaire générale de l'ONU en Somalie, devait l'informer des derniers développements. La situation en Somalie, marquée par l'entrée en guerre ouverte de l'Ethiopie, sera au centre de discussions entre les représentants de l'Union africaine, de la Ligue arabe et d'un groupe régional, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui doivent se rencontrer aujourd'hui.

Devant l'escalade, le fragile gouvernement de transition reconnu par la communauté internationale a promis l'amnistie aux islamistes s'ils déposaient les armes et cessaient de s'opposer à son autorité. « Nous appelons la milice des Tribunaux islamiques à se rendre au gouvernement avant d'être punie », a lancé Abdirahman Dinari, porte-parole de l'administration à Baidoa, dans le centre de cette Somalie largement contrôlée par les Tribunaux islamiques depuis juin et la chute de Mogadiscio.


Guerre civile

Depuis la fin de la dictature du général socialiste Siad Barre qui coïncide avec le début de la guerre civile en 1991, aucun gouvernement central n'a pu être mis en place en Somalie. L'on voit un pays submergé par des revendications claniques, en proie à de violents affrontements qui ont des conséquences catastrophiques pour la population. Un an après le début de cette guerre civile, l'on dénombrait plus de 50 000 morts suite aux combats et plus de 300 000 autres liés à la famine qui en découle. La communauté internationale a tenté d'intervenir militairement, mais en vain. Elle se retire définitivement du pays en 1995.

Le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT) a été crée en 2004 à partir du Kenya. Ce gouvernement en exil n'a jamais eu de véritable pouvoir dans son propre pays. En juin 2006, après des mois d'affrontements entre les chefs de guerre, soutenus par les Etats-Unis, et l'Union des tribunaux islamiques (UTI),Mogadicio tombe aux mains de l'UTI , qui nomme un dirigeant islamique à la tête d'une nouvelle assemblée législative. Le GFT, aujourd'hui installé à Baidoa, mais encerclé par l'Union des Tribunaux Islamiques, demeure très faible.




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