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Ramadan

Ramadan : le jeûne change-t-il notre état psychologique ?

Rédigé par Fatna Tahri et Huê Trinh Nguyên | Lundi 13 Juin 2016 à 11:00

           

Le jeûne du Ramadan influe sur les individus qui l’observent. Et chacun l’appréhende selon sa personnalité.



Ramadan : le jeûne change-t-il notre état psychologique ?
Le mois du Ramadan plonge les musulmans dans une période particulière sur le plan tant personnel que collectif et social. « Dépassement de soi, ne pas céder aux tentations, mettre de côté ses passions, oublier les consommations qu’on s’autorise hors de ce mois. C’est ça le ramadan ! », s’exclame Salim, 45 ans, chef d’entreprise, qui avoue consommer « un peu de champagne à certaines occasions ». « C’est un mois de changement en bien envers soi et envers les autres », poursuit-il.

Beaucoup d’entre ceux qui jeûnent pendant le Ramadan reconnaissent en tirer du bon, qui leur profite dans « l’amélioration de ma personnalité : je ressens un vrai bien-être », souligne Myriam, trentenaire, mère au foyer. « Je fais preuve de plus de patience. Je ne m’énerve pas contre mes enfants. Je ressens une réelle joie intérieure, que je n’arrive pourtant pas à définir. »

Ne pas parvenir à définir son ressenti est aussi le cas de Mimoun, 53 ans, électricien dans le BTP : « Même si c’est pénible, à cause du peu de sommeil, c’est avec une impatience que je ne peux m’expliquer que j’attends chaque année le mois du Ramadan. »

Philosophie

Pour Mohamed, agent administratif, la préparation au Ramadan se fait « de façon sereine. Même si les journées sont longues, elles passent vite. Je vaque à mes occupations normalement. Je m’aménage juste des temps de repos pour méditer. C’est vraiment un mois de quiétude et de spiritualité sans la moindre angoisse ».

Hassan, 59 ans, est tout aussi serein : dès la fin du Ramadan, il reformule sa « niya » (intention) et « espère être en parfaite santé pour pouvoir jeûner l’année suivante ». Quant à Mustapha, informaticien, « au travail, c’est le mois où je suis le plus productif ». Ce quinquagénaire, bien que « physiquement éprouvé », se sent apaisé et profite de ce mois « où la spiritualité est plus présente » pour évoquer avec ses enfants « la nécessité du jeûne et la philosophie qui l’accompagne ».

Endorphine

Mais la période de jeûne n’est pas rose pour tout le monde. Certains l’appréhendent et « souffrent ». Maux de têtes, nausées…, des symptômes ressentis par Hafida, enseignante, qui « trouve les premiers jours difficiles en fin de journée ». Karima, vendeuse en prêt-à-porter, craint vomissements et constipation : « Chaque année, j’y ai droit. Et pour moi la constipation, c’est une torture. Psychologiquement, ça me déstabilise. Je redoute le jeûne alors que je suis pratiquante. J’en arrive même à ressentir un mal-être. » Ahmed, 30 ans, agent de sécurité, se dit également « anxieux à l’idée de ne pas pouvoir fumer de la journée », alors que « ne pas manger ni boire ne me dérange pas », avoue cet « addict à la nicotine » comme il se définit lui-même.

« Plus j’y pense, plus j’ai faim, plus je souffre », lance franchement Lassana, 27 ans, organisateur d’événementiels : « Même les jours qui précèdent le Ramadan, je préfère ne pas y penser. » Une fois le mois de jeûne commencé, il essaie d’occuper son esprit au maximum pour qu’il ne vagabonde pas sur sa sensation de faim qui le tiraille. « Je lis, mais ce n’est pas toujours efficace car cela demande un effort de concentration. Alors, je regarde de longs films historiques », déclare ce féru d’Histoire.

Sportif, il a trouvé la parade : le matin, quelques exercices de renforcement musculaire « pour se rebooster » ; en toute fin d’après-midi, « une ou deux heures de foot avec les copains, et une bonne douche avant la rupture du jeûne ». Une façon de faire le plein chaque jour d’endorphine, l’« hormone du bonheur » sécrétée par le cerveau, et de pouvoir rester d’aplomb pour les nuits de veille pendant le Ramadan.

Sophia, 46 ans, assistante de gestion, voit aussi son « état d’esprit, les jours qui précèdent le Ramadan, plein d’appréhension. Mais, une fois dedans, c’est bon ». Pour elle, le changement s’opère dans la gestion du temps : « Les journées deviennent nuits. Je décroche du quotidien. De sorte que, lorsque le Ramadan se termine, j’ai l’impression de redécouvrir les choses. » « À la fin du Ramadan, on se rend compte qu’on a une meilleure résistance à la faim », estime Lassana. Alors, prêt-e-s à rempiler le jeûne chaque année ?

Première parution de cet article dans Salamnews, n° 58, juin-juillet-août 2016.





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Melen le 15/06/2016 10:15 | Alerter
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A moins d'etre un gros dormeur 7 heures de sommeil c'est dans la moyenne.
Je n'ai jamais fait le ramadan. Par contre j'ai déjà souvent sauté des repas sans que jamais ça ne me torture.
Il est certain que durant tout un mois ça n'a rien à voir. Ca doit etre un peu comme lors d'un régime. La durée est un challenge, une épreuve. Surtout si l'on attache de l'importance au rituel du repas.
Le remplacer par un autre est surement la meilleure des choses à faire. Partie jeux vidéos, bain moussant ou ménage pendant ce laps de temps par exemple.
Nombre de personnes n'ont pas les moyens de faire deux repas dans la journée. Et elles s'adaptent à leur condition. Que ce soit par choix ou par nécessité la privation est donc juste une chose à intégrer, assimiler. A partir de là on le vit comme étant une normalité. Ni plus ni moins.
Le corps s'habitue à tout. Ce n'est que l'esprit qui le commande. La sensation de faim diminue après quelques jours d'adaptation. Ca devient son univers. Les gens qui ont eu faim peuvent en témoigner.
Ne manger qu'un repas par jour n'est pas chose insurmontable. Sans doute meme ça devrait etre la normalité. Ca devrait etre amplement suffisant.


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