Le prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris ont récompensé, jeudi 8 décembre, un roman et un essai parus en France et portant sur les civilisations musulmanes. © GMP
Le prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris récompense le meilleur roman et le meilleur essai publiés en France et en français entre le 1er septembre 2021 et le 31 août 2022 sur les civilisations de l’islam et toutes ses expressions religieuses, historiques, culturelles et sociologiques. Et les lauréats de cette première édition sont… Xavier Le Clerc pour son roman paru en septembre 2022 chez Gallimard, Un homme sans titre, et Karima Berger pour son essai sur les femmes musulmanes paru en avril 2022 chez Albin Michel, Les gardiennes du secret.
Les noms des deux lauréats ont été annoncés jeudi 8 décembre par les membres d'un prestigieux jury à commencer par Emmanuelle Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française.
Avec elle, figure Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, Souleymane Bachir Diagne, philosophe et professeur à l’université Columbia de New York, Jean-Luc Barré, président des éditions Bouquins, Julie Couturier, bâtonnière de l’Ordre des avocats de Paris, Jean-Pierre Elkabbach, journaliste de télévision, Pierre Leroy, PDG d’Hachette Livre, Aïcha Mokdahi, présidente de la fondation Essilor Vision, Jean-Louis Mouttapa, directeur de la collection Spiritualités vivantes aux éditions Albin Michel, Amélie Petit, directrice des éditions Premier Parallèle, Philippe Robinet, directeur des éditions Calmann-Levy, et Benjamin Stora, historien.
Les noms des deux lauréats ont été annoncés jeudi 8 décembre par les membres d'un prestigieux jury à commencer par Emmanuelle Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française.
Avec elle, figure Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, Souleymane Bachir Diagne, philosophe et professeur à l’université Columbia de New York, Jean-Luc Barré, président des éditions Bouquins, Julie Couturier, bâtonnière de l’Ordre des avocats de Paris, Jean-Pierre Elkabbach, journaliste de télévision, Pierre Leroy, PDG d’Hachette Livre, Aïcha Mokdahi, présidente de la fondation Essilor Vision, Jean-Louis Mouttapa, directeur de la collection Spiritualités vivantes aux éditions Albin Michel, Amélie Petit, directrice des éditions Premier Parallèle, Philippe Robinet, directeur des éditions Calmann-Levy, et Benjamin Stora, historien.
Un prix comme « signe de l’ancrage, ici en France, d’un islam contemporain »
Dans « Les gardiennes du secret », l’autrice nous met sur les traces des grandes figures féminines de l’imaginaire musulman. « Les femmes sont les gardiennes du secret de ce que Dieu garde secret », selon Karima Berger, qui « donne à la moitié féminine du genre humain un privilège extravagant par rapport à l’autre moitié masculine, celle de la proximité exclusive du dessein de Dieu », souligne Jean-Robert Pitte. L'académicien n'a pas caché son enthousiasme en présentant l’ouvrage qu’il qualifie de « profond, enlevé, passionnant et légèrement dérangeant aussi ».
Lire aussi : « Les gardiennes du secret », sur les traces des grandes figures féminines de l’imaginaire musulman
Après avoir confié sa surprise et son ravissement de se voir confier un prix littéraire – et non religieux – par une mosquée, Karima Berger a souligné combien ce prix était important car « la civilisation de l’islam continue de se faire. Ici et là-bas, de se modeler au gré du monde, de ses mutations, de ses exils, de ses diversités, de ses attaches affectives, laïques, citoyennes et spirituelles. Ce prix est un signe de l’ancrage, ici en France, d’un islam contemporain qui, fort de son enracinement, n’éprouve nulle peur. Ferme et stable sur son socle spirituel, il ouvre ses bras au monde qui vient. Oui, l'islam s'écrit encore par nous tous (...), il fuit les dévastations funestes qui nous ont meurtri, nous ses fidèles et veut maintenant resplendir dans les miroirs qu'il tend à l'autre et se reconnaître dans les miroirs qui lui sont tendus ».
Lire aussi : « Les gardiennes du secret », sur les traces des grandes figures féminines de l’imaginaire musulman
Après avoir confié sa surprise et son ravissement de se voir confier un prix littéraire – et non religieux – par une mosquée, Karima Berger a souligné combien ce prix était important car « la civilisation de l’islam continue de se faire. Ici et là-bas, de se modeler au gré du monde, de ses mutations, de ses exils, de ses diversités, de ses attaches affectives, laïques, citoyennes et spirituelles. Ce prix est un signe de l’ancrage, ici en France, d’un islam contemporain qui, fort de son enracinement, n’éprouve nulle peur. Ferme et stable sur son socle spirituel, il ouvre ses bras au monde qui vient. Oui, l'islam s'écrit encore par nous tous (...), il fuit les dévastations funestes qui nous ont meurtri, nous ses fidèles et veut maintenant resplendir dans les miroirs qu'il tend à l'autre et se reconnaître dans les miroirs qui lui sont tendus ».
« Par le dialogue, on crée une société fraternelle »
Avec Un homme sans titre, la GMP met en lumière un auteur né en Algérie qui vit et travaille à Paris. Un homme riche de deux histoires familiales, celle de Hamid Aït-Taleb, le premier nom de Xavier Le Clerc sous lequel il a publié De grâce, son premier roman. C'est sous ce nom qu'il publie son troisième roman dans lequel il retrace la vie de son père, arrivé en France en 1962 pour travailler en usine. L’histoire de sa famille est une source d’inspiration très riche pour l’auteur dont le deuxième roman, Cent vingt francs, évoquait son arrière-grand-père kabyle, mort pour la France à Verdun en 1917.
« J’ai eu le sentiment que c’était le livre de l’année, a expliqué Hélène Carrère d’Encausse au nom du jury : C’est l’histoire d’une famille kabyle venue en France. Ce livre nous fait entrer de plein pied dans une famille qui vit dans des conditions très difficiles au jour le jour mais accepte son destin avec bonheur alors que rien ne lui est donné. (…) Ce livre est écrit dans une langue française parfaite. C’est un témoignage de ce qu’est une société musulmane, de ce que l’islam donne comme armature, comme morale et comme horizon à ses enfants. (…) Ce livre nous démontre que, par la volonté de communication et le dialogue, on crée une société fraternelle. »
Dans son intervention, Xavier Le Clerc – Hamid Aït-Taleb évoque la médaille créée par la GMP avec la complicité de la Monnaie de Paris pour récompenser les Bâtisseurs des mosquées, des « hommes sans titre », « des petites vies de gens qui ont contribué au bien-être de la communauté », et explique qu’il « fait le même job : donner des titres à ceux qui n’en ont pas. » « Ce titre est pour mon père. Son nom était Aït-Taleb, "le scribe", le "clerc". Je me permets par ce livre de n’être que le scribe de cet héritage immense à travers la dignité de ces hommes et femmes, qui s’est retrouvé dévoyé à travers des raccourcis et des préjugés. » Le romancier n’a pas manqué d’évoquer aussi sa mère « une guerrière (kahina) sans laquelle je ne serais pas ce que je suis car c’est elle qui bataillait pour nourrir, habiller et donner des principes à ses neuf enfants ».
Auparavant, le recteur Chems-Eddine Hafiz a évoqué dans son discours d’introduction son souhait de « mettre en avant le livre comme un objet merveilleux capable de transmettre une image différente de l’islam, plus diverse, plus riche et plus authentique ».
« J’ai eu le sentiment que c’était le livre de l’année, a expliqué Hélène Carrère d’Encausse au nom du jury : C’est l’histoire d’une famille kabyle venue en France. Ce livre nous fait entrer de plein pied dans une famille qui vit dans des conditions très difficiles au jour le jour mais accepte son destin avec bonheur alors que rien ne lui est donné. (…) Ce livre est écrit dans une langue française parfaite. C’est un témoignage de ce qu’est une société musulmane, de ce que l’islam donne comme armature, comme morale et comme horizon à ses enfants. (…) Ce livre nous démontre que, par la volonté de communication et le dialogue, on crée une société fraternelle. »
Dans son intervention, Xavier Le Clerc – Hamid Aït-Taleb évoque la médaille créée par la GMP avec la complicité de la Monnaie de Paris pour récompenser les Bâtisseurs des mosquées, des « hommes sans titre », « des petites vies de gens qui ont contribué au bien-être de la communauté », et explique qu’il « fait le même job : donner des titres à ceux qui n’en ont pas. » « Ce titre est pour mon père. Son nom était Aït-Taleb, "le scribe", le "clerc". Je me permets par ce livre de n’être que le scribe de cet héritage immense à travers la dignité de ces hommes et femmes, qui s’est retrouvé dévoyé à travers des raccourcis et des préjugés. » Le romancier n’a pas manqué d’évoquer aussi sa mère « une guerrière (kahina) sans laquelle je ne serais pas ce que je suis car c’est elle qui bataillait pour nourrir, habiller et donner des principes à ses neuf enfants ».
Auparavant, le recteur Chems-Eddine Hafiz a évoqué dans son discours d’introduction son souhait de « mettre en avant le livre comme un objet merveilleux capable de transmettre une image différente de l’islam, plus diverse, plus riche et plus authentique ».
« Le prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris a pour volonté de mieux faire connaître l’islam en France. L’islam est une religion du livre qui a une histoire fondamentale avec la lecture et l’écriture, initiée par la révélation coranique elle-même », a expliqué Chems-Eddine Hafiz, qui s’est appuyé sur le Coran pour rappeler que le Seigneur a demandé au Prophète Muhammad de lire et d’apprendre par la lecture et l’écriture.
« Par le qalam, la plume, que nous avons choisi de représenter sur l’affiche de notre prix, les Hommes ont été invités à transmettre la parole de Dieu et à se cultiver. Ainsi, l’islam prône une foi sincère et le savoir », souligne le recteur pour qui « ce prix nous invite à imaginer d’autres initiatives autour de la lecture et de l’écriture, afin de toucher en particulier notre jeune public musulman, source de nos espoirs et parfois de nos inquiétudes. »
Lire aussi :
Emmanuel Macron au centenaire de la Grande Mosquée de Paris pour célébrer « un havre de paix né d’une tempête de l’Histoire »
Centenaire de la Grande Mosquée de Paris : « Un puissant symbole qui incarne l’enracinement des musulmans en France »
Après son université d'été, la Grande Mosquée de Paris veut consolider son leadership sur l’islam de France
« Par le qalam, la plume, que nous avons choisi de représenter sur l’affiche de notre prix, les Hommes ont été invités à transmettre la parole de Dieu et à se cultiver. Ainsi, l’islam prône une foi sincère et le savoir », souligne le recteur pour qui « ce prix nous invite à imaginer d’autres initiatives autour de la lecture et de l’écriture, afin de toucher en particulier notre jeune public musulman, source de nos espoirs et parfois de nos inquiétudes. »
Lire aussi :
Emmanuel Macron au centenaire de la Grande Mosquée de Paris pour célébrer « un havre de paix né d’une tempête de l’Histoire »
Centenaire de la Grande Mosquée de Paris : « Un puissant symbole qui incarne l’enracinement des musulmans en France »
Après son université d'été, la Grande Mosquée de Paris veut consolider son leadership sur l’islam de France